Mémoires d'un sorbier poméran Log Out | Thèmes | Recherche
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66 zone franche - Le forum de Francopolis » Poésie du monde » Mémoires d'un sorbier poméran « précédent Suivant »

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aar
Envoyé samedi 07 mai 2005 - 10h46:   

Dans ce pays on faisait la guerre.

On faisait la guerre
parce qu’on avait toujours fait la guerre
de mémoire de villages.

Peu de nuages survivaient,
les images se nourrissaient de réalité.

On enfermait le bruit des morts
dans des coffres en mélèze
d’où sifflait la résine fraîche.

Parfois, d’un village lointain
on ramenait comme butin du week-end
une pépite d’air
un trophée indigène

Que l’on gardait précieusement
dans une sorte de reliquaire

là
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lafourmi
Envoyé dimanche 08 mai 2005 - 10h21:   

l'odeur de la guerre est toujours présente dans le vent.
ici cette photo me donne la fausse espérance qu'un jour on pourait l'enfermer

"On faisait la guerre
parce qu’on avait toujours fait la guerre "

on fait tant de choses parce qu'on les a toujours faites
les enfermer, les enterrer profondément , sortir nu, vide , tout recommencer.
serait une magnifique solution mais personne n'y pense ou n'en a le courage.
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aar
Envoyé dimanche 08 mai 2005 - 17h26:   

ouais,
c'est la photo d'une maison ayant survécue à une guerre civile
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aar
Envoyé dimanche 08 mai 2005 - 17h29:   

la tendresse avait été abolie en 1962
depuis on était heureux
l’âme enfin libérée de son pesant complice corporel

malgré tout, au fond de provinces reculées
la pratique de la tendresse survivait
avec ses rituels quasi primitifs

les coupables, une fois dénoncés,
étaient abattus sur le champ
et aussitôt débités en allumettes

Ainsi ils finissaient leur vie dans une boîte borgne
au fond d’une poche sans issue
tyrannisée par des Gauloises sans filtres
(plus rarement des DunHill Lights)

ou bien sur le bord escarpé et huileux
d’une cuisinière à gaz.


ici

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aar
Envoyé lundi 09 mai 2005 - 21h03:   

rien ne bougeait
la nuit attendait au fond du jardin
tous feux éteints
les arbres retenaient leurs feuilles
on aurait entendu un pas de loup

alors
alors la ville, une à une
alluma ses étamines électriques

ici
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aar
Envoyé lundi 09 mai 2005 - 21h08:   

photo complètement "fabriquée" pixel à pixel
la seul originalité es qus les couleurs des pixels vient 1) d'orchidées sauvages de la Cordillère 2) de crocus du jardin.
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Christiane
Envoyé mercredi 11 mai 2005 - 12h51:   

"les arbres retenaient leurs feuilles"

Merci pour cela


et pour cet amour conifère
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aar
Envoyé mercredi 11 mai 2005 - 13h08:   

content de t'entendre Christiane depuis longtemps il me semble,
entendre le bruit du bout de ta plume
qui ébouriffe le papier cybernétique...

aar
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Christiane
Envoyé jeudi 12 mai 2005 - 13h30:   

C'est gentil aar de faire signe.

Effectivement, je suis devenue une recluse
À me débattre avec un doctorat sur la vie des langues, la mort aussi. Mais là, ce sont les dernières lignes à écrire.

Puis, je m'ennuie de la poésie. je la guette du coin de l'oeil, des fois qu'une phrase, une étamine m'attendrait. C'est arrivé ici.

je vous salue poète
Christiane
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aar
Envoyé jeudi 12 mai 2005 - 22h04:   

alors Christiane, on fait un petit coup de spleen existenciel ? avec des doctorats et des chapeaux triangles noir sur la tête ?

(intéressant ces langues qui meurent et vivent... laquelle est-ce qui est ta langue copine ?)

et puis ne m'appelle pas poète, stp, ça me revêche les peu de poils que j'ai.

Bon je continue mes petites histoires de douce incohérence et de Poméranie. Bien à toi.
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aar
Envoyé jeudi 12 mai 2005 - 22h07:   

On astiqua la terre
comme on astique un vieux cuivre
puis
jetée dans le cosmos
elle se mit à tourner

ce qui fit monter la sève aux branches
et le lait aux seins.

