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jml
| Envoyé jeudi 02 décembre 2004 - 05h25: | |
ROLAND DUBILLARD SOUS TERRE Sous terre ce qui fait du bruit C'est une fleur qui ne veut pas sortir Pour sortir il faut faire la queue Il y en a une qui ne veut pas Et c'est pour elle que je monte à cheval Avec ma distraction pour lance Car ça s'opère par un unique trou de souris. Si elle ne veut pas sortir moi j'entrerai Les dragons sont moins terribles que les yeux de mon cheval Bien qu'ils fassent plus de bruit pour couvrir le bruit que j'ai dit. Bientôt le monde apprendra Ce qu'un homme et une fleur ont à voir ensemble.
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jml
| Envoyé jeudi 02 décembre 2004 - 15h57: | |
LES PIEDS Est-ce avec ça, avec vos pieds, Que vous croyez vous en tirer ? Ces outils naturels et grossiers Les avez-vous seulement regardés ? Oui, de loin, et dans doute il est fort regrettable Qu’un bien mauvais esprit règne entre mes pieds. Il est rare, oh! très rare Que l’un des deux rende service à l’autre. Mais, ils sont frères, sacrebleu, Ils font la paire! Ils le savent bien qu’ils sont deux! S’ils sont deux, voyez-vous, c’est sans le faire exprès. C’est dans une intention qui ne concerne ni l’un ni l’autre. La marche, ils la subissent, sans y comprendre rien, La marche, notre marche, cher monsieur : la nôtre. Mais nos mains cependant, regardez-les s’aimer! Regardez-les compter l’une sur l’autre! Comme elles y trouvent leur bonheur! Dissemblables comme nos pieds, loin d’y trouver prétexte À se jeter l’une sur l’autre, de toutes leurs griffes Et de se lacérer comme des chiffonnières Regardez-les calmes, se reflétant l’une dans l’autre Toujours prêtes à prendre la forme qu’il faut Pour pouvoir s’embrasser, se caresser, se prendre et ne plus faire qu’un La gauche un peu femelle et la droite un peu mâle, de l’électricité passe par leur étroite prise brûlante. Ainsi je les joins, cher ami, et je leur laisse le plaisir de leur prières; Ainsi peut-être un jour le Seigneur nous tiendra par les mains. Nous le souhaitons tous. Mais, regardez vos pieds, Oui, je les vois et c’est avec humilité. Voyez-les, grimaçants, ces deux chiens de faïence. Femelle et l’autre mâle, ainsi nos mains nous montrent L’image de la Vierge Marie et l’exemple du mariage. Mais mes pieds sont hermaphrodites Ils n’ont pas le goût de s’entendre. Ils n’ont d’autre langage Que le croche-pied Ils n’ont qu’un Dieu, l’affreux mille-pattes. Ils ne marchent jamais côte à côte : La marche les prend, mais l’un après l’autre. Les sachant si chargés de haine Qu’à chaque instant craquerait la foudre entre eux deux Si nous ne les enfermions chacun dans sa prison mobile, Chacun dans son soulier D’où il ne peut sortir : Sorte de marteau tête basse Qui cogne le sol en aveugle Au pas cadencé qui l’enivre. Soulier, godillot, sabot, botte, escarpin Ah! Comme est différent le gant Qui prend nos mains pour les faire légères Et les emmène dans l’air avec des façons d’oiseau.
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Christiane
| Envoyé jeudi 02 décembre 2004 - 16h37: | |
Je suis un bloc de terre qui réclame sa fleur Christiane |
   
fourmi
| Envoyé jeudi 02 décembre 2004 - 17h32: | |
ah il m'amuse ce Roland Dubillard je vais sauter dessus à pieds joints merci à tous les deux. |
   
j-p
| Envoyé jeudi 02 décembre 2004 - 18h44: | |
"Je suis un bloc de terre qui réclame sa fleur " christiane et ça s'opère par un unique trou de souris...... l'image est osée Christiane |
   
fourmi
| Envoyé vendredi 03 décembre 2004 - 11h48: | |
jp tu es allé chercher une phrase de plus dans le cours du poème tu triches ... coquin de belge |
   
jml
| Envoyé vendredi 03 décembre 2004 - 19h24: | |
Roland Dubillard est surtout connu comme dramaturge et comédien. Il a marqué la scène française avec ses pièces Naïves Hirondelles et Où boivent les vaches, encore plus percutantes que celles de Tardieu. Il a aussi publié comme poète chez Gallimard deux recueiuls pas piqués des vers: Je dirai que je suis tombé et La Boite à outils. Il vient de publier chez Mille et une nuits des textes brefs qui sont presque des poèmes: Irma, la poire, le pneu et autres récits brefs. |
   
jml
| Envoyé vendredi 03 décembre 2004 - 19h29: | |
PYRAMIDE Qu'est-ce que c'est que ces quarante hommes de front ? Tout à l'heure, ils marchaient en colonne par un. Ça ne peut pas être les mêmes. Et quand ils se tinrent debout, Les pieds des uns sur l'épaule des autres, Qu'est-ce que c'est que cette pyramide ? Pyramides oû les pharaons en personne Participent, non pas à titre de morts, Mais en qualité de pierres taillées ! Oh non ! je n'aime pas les individus dévoués, Ni leur conséquence: une foule. Oui, beaucoup de soleil à vendre Et personne pour l'acheter. |
   
jml
| Envoyé vendredi 03 décembre 2004 - 19h36: | |
Ce chat me fait penser un peu au chat de Wislawa Szymborska mis en ligne par Aar il y a des siècles. LE CHAT Ce chat, qui n'avait rien gardé de ses gouttières, Allant sans but, à travers nos jours ordinaires, Tout à coup disparut, sans qu'on s'en aperçût. On ne s'en aperçut qu'alors qu'il n'était déjà plus Qu'un chat à l'imparfait. Lui-même avait-il senti qu'il disparaissait, Et reniflé ses traces derrière lui ? Ou bien ne se souciait-il que de réapparaître ailleurs ? Mais alors sans se souvenir d'avoir jamais été que ça: Cette disparition ? Disparition de rien, Par une nuit d'ennui, sans aventure, Sans regret et sans la moindre tentation de se rappeler, dans ses moustaches, À qui maintenant peut-être il allait se mettre à manquer...
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jml
| Envoyé vendredi 03 décembre 2004 - 21h56: | |
LA MAIN La main est un labyrinthe à cinq branches. Elle se perd, elle est vivante dans les cinq. Chaque doigt cherche pour lui seul à atteindre il ne sait quoi. Elle se perd dans ce labyrinthe qu’elle est elle-même pour elle Et, si les cinq doigts rencontrent l’autre main, Perdue aussi dans le labyrinthe d’être cinq, Si les cinq doigts s’atteignent et que paraît le dix, Rien ne sortira plus de ces deux mains nouées : Le nœud est un labyrinthe condamné. C’est pourquoi, tenez votre main en laisse. Elle peut rester cet agréable animal domestique Qu’on voit courir sur le clavier des pianos : Elle n’a pas d’oreille et pourtant par plaisir, semble-t-il, C’est elle qui va : « va chercher, mon chien ! » et vous rapporte la musique.
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passant
| Envoyé vendredi 03 décembre 2004 - 23h34: | |
Passionnant!!!!!!!!!!!! |
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