Septembre-octobre 2022
Sur le fil rouge de la créativité :
Poèmes et peintures d’Éliane
Hurtado
(*)

Cosmos
|
En
haut des cimes
En haut des
cimes
Une étoile
scintillante
Vient
d’apparaitre
Au sommet du
sapin
Captive le
regard de l’enfant.
Ses yeux émerveillés
Reflet de l’âme
Restent fixes.
Dans sa bouche
entre-ouverte,
Aucun son
Sur son visage
Coulent des
larmes de lumière.
Un souffle de
zéphir
Caresse le sapin
Est-ce un signe
du bonheur.

Voile de brume
|
L’aurore
Le jour se lève
L’aurore sera
dorée
pleine de promesse.
Un fil rouge
reliant les continents
la traverse.
Ce n’est pas du
sang,
c’est une source d’espoir
pour que chacun
se donne la main
et fasse une chaîne
d’amour et d’espérance.

La porte du soleil
|
Le
bateau ivre
« On
n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans »
Le bateau ivre,
sans amarre,
Vogue librement
vers d’autres ports.
L’homme espère
toujours au meilleur
Écartant les
nuages
Et se mirant sur
l’autre face du miroir
Qu’il imagine
sublime.
Ses pas sont
silencieux
Sur cette étole
de soie duveteuse
Il contemple
l’univers.
L’homme croit
toujours en l’ailleurs
Il saupoudre son
chemin
De poussière
d’étoiles et de paysages cristallins
« On
n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. »

Touche d’azur
|
Le
peintre
Sous la caresse
du pinceau
Amoureusement
Le peintre festonne
la lumière
Qui change
l’univers.
Le ciel est
devenu rose
Les nuages se
parsèment d’or
Les montagnes
sont cristallines
Et les ruisseaux
Conversent avec
les fleurs.
Il cueille sur
la rose des vents
Le doux zéphir
Et le parsème
d’un souffle
Sur les franges
de l’infini.

Sensualité
|
Le
silence
Les dernières
vibrations de cloche
dans le silence de l’abbaye,
nous enveloppent de sagesse et de paix
à l’heure des vêpres.
Elles s’étirent
sur un rayon de lune
s’élèvent vers l’infini,
se perdent dans les nues.
L’espace en
conserve les ondes
les moines seuls les perçoivent
jusqu’à l’appel du prochain office.

Le fil
|
L’instant
À l’horizon du
silence,
C’est l’instant
sublimé
Du passage de la
nuit
Au soleil levant
Sur ce lac aux
eaux limpides
Où se reflète
l’orange du ciel
dans le bleu profond de l’onde.
C’est l’instant
où s’éteignent
Les dernières
étoiles
Laissant libre
l’espace
Aux symphonies
matinales.
C’est l’instant
qui rend
Visible
l’invisible
permettant de partir au-delà des mots
Par-delà les
ténèbres
Révélant les
secrets
De notre
destiné.

L’embellie carminée
|
Noir
sidéral
Les hommes
traînent à leurs pieds
Les chaînes de
l’éternité
Bien lourdes à
soulever
Dans ce noir
sidéral,
Une légère
mélopée pourtant
S’élève
doucement
Aux sources
troubles de la mémoire.
L’entendez-vous ?
C’est une larme
mélancolique
Faite de cristal
et de givre
Qui brille
Dans la nuit des
temps.

La citadelle de brume
|
Sélène
Lorsque descend
le crépuscule
Les étoiles une
à une s’allument,
C’est l’heure où
tout s’endort.
Séléné vient
alors
courtiser le poète
Et du bout de sa
plume
Comme un rêve
poudré
Naissent les
plus beaux vers.
Utopie sans
doute
Mais qu’il est
bon de rêver
En ces temps
anxiogènes,
Par l’esprit
s’évader
Puisqu’on est
prisonnier
Dans le déclin
d’un monde
Que nul n’a
désiré.

