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yves
| Envoyé vendredi 09 juillet 2004 - 14h49: | |
Fortunato Ramos est un poète indien de Humahuaca, petit bourg des Andes au nord de l’argentine, où je l’ai rencontré. Il est tout à la fois instituteur itinérant, musicien, conteur traditionnel et paysan. . Chantre reconnu de la condition indienne, il a toujours refusé de renier sa condition de pauvre pour une gloire qu’il estime être la porte de la trahison. Il parle écrit et chante dans le langage des indiens, un espagnol très terrien et très simple. Il m’a donné l’autorisation verbale de traduire et de publier ses poèmes en français. ( Noemi Coronel, de Salta qui m’a aidé à en traduire ses « indianismes » m’avait averti que si jamais je lui demandais à lui, indien, une autorisation écrite, j’allais passer par la fenêtre ! ) Ne te moque pas Ne te moque pas de l’indien qui descend des montagnes laissant ses chèvres et ses douces brebis, ses terres à l’abandon. Ne te moque pas de l’indien si tu le vois muet un peu fruste et tout assommé de soleil. Ne te moque pas si à travers rues tu le vois trottant comme un lama une guanaco apeuré, un âne rétif poncho et chapeau sous le bras. Ne méprise pas l’indien si au plein du soleil tu le trouves tout emmitouflé dans sa laine et trempé de sueur. Pense, ami, que celui-là descend de là-haut où un vent de glace entaille les mains et fait éclater les cals des pieds. Ne ris pas de l’indien si tu le vois mâchant son maïs cuit ou cette viande dure qu’il a traîné jusqu’ici, sur cette place, par quelque sentier glacial ou le long d’un fleuve. Le voilà qui descend vendre ses cuirs, vendre sa laine pour acheter son sucre, ramener sa farine. Il aura même sur lui sa monnaie et son manger pour ne rien devoir te demander. Ne te paye pas de sa gueule d’indien qui vit sur sa frontière par là-bas, vers le col de Zenta, car si tu vas par ses montagnes il t’ouvrira les portes de sa cahute te versera son alcool de maïs et te passera son poncho. Près de ses gosses, tu mangeras ce qui lui reste et rien en échange. Ne te paye pas la gueule de cet indien qui cherche le silence et fait monter ses fèves entre les caillasses d’ardoises là-bas, sur ces hauteurs où rien ne pousse. Car c’est ainsi que survit l’indien sur sa propre terre sa terre mère, sa Pachamama. No te rias de un collo que bajo del cerro, Que dejo sus cabras, sus obejas tiernas, sus habales yertos; No te rias de un colla, si lo ves callado Si lo ves zopenco, si lo ves dormido. No te rias de un colla, si al cruzar la calle Lo ves correteando igual que una llama, igual que un guanaco, Asustao el runa como asno bien chucaro, Poncho con sombrero debajo del brazo. No sobres al colla, si un dia de sol, Lo ves abrigado con ropa de lana, transpirado entero, Ten presente amigo, que el vino del cerro, donde hay mucho frio, donde el viento helado, rejeteo sus manos et partio su callo. No te rias de un colla, si lo ves comiendo Su mote cocido, su carne de avio Alla en una plaza sobre una vereda o cerca del rio; Menos! Si lo ves coquiando por su Pachamama. El bajo del cerro a vender sus cueros, A vender su lana, a comprar azucar, a llevar su harina, Y es tan precavido, que trajo su plata, Y hasta su comida, y no te pide nada. No te rias de un colla que esta en la frontera Pa'lao de La Quica o alla en la alturas del abra del Zenta, Ten presente amigo, que el sera el primero en parar las patas cuando alguien se atreva a viola la Patria No te burles de un colla, que si vas pa'l cerro, Te abrira las puertas de su triste casa, Tomaras su chicha, te dara su poncho, junto a sus guaguas, comeras un tulpo y a cambio de nada. No te rias de un colla que busca el silencio Que en medio las lajas cultiva sus habas y alla en las alturas, endonde no hay nada Asi sobrevive con su Pachamama!
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Cécile
| Envoyé vendredi 09 juillet 2004 - 18h03: | |
Superbe Yves ! Je vais en Argentine au mois d'octobre... Mais je ne verrais pas d'indien car je vais au sud et dans le sud ils avaient pratiquement tous été exterminés... Mais j'ai vu des indiens au Pérou, ce sont des gens au grand coeur. Cécile |
   
