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     Mary |
La chute Aujourd’hui Stan se réveille tout content. Il a entendu quelque chose hier, à travers la cloison, qui l’intrigue et le rend agité et de bonne humeur et ce malgré ses éternels problèmes. Il se prive même de la radio pour pouvoir mieux entendre et savourer ce qui va se passer de l’autre côté du mur. Sa femme (ou plutôt son ex - femme, si on considère qu’ils ne remplissant plus leur devoir conjugal depuis vingt ans) organise une réunion intitulée : STANHOME. C’est tout ce qu’il sait pour le moment mais le nom de l’ensemble l’interpelle. La conversation de l’autre côté du mur a duré plus longtemps. Il faut dire que Stan avait momentanément beaucoup de difficultés à se déplacer à cause de son récent accident. Comme d’habitude cela s’était passé tout bêtement, en allant s’acheter des légumes surgelés «spécial potage », il avait glissé sur le gravier et s’était cassé le coccyx. Cette chute s’avéra lourde de conséquences et très douloureuse, sans compter les difficultés de déplacement que cela engendrait. Dans un lieu public il est ennuyeux de dire qu’on a mal au cul. Mais bon, Stan a connu pire ! Son âge lui permet d’être légèrement excentrique. Quand, enfin, son oreille se trouva donc confortablement placée contre le mur tout était terminé ! Cependant, malgré ses souffrances atroces, la journée s’était révélée plutôt positive. Il avait de forts soupçons que la réunion devait avoir un rapport avec lui, après tout il s’appelait STAN et elle se passait dans sa MAISON. Cela était déjà bien flatteur, même s’il ne participait pas directement aux débats. De plus, à l’occasion de cette réunion STANHOME, il y aura certainement beaucoup de femmes qui viendront à la maison. C’était un grand événement. Cependant un problème subsistait : il ne connaissait absolument pas le sujet précis de cette rassemblée. Cela lui donna à réfléchir toute la soirée, mais bon, c’était quand même son occupation préférée. Il songea que, peut-être, elles allaient chercher le moyen de reconstituer leur couple. Après tout, il était temps, ils avaient tous les deux soixante ans et les conflits de jeunesse n’était plus de mise. L’idée lui plaisait. Il imaginait déjà comment ils allaient se soutenir dans les difficultés de la vie de tous les jours. Il était heureux qu’enfin sa femme ait compris que son acharnement dans la haine ne servait à rien et que cela serait beaucoup plus facile de vieillir ensemble. Prenons par exemple le cas d’aujourd’hui : il souffre et sa femme aurait pu lui faire une bonne soupe et, mieux encore, aller lui acheter les médicaments anti-douleur dont il avait tant besoin. Ils avaient vraiment besoin l’un de l’autre, c’était une évidence. Lui qui, avec l’âge, perdait la tête et oubliait sans arrêt quelque chose ; elle qui était handicapée par son impressionnante obésité. Stan aimait les grandes femmes bien en chair, elles avaient pour lui quelque chose de royal. C’étaient de véritables REINES. Une chose lui posait problème : il ne comprenait pas pourquoi, pour prendre une décision si évidente, il était nécessaire de réunir ces femmes, toutes des copines de la sienne. Cela le perturbait énormément car il avait perdu l’habitude de côtoyer la gent féminine. Mais qu’importe les moyens, seul le résultat compte. ! Enfin… l’heure tellement attendue est arrivée, la porte s’ouvre et se ferme sans cesse. Tout le monde est là ; il entend la voix de sa femme, noyée au milieu du brouhaha général. Avec une énorme souffrance, Stan se déplace et colle son oreille contre la cloison, le cœur battant d’excitation. Seul son coccyx l’empêche de savourer pleinement l’événement. En voulant améliorer sa position, il bouge son pied et glisse. Juste avant de tomber il entend sa femme annoncer : « Nous avons organisé cette réunion STANHOMME pour pouvoir parler librement des produits minceur …» Stan, affalé par terre et tordu de douleurs, n’entendit pas la suite. Son coccyx ne lui avait pas pardonné cette seconde chute. |