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jml
| Envoyé dimanche 14 novembre 2004 - 02h43: | |
L'un des poètes les plus importants actuellement, Adonis, né en 1930, est libanais d'origine syrienne. Écrivain multiple, il ajoute au don créateur une réflexion théorique qui propose une rigoureuse relecture du legs poétique arabe. Il a traduit Georges Schéadé et Saint-John Perse. Il a participé à la création de la revue Shi'r, 1956, et fondé Mawakif, 1968. LA PLUME DU CORBEAU 1. Je viens sans fleurs et sans champs Je viens sans saisons Rien ne m'appartient dans le sable dans les vents dans la splendeur du matin qu'un sang jeune courant avec le ciel La terre sur mon front prophétique est vol d'oiseau sans fin Je viens sans saisons sans fleurs, sans champs Une source de poussière jaillit dans mon sang et je vis dans mes yeux je me nourris de mes yeux Je vis, menant mon existencd dans l'attente d'un navire qui enlacerait l'univers plongerait jusqu'aux tréfonds comme un rêve ou dans l'incertitude comme s'il partait pour ne jamais revenir 2. Dans le cancer du silence, dans l'encerclement j'écris mes poèmes sur l'argile avec la plume du corbeau Je le sais: pas de clarté sur mes paupières plus rien que la sagessse de la poussière Je m'assieds au café avec le jour avec le bois de la chaise et les mégots jetés Je m'assieds dans l'attente d'une rencontre oubliée 3. Je veux m'agenouiller Je veux prier le hibou aux ailes brisées les braises, les vents Je veux prier l'astre dérouté dans le ciel la mort, la peste Je veux brûler dans l'encens mes jours blancs et mes chants mes cahiers, l'encre et l'encrier Je veux prier n'importe quelle chose ignorante de la prière 4. Beyrouth n'est pas apparue sur mon chemin Beyrouth n'a pas fleuri - voyez mes champs Beyrouth n'a pas donné de fruits Et voici un printemps de sauterelles et de sable sur mes labours Je suis seul, sans fleurs et sans saisons seul avec les fruits Du coucher du soleil jusqu'à son lever je traverse Beyrouth sans la voir J'habite Beyrouth mais je ne la vois pas L'amour les fruits et moi nous partons en compagnie du jour Nous partons pour un autre horizon traduit de l'arabe par Anne Wade Minkowski Chants de Mihyar le Damascène Sindbad La Bibliothèque arabe 1983
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jml
| Envoyé dimanche 14 novembre 2004 - 02h58: | |
LA ROUTE La route est une femme qui a mis la main du voyageur dans celle de l'amant, a rempli la paume de l'amant de nostalgie et de coquillages, une femme, un rêve qu'une femme a transformé en barque étroite comme l'aile, revêtue de la rose des vents, oublieuse de son porte. 000 MIROIR DE LA LUGE NOIRE Tu as dit: Mon visage est navire, mon corps une île, et l'eau, organes désirants. Tu as dit: Ta poitrine est une vague, nuit qui déferle sous mes seins. Le soleil est ma prison ancienne, le soleil est ma nouvelle prison, la mort est fête et chant. M'as-tu entendu ? Je suis autre que cette nuit, autre que son lit souple et lumineux. Mon corps est ma couverture, tissu dont j'ai cousu les fils avec mon sang. Je me suis égaré et dans mon corps était mon errance... J'ai donné les vents aux feuilles, j'ai laissé derrière moi mes cils, de rage j'ai joué l'énigme avec la divinité et j'ai habité l'évangile de l'allaitement pour découvrir dans mes vêtements la pierre itinérante. M'as-tu reconnu ? Mon corps est ma couverture, la mort est mon chant et palais de mes cahiers, l'encre m'est tombe et antichambre, mappemonde clivée par la désolation en laquelle le ciel a vieilli, luge noire que traînent les pleurs et la souffrance. Me suivras-tu ? Mon corps est mon ciel, j'ai ouvert tout grand les couloirs de l'espace j'ai dessiné derrière moi mes cils, routes menant vers une idole antique. Me suivras-tu ? Mon corps est mon chemin. 000 traduits de l'arabe parAnne Wade Minkowski Chronique des Branches Orphée La Différence 1991 édition bilingue |
   
Cécile
| Envoyé dimanche 14 novembre 2004 - 10h42: | |
Excellent choix Jean-Marc ! A propos d'Adonis, voici un article intéressant : http://www.francoisxavier.net/culture/adonis.html |
   
mmgh
| Envoyé mardi 07 juin 2005 - 19h31: | |
ravie de trouver des poemes d'Adonis sur Francopolis ! merci ! |
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