Mais très vite les gens, eux, créatures sans racines
n’eurent plus les pieds sur terre
et se mirent à divaguer
dans les branches de la stratosphère
comme duvet d’oiseaux

Alors on construisit autour de la terre
un garde-fou
en plomb et alvéoles de cire
pour empêcher l’intrusion d'alouettes métaphysiques
dans la pensée rationnelle

terre

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Christiane
Envoyé jeudi 12 mai 2005 - 23h47:   

À la fois beau et effrayant.

trop tard l'intrusion a eu lieu

Saluts aar tout court

oui une thèse nous ramène au spleen existentiel et aux alouettes métaphysiques. Je tiendrai le coup

bonne nuit
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aar
Envoyé mardi 17 mai 2005 - 19h47:   

dans ce pays on avait le cœur ouvert
comme une auberge
et un larmoir d’eau pure
où le ciel venait se reposer quand il était fatigué
et les colibris

ici
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Christiane
Envoyé jeudi 19 mai 2005 - 02h15:   

Ici le ciel est fatigué depuis des jours et des jours. Et il est bien seul, puisque les colibris ne sont même pas encore là.
Et j'attends le vrai printemps
Celui de la paruline masquée.

Elle n'est pas là non plus. Les reposoirs sont vides

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aar
Envoyé mercredi 20 juillet 2005 - 18h14:   

En ce temps-là, l’aurore avait un toit,
les mots étaient de silex
naissaient les étincelles
les pierres courraient libres
ouvrières du soleil
le terre faisait lieu de mère
en entrant nous enlevions nos empreintes

ici
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Cécile
Envoyé lundi 25 juillet 2005 - 22h28:   

En ce temps là
les enfants naissaient des grottes
quelque part
au creux d'une montagne
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aar
Envoyé mardi 02 août 2005 - 16h25:   

Alors, l’air n’avait pas de barrière
on mesurait l’espace
au poids blanc de la neige
le temps se perdait dans la rainure des jours
la vie bougeait à peine
petit peuple des lumières
nous échangions nos fourrures contre le gel


ici
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Cécile
Envoyé mardi 02 août 2005 - 21h41:   

Superbe cette image ! surtout dans tout ce que l'on pourrait y voir dedans ! Elle m'inspire !
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Christiane
Envoyé dimanche 14 août 2005 - 03h17:   

Que c'est polaire, aar

Polaire comme la poésie
Polaire comme le vrai

Merci
Christiane
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aar
Envoyé dimanche 21 août 2005 - 17h42:   

La nuit arrivait en pelisse longue
chaque astre se distinguait à son bruit
les ombres marchaient sans hommes
convoitise des maraudeurs

nous gardions le feu au chaud des corps
pétrissions des boules de fumée
agitions des météores incandescents
au bout d’un bâton de cèdre

chaque étincelle volait un visage à l’obscurité.

ici
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Hélène
Envoyé dimanche 21 août 2005 - 18h07:   

les ombres marchaient sans hommes
...
chaque étincelle volait un visage à l’obscurité


j'ai eu envie de refaire un nouveau petit poème j'aime beaucoup ces deux phrases.

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aar
Envoyé dimanche 04 septembre 2005 - 18h09:   

Le soleil n’avait pas encore de nom
l’aube naissait du silex
les animaux parlaient la langue des hommes

le temps allait sans emploi
sans éternité
pieds aveugles, balluchon sur l’épaule

chaque jour qu’il égarait
nous le recueillions
et le gardions au plus profond de la pierre
gravé au sang de lézard


ici
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Christiane
Envoyé lundi 26 septembre 2005 - 02h18:   

Om dirait une belle tempête de myosotis
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Juliette
Envoyé mardi 11 octobre 2005 - 00h31:   

cette goutte sur la feuille, en transparence, elle devient fleur, image au vol, coeur ouvert
semons les herbes des mémoires, cueillons de bises gorgées de souffle... petites traces où danse la joie...
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anonyme
Envoyé lundi 14 novembre 2005 - 19h46:   

...petite goutte de joie où danse la mémoire de la myosotisserande...

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