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Juliette
| Envoyé lundi 18 avril 2005 - 14h56: | |
Un peu d'or dans la boue I Je me disais aussi : vivre est autre chose que cet oubli du temps qui passe et des ravages de l'amour, et de l'usure - ce que nous faisons du matin à la nuit : fendre la mer, fendre le ciel, la terre, tout à tour oiseau, poisson, tauoe, enfin : jouant à brasser l'air, l'eau, les fruits, la poussière ; agissant comme, brûlant pour, marchant vers, récoltant quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés puisque tout retombe toujours, puisque tout recommence et rien n'est jamais pareil à ce qui fut, ni pire ni meilleur, qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose. II Le temps qu'on se lève vraiment, qu'on se dise oui de la pointe des pieds jusqu'au sommet du crâne, oui à ce jour neuf jeté dans la corbeille du temps, il pleut. Ô l'exacte photographie de l'âme, ces deux mots qui nous rentrent les yeux comme les ongles dans la chair : il pleut. Le sang de l'herbe est vert insupportablement et c'est en nous qu'il pleut, en nous qu'une digue rompue voit s'effondrer peu à peu, derrière la vitre et parmi les voilures, avec des pans de vieux regrets, d'attentes fatiguées, les raisons de partir et d'habiller le froid. III Encore, si le feu marchait mal, si la lampe filait un miel amer, pourrais-tu dire : j'ai froid, et voler le coeur du noyer chauve, celui du cheval de labour qui n'a plus où aller et qui va d'un bord à l'autre de la pluie comme toi dans la maison, ouvrant un livre, des portes, les repoussant : terre brûlée, ville ouverte où la faim s'étale et crie comme ces grappes de fruits rouges sur la table, vie étrange, inaccessible, présent à celui qui n sait plus désormais que piétiner dans le même sillon la noire et lourde argile des fatigues. Guy Goffette poème cueilli dans "La vie promise" précédée d'"Eloge pour une cusine de province" éditions poésie/gallimard pour lire sa biographie et sa bibliographie je vous conseille le site de Lire.fr (où vous trouverez aussi quelques entretiens) http://www.lire.fr/xp_recherche.asp# découvrez dans "L'âme de fond" "Dites que la nuit reste ouverte" ce beau poème (faisant partie du recueil "Don de simple vue" où en prélude, des passages de "la pleurante des rues de prague" de Sylvie Germain sont déposés) de Florence Noël inspirée par "Un peu d'or dans la boue" avec une création de Florence Dervily http://users.skynet.be/amedefond/don/nuit.htm" et ces deux articles autour de Guy Goffette sur le site "esprits nomades" http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/goffetteguy.html et sur le site de jean michel maulpoix http://www.maulpoix.net/goffette.html belle journée mon blog Les reflets de clochelune http://spaces.msn.com/members/clochelune/
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