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Mars-Avril 2020

 

 

Note de lecture de Monique W. Labidoire :

Le souffle du ciel, de Sonia Elvireanu

 

(Éditions L’Harmattan, 2019, 19 €)

 

 

 

Le poème de Sonia Elvireanu est un appel ardent aux éléments du monde et en premier lieu à l’eau, comme eau fœtale du poème. Mais le feu, la terre et l’air tiennent avec force le territoire du poème et le « souffle du ciel » c’est peut-être bien ce zéphyr qui diffuse sa douceur contre une violence que sous-tend la lumière et l’obscur. L’intimité de la poète pénètre le corps du poème et révèle un état d’être que l’on peut attribuer à une mélancolie endémique si fréquente en poésie. Mais l’état des lieux de la société, sous-jacente et métaphorique, est là pour témoigner d’un engourdissement des sentiments, de l’incapacité de vivre plus chaleureusement, de s’écouter, de se reconnaître – et la poète d’écrire :

 

La neige frêle ruisselle

En silence du ciel sur la terre

 

Le ciel reconnaît la terre,

 

écrit-elle plus loin et dans un autre poème :

 

L’homme est le Ciel, la femme la Terre.

 

La poète recrée un univers à sa manière, associant terre et ciel dans un amour éternel dont elle serait elle-même issue et qui serait sa ligne d’horizon, son seul devenir. À cette récurrente question de l’Être, la poète cherche réponse dans la nature et les émotions qu’elle appelle, tutoyant les astres, les faisant dialoguer et ses mots roulent et résonnent dans le silence de la neige pour convoquer dans la blancheur de la page les mots du poème. Des mots qui peu à peu prennent couleur dans le recueil pour former cet arc-en-ciel tant désiré.

 

L’appel à l’autre, le désir de l’autrement, restent en ligne de force dans ce recueil mais ici et là on perçoit aussi une forte résistance contre ce qu’on pourrait qualifier — avec quelques réserves — de malheur pour ne pas dire de Mal. Même si, comme l’écrit Sonia Elvireanu, « la douleur est plus forte que la pierre », c’est bien la lumière qui étreint les mots du poème comme si nommer les fleurs, les arbres, la mer, le ciel, tout ce qui fait la beauté du monde allait aider à faire disparaître le mal obscur.

De l’Être, du devenir, des sentiments plus personnels, de la difficulté de communiquer en glissant un regard sur les héros de l’antiquité, sans oublier l’écriture du poème et la nostalgie de ce qui peut-être sera indéniablement perdu, la poète navigue, avec douleur certes, sur les flots de l’océan poétique pour approcher ce mot qui ne peut s’affaiblir : l’espérance.

 

                    Monique W. Labidoire

    

 

Monique W. Labidoire, Francosemailles
Mars-Avril 2020

recherche : Dana Shishmanian 

 

 

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Créé le 1 mars 2002

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