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yv
| Envoyé vendredi 05 novembre 2004 - 11h05: | |
Naissance à la ferme Félix avait sept ans quand on le confia à la voisine, enceinte jusqu’aux dents. Le service était réciproque. En l’absence du mari il servirait d’émissaire si la femme se sentait prête à accoucher. Il jouait tranquillement avec le chat quand soudain elle s’étendit, grelottant, sur la plaque encore tiède de la cheminée. - Pourquoi tu te couches là ? - C’est rien. J’ai des coliques. - Mais il y a du sang par terre ? - Ne te fais pas de soucis. C’est comme ça. Du soucis, Félix avait de quoi s’en faire quand il vit s’agiter quelque chose sous la robe de la femme, du soucis et de la peur. Plus peur encore quand il entendit un cri aigu. Il n’y avait pourtant personne l’instant d’avant dans cette cuisine. La femme lui demanda d’aller dans l’armoire chercher le fil à gigot et les ciseaux, puis elle retroussa sa robe. Un petit monstre horrible et sanguinolent s’agitait là en hurlant. Un long serpent bleu s’échappait de son ventre pour rejoindre sa mère entre les cuisses. Elle lui demanda de faire deux nœuds dans cette corde visqueuse et de couper entre les deux. Puis il fallut prendre une serviette propre dans l’armoire, envelopper le paquet gueulard et le poser sur le lit. Et Felix était terrorisé. Et Felix n’en pouvait plus. C’était donc cette horreur, une naissance ? Et personne dans la rue ? Si ! Le curé passait par là. - Venez vite monsieur le curé. Y’a la voisine qui… Il ne put poursuivre. L’homme entra et comprit aussitôt. Felix put enfin se réfugier dans la souillarde. Quand il osa reparaître, le brave homme avait fait ce qu’il pouvait pour remettre de l’ordre. - « Vois-tu, Félix, fit-il gravement, entre l’homme et la bête la seule différence c’est le baptême ». Et il s’attaqua à baptiser, joignant les mains et psalmodiant. A cette affaire non plus, Félix ne comprit rien. le curé parti donner l’alerte, il revint tout doucement vers le nouveau né. Il osa entrouvrir la serviette. Mais entre l’avant et l’après baptême il ne trouva guère de différence.
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Cécile
| Envoyé vendredi 05 novembre 2004 - 19h24: | |
Pauvre Félix ! Tu le martyrises Yves !!!! Ca me fait penser que dans le temps, les enfants étaient très peu informés des choses de la vie. ma mère enfant croyait dur comme fer que les enfants naissaient dans les choux... |
   
Moha
| Envoyé vendredi 05 novembre 2004 - 20h03: | |
"enceinte jusqu’aux dents"et "Et il s’attaqua à baptiser" deux droles"méchantes" images qui sûrement sont fort liées l'une à l'autre dans le fond enfoui du texte par de diverses relations marquant les aspects et les reflets de chacune des deux naissances;la vraie naissance et le baptème(deuxième naissance !)Mais Félix lui"entre l’avant et l’après baptême il ne trouva guère de différence".Une belle phrase pour dire une grande question.. |
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