http://www.francopolis.net/images/fstitle.jpg

Articles sur les poètes francophones contemporains
&
Poètes du monde entier

ACCUEIL

ARCHIVES FRANCO-SEMAILLES

 


Novembre-Décembre 2020

 

 

Une vision réaliste sur la vie :

Bouton d’or de Jean Dornac

 

(Éditions Maïa, 2011).

 

Note de lecture de Sonia Elvireanu

(*)

 

 

On ne pourrait pas deviner ce qui se cache sous ce titre Bouton d’or, qui évoque d’emblée la beauté : le réalisme cruel d’une vision romanesque qui dénonce les misères de l’existence, les injustices sociales, l’intolérance d’une société entravée dans ses préjugés et le mal. Et la beauté suggérée par le titre ? Elle est là aussi dans l’amour authentique, rayonnant et tendre, au-dessus de tout, un amour qui libère de toute contrainte, rend heureux, métamorphose un déshérité en ange.

Voici un roman à forte empreinte sociale qui enlève le voile cachant le sordide de la société pour trouver les racines du mal et comprendre « les misérables » de Victor Hugo. Et Jean Dornac le fait d’une manière compatissante et troublante, évoquant avec un incontestable talent narratif les drames humains.

Écrit en 1996, primé en manuscrit, resté quinze ans dans le tiroir de l’auteur, revu en 2010 et publié en 2011, Bouton d’or n’a rien du postmodernisme de son époque, n’est en rien redevable aux tribulations romanesques depuis le nouveau roman jusqu’à nos jours. Il s’avère d’une descendance plus éloignée, de réalisme social teinté de romantisme. Le romancier se fait le partisan du récit classique, linéaire, évoquant un sujet qui renvoie à l’universel, touché par la souffrance humaine dans tous ses aspects. Cela explique le refus de tout artifice narratif et la vision réaliste pour nous dévoiler la cruauté de la vie et les injustices d’un système oppressant qui n’a pas changé dans ses rouages au XXIe siècle.

 Le romancier met au centre de son roman l’histoire d’un couple apparemment heureux qui explose brusquement lors d’une dispute et se brise, se dissout. À travers lui, l’auteur nous fait comprendre le mensonge caché derrière les apparences, les effets maléfiques de l’intérêt pécuniaire de la femme-harpie, incarnation du mal, dégradée par les vices. En opposition avec elle, c’est l’homme de caractère, de souche noble, amoureux d’une femme qui ne le mérite pas et dont il découvre le vrai visage par des périples malheureux et dangereux, des souffrances qui le rapprochent, contre son gré, des milieux louches qui ne réussissent pas à le pervertir.

Paul de Bellerive, un homme exemplaire, père de 5 filles qu’il aime de tout cœur, est trompé par sa perverse femme, Evelyne, la maîtresse d’un interlope dangereux. Celle-ci détruit sa famille et le bonheur de Paul, méprise son amour paternel, le sépare de ses filles par vengeance, en fabriquant de faux témoignages, le jette dans le désespoir. L’accusant à tort d’enlèvement de ses propres filles qu’il ne voulait que protéger contre l’interlope qui les tenaient séquestrées dans sa villa, son ex–femme l’entraîne dans un procès injuste qui le déshonore à jamais, le plonge dans la misère, le conduit en prison.

De chagrin en chagrin, repoussé par sa mère trop snobe, au bout des malheurs, il découvre et partage la vie des parias de la société, mais aussi l’amitié et le véritable amour. Il sera sauvé par l’amour d’une femme, provenant d’une famille bourgeoise aisée, mais plongée dans la prostitution, sous l’autorité d’un proxénète dangereux, chef d’un réseau à ramifications hors les frontières françaises.

Le romancier dénonce la pauvreté, la misère des marginalisés, l’injustice sociale, la perversion et la corruption infiltrées au plus haut de la hiérarchie sociale, même dans la justice et la police, les liens sordides entre les politiciens et les interlopes, source de financement de leurs campagnes électorales. Il plaide pour l’amour entre les gens, sans barrières sociales et sans préjugés, pour toute une humanité humiliée et trahie par le pouvoir de l’argent et la mauvaise politique d’un système social.

Jean Dornac est un romancier très doué. Il réussit à merveille à maîtriser la trame, à créer un récit palpitant au fil des vingt chapitres du roman, à évoquer l’atmosphère de plusieurs milieux, à retracer des portraits. Il excelle dans l’art du dialogue qui explore plusieurs couches de la langue, y compris, l’argot, qui collent à ses personnages, aux milieux évoqués.  Les scènes imprévues et dynamiques, si cruelles qu’elles puissent être, de même que les dialogues, semblent prises sur le vif. On pourrait bien en tirer un film palpitant.

Le destin des personnages est dramatique. Le mal, le cynisme, la vengeance, l’esclavage humain, l’injustice font des ravages partout, tuent l’innocence et la beauté de la vie. Cependant l’amour triomphe, en dépit des souffrances et des misères, prouve qu’il ne faut jamais perdre ce que l’homme a de plus précieux en lui.

Le réalisme cruel de la vision de l’auteur est adouci par l’érotique romantique, l’exotisme du paysage, de certains personnages, et la conviction de l’auteur que le véritable amour pourrait changer le monde.

Le récit s’avère le meilleur moyen d’avertir le lecteur contre le mal qui persiste au fil des siècles, de le dénoncer et s’en révolter. Cette veine humaniste, de révolte sociale, est particulière à l’œuvre de Jean Dornac, y compris la poésie.

 

©Sonia Elvireanu

 

(*)

Repris du blog d’Eric Allard, 24 oct. 2020)

 

Jean Dornac (n. 1950) – écrivain français: poète, nouvelliste, romancier, dramaturge; journaliste radio, webmester du site littéraire Couleurs  poésie 2, consacré à la littérature contemporaine. Il est membre de la Société des Poètes Français et de la Société des auteurs et des compositeurs dramatiques.

En 1997 il reçut le premier prix pour son roman en manuscrit.  En 1998, sa première pièce de théâtre Trois poules et un idiot jouit d’un grand succès. En 2001, il créa le site politique et culturel Altermonde sans frontières ou il publia plus de 400 articles politiques. Puis encore deux sites : Humeurs de Jean Dornac, consacré à la poésie et aux informations sur la situation en France et au monde, et Couleurs de poésie 2, consacré à l’actualité littéraire, dans le but de réunir le plus de poètes internationaux.

Un destin cruel, des problèmes de santé et la passion du journalisme l’ont empêché de publier ses manuscrits, si bien que ses écrits attendent de voir le jour. De son œuvre publiée : Bouton d’or (2011), roman ; Imaginaire, encore (2015), nouvelles ; Grains de vie (2017), Au Carrefour de tristesses (2020), recueils de poèmes.

Sa devise : « Je suis persuadé que seule la beauté évitera à ce monde de plonger totalement dans la folie. » (Jean Dornac).

 

 

 

 

Sonia Elvireanu, Francosemailles
Novembre-décembre 2020

recherche : Dana Shishmanian 

 

 

Accueil  ~ Comité Poésie ~ Sites Partenaires  ~  La charte  ~  Contacts

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer