Vagabondages
L’ivrogne à la lune,
Tête et yeux remplis d’étoiles
Titube sous leur poids
D’une misère si digne,
Semblant penser à autre chose,
La femme tend la main
Posée devant l’homme,
La sébile recompte ses sous ;
Pas de quoi danser !
Sous la lanterne rouge,
Une fleur rouge dans ses cheveux
Elle fait les cent pas
Il n’a plus de bosse
Au tréfonds de ses rêves bleus
Le pauvre bossu !
Aveuglé de pluie,
Est-ce le visage du Destin
Qui court sous l’orage ?
Métro-métrique
Station Serge Gainsbourg ;
Le poinçonneur des Lilas,
Il y est toujours...
Applaudissements !
À l’angle d’un couloir, soudain,
Le violon s’est tu
Sur le quai désert,
La photo du romancier
Sourit bêtement...
À pas si mesurés,
Souris longeant le rail
D’un bond disparue...
Métro engouffré ;
Grondement sourd du tunnel,
Portable en rade...
Qui est l’assassin ?
Ah ! Il faut fermer le livre ;
On est arrivé...
Hosto-Haïkus
D’une chambre tout en blanc,
La fenêtre entrebâillée ;
Juste le chant d’un merle
Néon en vibrant,
Au lit vient de s’allumer ;
Dehors la nuit tombe
Couloirs silencieux ;
Seule l’angoisse rend ses visites
Une chambre après l’autre
L’infirmière l’a vu :
Dans les yeux clairs du malade,
Le désir de vivre...
La tête inclinée
Du garde-malade sur sa chaise,
Toute pleine de rêves bleus
De la chambre voisine,
L’appel bref trouant la nuit ;
Drame ou mauvais rêve ?
Le cœur serré,
Poussant la porte de sa chambre,
Ah ! Elle nous sourit...
Radio en chansons
Ce matin dans le couloir ;
Quel beau dimanche !
Au loin la montagne...
D’un morne fenestron du mur,
L’esprit qui s’envole !
De toute mon enfance,
La regardant respirer,
Tant de souvenirs...
Télé endormie ;
Sur l’écran impénétrable,
Repasse toute sa vie
D’une attente sans but
Mains posées sur le drap blanc
Le Temps goutte à goutte...
©Claude Ferradou
Mai 2021
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