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Proposez-nous vos créations graphiques empreintes de poésie	ARCHIVES : CRÉAPHONIE
Mai-juin 2022 Béatrice Marchal : Derrière attendait l'espace Avec des peintures de Christian Gardair (Éditions L'herbe qui tremble, 2022) (*) Géante de pierre au sommet de la façade, ce qui te fit imposante disparaît, renversé dans le noir. Peu à peu se dégage de toi une femme de chair qui se penche, humble et fragile vers le monde des arbres et des hommes, frémissant de vivre à leur rythme. Déjà s'est éteint le grand chêne qui ce matin souriait dans l'or rose de sa ramure en bourgeons offerte au soleil. Comme on tend sa main sous l'eau qui coule aux fontaines, les pins devant lui allongeaient leurs branches, rayons de vermeil sur l'écorce ruisselante. Déjà le chêne a retrouvé l'air ordinaire de qui garde secret le privilège d’être aimé d'un dieu. Les oiseaux se sont tus La cigale est tombée au bas de l'arbre l'automne approche, on se réchauffe au soleil comme à la voix d'un ami que l'âge a pétrie de bonté Les secrets restés derrière les portes qui ne furent jamais ouvertes recelaient-ils dans la maison d'enfance la science des passages ? Fallait-il avoir si peur ? craindre tant d'obstacles ? Tout advint différemment, ce qui obstruait la route permit de bâtir, ce qu'on prenait pour une entrave, de se libérer. Pourquoi revenir à ce labyrinthe primordial, à ses corridors déserts, en quête de quel trésor, de quelle forme simplement concentrée sur un élan prêt à s'éployer dont se retrouve, après tant de mues, le désir. J’ai vu la mer prendre feu, s'embraser d'une immense vibration rose, l'eau depuis l'horizon affluant vers le sable pour recouvrir le sol de ma maison ouverte, Derrière attendait l'espace, une terre, où mettre l'enfant à l'abri – et vivre ! (*) Photo ©Bertille Charoy, sur Wikimedia Commons Béatrice Marchal vit à Paris. Elle a publié Révolution des rêves (2016), Un jour enfin l'accès, suivi de Progression jusqu’au cœur (2018), Au pied de la cascade (2019), Richard Rognet ou « l'ailleurs qui veut vivre », suivi de Lutteur sans triomphe (2018). Voir sa page d’auteur aux éditions L’herbe qui tremble, de même, aux éditions Al Manar, ainsi que sa présentation sur le site de la revue Recours au poème. Christian Gardair est paysageur d'estuaire, paysageur de Paris.

Créaphonie : Béatrice Marchal 

Francopolis, mai-juin 2022

Recherche François Minod

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Créé le 1 mars 2002