Ciel menaçant
|
Passeur
de lumière
On ne demande
pas l’impossible,
simplement un rayon de soleil
pour éloigner le marasme ambiant,
une étole de soie scintillante
pour recouvrir les interdits,
un reflet doré sur le cristal de tes
lèvres,
pour échanger le noir profond de l’infini
par les couleurs de l’intime,
le bleu providentiel
le rouge fulgurant
le vert de l’espérance
puis devenir par ces gestes
en ce fragment d’éternité passeurs de
lumière.

Passeur de lumière
|
Soleil
couchant
Le jour
doucement décline
Invitant les
hirondelles
En un ballet
incessant
Au-dessus de la
rivière
Scintillante au
soleil couchant.
L’arôme des herbes
folles
Se mêle aux cris
intimes
De l’humanité
universelle
Dans ce jardin
silencieux.

Les quatre éléments
|
Thonon
Une goutte de
mélancolie
teinte l’eau
de son clair éclat,
le ciel s’est drapé
de rouge et d’or
avant d’investir
les ténèbres de la nuit
pour complice.
Une myriade
d’étoiles
Couleur de miel
Va bientôt
parsemer les cieux.
En chacun de
nous
L’homme cherche
l’aube
Afin de revivre
les secrets
De son âme
indomptée
Suspendue au fil
De l’inachevé.

Le cercle des lumières
|
Voile
diaphane
Tombé du ciel,
C’est un long
voile diaphane
Qui recouvre la
terre
Et remplit
l’instant de silence.
La blancheur de
l’aube
Sublime la noire
mantille des ténèbres
En jouant avec
les cristaux de neige.
Miroitement
fugace
Moment éphémère
Aux vibrations
cristallines
Que rai de
soleil soudain
Balaie
amoureusement
Créant
d’indicibles couleurs.

La comète diaphane
|
(*)
Éliane Hurtado – peintre
et poète.
Artiste
confirmée, Eliane Hurtado est avant tout une adepte de la couleur et de la
musicalité des pigments, une enchanteresse. Elle s’orienta vers l’école des
Beaux-Arts et l’école des Arts Décoratifs d’où elle en sortit diplômée.
Prélude à une carrière de professeur d’arts plastiques et de restauratrice
plus tardivement, par amour de la transmission de notre patrimoine et
histoire de l’art. Aujourd’hui encore, très active, elle sauve bien des
œuvres parfois en péril extrême ! Toutefois Eliane Hurtado ne se
contenta pas de cette situation et alla régulièrement travailler dans
divers ateliers et aujourd’hui encore, pour le plaisir à la « Grande
Chaumière », haut lieu de l’histoire de l’art. Ainsi en parallèle à sa
vie professionnelle, Eliane Hurtado érige une œuvre personnelle qui évoluera
d’un classicisme maitrisé, vers un dessin libéré et un souffle d’expression
plus personnalisé. Eliane Hurtado a besoin de réfléchir ses œuvres, il lui
faut du temps pour situer son travail dans l’espace, pour élaborer la
composition, tisser son fil rouge, mais une fois le principe acquis,
l’exécution est très rapide, presque spontanée, ne laissant que peu de
place au repentir. Notre amie évolue dans une sorte de créativité
gestuelle. En fait elle vit au rythme de ses créations. La poésie est partout
présente dans ses œuvres Notre amie « intuitiste »
a le sens de la poésie et finalement elle se surprend à peindre ce que sans
doute elle aurait aimé écrire. Mais arrivé à ce stade les mots me semblent
bien fades, il est je pense préférable de prendre le temps d’admirer ses
œuvres.
« Lorsque
le noir d’encre
Révèle le
souffle du silence
La musique
du calame
Devient le
plus beau
Chant de
l’homme »
Michel
Bénard
Vice-président de la Société des poètes français
Chevalier dans
l’Ordre des Arts et des Lettres
Lauréat de
l’Académie Française
***

Le livre d’art signé par Eliane Hurtado (peintures), Michel Benard (poèmes):
Encre et pigments, Editions Les Poètes
Français, 2021 (160 p.): couverture ; pages intérieures.


(voir la récension de
Jeanne Champel-Garnier, dans la revue Traversée du 23
décembre 2021)
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