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jean-pierre
| Envoyé dimanche 26 octobre 2003 - 23h52: | |
LA QUESTION SE POSE DE... Ce qui est grave est que nous savons qu’après l’ordre de ce monde il y en a un autre. Quel est-il? Nous ne le savons pas. Le nombre et l’ordre des suppositions possibles dans ce domaine est justement l’infini! Et qu’est-ce que l’infini? Au juste nous ne le savons pas! C’est un mot dont nous nous servons pour indiquer l’ouverture de notre conscience vers la possibilité démesurée, inlassable et démesurée. Et qu’est-ce au juste que la conscience? Au juste nous ne le savons pas. C’est le néant. Un néant dont nous nous servons pour indiquer quand nous ne savons pas quelque chose de quel côté nous ne le savons et nous disons alors conscience, du côté de la conscience, mais il y a cent mille autres côtés. Et alors? Il semble que la conscience soit en nous liée au désir sexuel et à la faim; mais elle pourrait très bien ne pas leur être liée. On dit, on peut dire, il y en a qui disent que la conscience est un appétit, l’appétit de vivre; et immédiatement à côté de l’appétit de vivre, c’est l’appétit de la nourriture qui vient immédiatement à l’esprit; comme s’il n’y avait pas des gens qui mangent sans aucune espèce d’appétit; et qui ont faim. Car cela aussi existe d’avoir faim sans appétit; et alors? Alors l’espace de la possibilité me fut un jour donné comme un grand pet que je ferai; mais ni l’espace, ni la possibilité, je ne savais au juste ce que c’était, et je n’éprouvais pas le besoin d’y penser, c’étaient des mots inventés pour définir des choses qui existaient ou n’existaient pas en face de l’urgence pressante d’un besoin: celui de supprimer l’idée, l’idée et son mythe, et de faire régner à la place la manifestation tonnante de cette explosive nécessité: dilater le corps de ma nuit interne, du néant interne de mon moi qui est nuit, néant, irréflexion, mais qui est une explosive affirmation qu’il y a quelque chose à quoi faire place: mon corps. Et vraiment le réduire à ce gaz puant, mon corps? Dire que j’ai un corps parce que j’ai un gaz puant qui se forme au dedans de moi? Je ne sais pas Mais je sais que l’espace, le temps, la dimension, le devenir, le futur, l’avenir, l’être, le non-être, le moi, le pas moi, ne sont rien pour moi; mais il y a une chose qui est quelque chose, une seule chose qui soit quelque chose, et que je sens à ce que ça veut SORTIR: la présence de ma douleur de corps, la présence menaçante, jamais lassante de mon corps; si fort qu’on me presse de questions et que je nie toutes les questions, il y a un point où je me vois contraint de dire non, NON alors à la négation; et ce point c’est quand on me presse, quand on me pressure et qu’on me trait jusqu’au départ en moi de la nourriture, de ma nourriture et de son lait, et qu’est-ce qui reste? Que je suis suffoqué; et je ne sais pas si c’est une action mais en me pressant ainsi de questions jusqu’à l’absence et au néant de la question on m’a pressé jusqu’à la suffocation en moi de l’idée de corps et d’être un corps, et c’est alors que j’ai senti l’obscène et que j’ai pété de déraison et d’excès et de la révolte de ma suffocation. C’est qu’on me pressait jusqu’à mon corps et jusqu’au corps et c’est alors que j’ai tout fait éclater parce qu’à mon corps on ne touche jamais.
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mary
| Envoyé lundi 27 octobre 2003 - 08h06: | |
" La question se pose de… " suite Monsieur Cogito lit son journal Sur la première page communiqué sur la mort de 120 soldats La guerre durait longtemps on peut s'habituer Juste à coté l'information sur un meurtre à sensation avec le portrait du meurtrier l'œil de Monsieur Cogito se glisse indifféremment sur l'hécatombe de soldats pour se plonger avec délice dans la description de la macabre quotidienne un trentenaire ouvrier agricole à la suite d'une dépression nerveuse a assassiné sa femme et ses deux petits enfants on livre méticuleusement le déroulement du meurtre la position des corps et autres détails 120 morts vainement on cherche sur la carte la distance est trop grande elle les couvre comme la jungle il ne parle plus à l'imagination ils sont trop nombreux le chiffre zéro à la fin les transforme en abstraction sujet à méditer : l'arithmétique de la compassion Zbigniew Herbert
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Aglaé
| Envoyé lundi 27 octobre 2003 - 11h06: | |
Il y a Il y a des instants où nous sommes soulevés hors de la réalité familière. Ce que nous éprouvons alors semble ne pas être de ce monde. Il s’agit de moments singuliers, empreints d’un merveilleux qui nous touche soudain. Tout ce que nous vivons est imprégné d’une qualité particulière. Une sorte d’enchantement nous rend à la fois étrangers et tout çà fait nous mêmes. Totalement protégés en quelque chose de familier. Impossible de dire ce que c’est, et d’ailleurs, si ce n’était pas indicible, ce ne serait plus « cela ».. Même s’il s’agit d’un sens inconnu, cet insaisissable, ce tout-autre est cependant réel, car une force qui lui est propre, en émane. Elle baigne d’une clarté et d’une chaleur singulière notre conscience de vivre. Pour un instant, dégagé des puissances quotidiennes, nous éprouvons une impression d’extraordinaire liberté.
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