yves
| Envoyé vendredi 09 juillet 2004 - 20h19: | |
C'est vrai, Cécile, la dernière Oona est morte il y a quelques années. Ceux qui maintenant paradent sur leurs alezans sont les arrières petits fils de ceux qui faisaient la * chasse aux indiens* Mais il ne faut pas oublier que si les indiens ont été massacrés, les mêmes ont fait de grands massacres d'ouviers blancs, les peones qui s'étaient révoltés contre le quasi esclavage auquel on les avaient réduits. (ils ne sont guère mieux lotis actuellement dans les aciendas) J'ai circulé à l'extrème Sud, dans le canal de Beagle où j'ai une une de mes plus belles frousses, et dans la région des grands lacs et de la Patagonie. Je mettrai sur le forum des poèmes paragons (de mon cru) Et voilà. YV |
   
Ali
| Envoyé vendredi 09 juillet 2004 - 23h26: | |
Très beau poème!!mmmmmh!! |
   
yves
| Envoyé samedi 10 juillet 2004 - 11h46: | |
Vous avez aimé ce poème de Fortunato Ramos. En voici un autre : ************** Jamais enfant ( Yo jamas fui niño ) Mon sourire est sec et ma face sérieuse, mon dos large, mes muscles durs, mes mains crevassées par un froid cruel. Je n’ai que huit ans mais je ne suis pas enfant. Derrière mes brebis, je marche par les monts je descends ma charge jusqu'à ma cabane où je souffle le feu, où je tue le temps en tressant des cordes. Jamais le temps d’être un enfant. Mes ans filent, toujours les mêmes. Maïs bouilli ou lait salé, voilà mes caramels. Mes joujoux sont le bouc ou le chien des brebis. J’ai si peu vécu et toujours pas enfant. Mon avion est un vieux corbeau mon camion un âne au pas lent. Mon copain c’est Zorro qui vient voler mes chèvres. Pour me consoler je me dis : « Enfant, tu pourrais l’être ! » J’ai la tête d’un vieux et le pas d’un pépé. Mes talons coupés par les pierres mon poncho déchiré par le vent, tout me crie : « Tu n’es pas enfant ! Tu n’es pas enfant » ! Pour moi, pas de Rois Mages, adieu, la « journée de l’enfance ». Jamais la veine d’être un gosse ! ******* Yo jamas fui niño * Mi sonrisa es seca y mi rostro es serio, Mis espaldas anchas, mis mùsculos duros Mis manos partidas por el crudo frio Solo ochos años tengo, pero nos soy niño. Detràs mis obejas ando por el cerro Y cargao mi leña bajo hasta mi puesto A soplar el fuego, a mismar mi soga Y no tengo tiempo para ser un niño. Los años caminan y todo es lo mismo. Moti, sal con lechi son mis caramelos Mi juguete une chivo o el perro ovejero Poco tiempo tengo, pero no soy niño Mi avion de juguete es un cuervo viejo, Mi camion un burro de trotar muy lento Mi amigo, es el zorro que roba mis cabras Y es todo mi consuelo de poder ser niño. Mi rostro es de viejo y mi andar de agüelo Mis callos partidos por piedras del cerro Mi poncho rotoso por el fuerte viento Todo eso me dice que no soy un niuño. Y no hay reyes magos No hay dia del niño Jamas tube suerte De poder ser niño ! (Fortunato Ramos.)
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Ali
| Envoyé samedi 10 juillet 2004 - 16h31: | |
Une très belle poèsie par ses mots de vie!!L'oralité est une source intarrissable de beauté poètique! C'est le vrai langage de la poèsie!C'est simple mais c'est profond! Il y a des poètes qui gonflent leur textes de mots de philosophie ou d'autres langages en croyant que c'est de la poèsie! Non messieurs! quand ça ne coule pas c'est plus de la poèsie! !! de gros cailloux de pente quoi!! |
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