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mary
| Envoyé dimanche 04 avril 2004 - 20h02: | |
La fin du monde Stan se réveilla dans sa chambre grise en essayant de se souvenir de quelque chose de très important qui lui était arrivé la veille et qu’il avait oublié depuis. Il regarda le plafond, les murs ; ces murs dont il ne se rappelait même plus la couleur. Les couleurs avaient disparu depuis si longtemps… Il savait qu’il fallait se lever maintenant, il avait tant de choses à faire. Mais il n’a plus envie de continuer sa vie. Pourtant la vie presse toujours, maintenant, par exemple il a une envie impérative de faire pipi. Après une brève réflexion il opte pour la solution la plus simple. Il prend sa bouilloire, son pot de chambre pour les mauvais jours et pisse dedans. Ouf ! A ce moment là, sa tête est vide, elle aussi. C’est trop dur : il a tellement de choses à délibérer, tellement de décision à prendre. Comme il ne se souvenait plus de rien, il prit la décision la plus sage : il se recoucha ; étant toujours sur son lit, la manœuvre n’était guère difficile. Il était temps d’allumer la radio, son éternelle vieille amie qui couchait toujours avec lui. Elle prenait la place du côté du mur. Partager avec elle son lit était extrêmement pratique, ainsi cela exigeait moins d’efforts pour atteindre le bouton. Pendant ces jours énigmatiques que Stan passait au lit il n’avait qu’à changer de position pour prendre contact avec ce monde. A la une était la conférence sur les droits de la femme. Elle se déroulait curieusement en Chine, Stan se sentit aussitôt apaisé et transporté dans cette lointaine contrée. Il aimait tant rêver, réfléchir, spéculer. C’était son TRAVAIL ! La mémoire lui revint subitement. II se leva brusquement et courut dans son pyjama négligemment fermé, laissant apparaître ainsi une partie de son anatomie. Il ouvrit avec audace la porte de sa chambre sans frapper. Ils vivaient de cette manière, l’un à côté de l’autre, depuis plus de vingt ans. Sans remarquer qu’elle n’était pas habillée, donc absolument pas disposée à le recevoir, il cria : - « C’est le 15 septembre ! Le jour prévu pour la fin du monde ! Et en plus c’est mon anniversaire ». Elle le dévisagea, outrée, et dit avec un regard glacial: - « Retourne dans ta chambre, idiot ! Comment oses-tu entrer ici ? » Stan rentra chez lui en marmonnant : - « Pourtant je voulais seulement la prévenir, juste lui rendre service ».
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