Articles sur les poètes francophones contemporains
&
Poètes du monde entier

ACCUEIL

ARCHIVES FRANCO-SEMAILLES

 


Printemps 2025

 

Richard Taillefer :

« Seul dans mon hiver ».

Poèmes inédits

 

(*)

 

 Une image contenant transport, Caractère coloré, art, motif

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

©Jacques Grieu, Coucher de soleil (peinture)

 

 

Dans la froide pénombre

Dans la froide pénombre de la nuit, alors que l’horloge pointait les trois heures, je me levais, le corps lourd de fatigue.

 

La gare de Corbeil, avec ses rails scintillants sous les premières lueurs du jour, théâtre d’un ballet silencieux.

 

Les premiers trains de banlieue pour Paris.

 

Sur les quais, les voyageurs émergeaient lentement du sommeil, leurs yeux encore voilés des rêves ou des cauchemars de la nuit.

 

Parmi eux, une dame au grand manteau, capuche sur la tête, un sourire chaleureux illuminant son visage.

 

Elle était comme une amie retrouvée, un rayon de lumière dans la grisaille de l’aube. Parfois nos regards se croisaient, et un simple geste échangé tissait un fil invisible entre nous.

 

Il y avait bien ce bonhomme, toujours en bout de quai, son index fixé sur sa montre. Avec cette grimace rituelle "encore en retard ! "

 

Salle des pas perdus, le local des conducteurs, le parfum du café fraîchement moulu.

 

Les murmures sourds de mes collègues résonnaient comme une rengaine.,

 

Un étrange mélange de confidences.

 

Réfugié derrière sa loge vitrée, le chef de feuille, avec ses mimiques d'effets miroir. Inamovible régulateur des retards et des trains supprimés. 

 

Une cigarette de papier maïs au bec.

 

Polo, le joueur des courses hippiques, dans ses calculs savants. Métronome des paris perdus.

 

Chaque parcours racontait une histoire, chaque sourire une promesse. Parfois un voyage sans retour.

 

 

Dans le silence

Dans le silence

ces heures qui s'effritent,

comme du vieux papier,

 

Murmure du vent,

Ces voix oubliées

 

Un matin au pied du vieux cerisier

 

Les rires de mes amis

Un écho fulgurant

qui ne fait que passer

 

et les filles en fleurs

plage du prophète à Marseille

 

 

Visage plein de soleil

Solitude amère

Chaque pas sur ce chemin,

trace un vide

 

J'attends

au gré des saisons

le retour du printemps

 

Je ne sais plus

remettre ce masque

que je n'avais jamais retiré

 

Seul

Je ferme les yeux

 

 

Étranger à moi-même

Comme un être perdu

Je vais là où le vent me porte

 

Mes yeux grands ouverts

s'abandonnent à la couleur bleue du ciel

 

Les pins parasols couvrent de leurs ombres

Les dernières fleurs de genets sauvages

 

J'aime entendre

siffler la grive musicienne

avant son long voyage vers des rives lointaines

 

Plus tard elles reviendront, bien plus tard

comme des nuées effarouchées

se jeter sur les buissons de genièvres

 

Seul dans mon hiver

j'attiserai les braises

 

Dans mon bol de terre

ce café noir des matins amers

 

©Richard Taillefer

 

(*)

 

C’est une joie d’accueillir à nouveau le poète Richard Taillefer, qui a été notre invité au Salon de lecture en septembre 2012, avec des poèmes inédits en version bilingue (traduits en anglais par John Batey) accompagnés de peintures de Marc Cheneye, et à la rubrique Créaphonie en nov.-déc. 2020, avec des poèmes inédits accompagnés de peintures de Marc Cheneye, Patrick Lipski, Christophe Gal.

C’est un plaisir d’autre part de rappeler à nos lecteurs le « Portrait littéraire » qu’a brossé de lui la poétesse Patricia Laranco (au même numéro de septembre 2012).

Pour le rencontrer sur la toile : le site Poetica (présentation et poèmes), le site de la Médiathèque départementale Seine-et-Marne (notice biobibliographique), la revue Recours au poème, le blog Gros textes (chronique à son recueil Les invisibles, 2024), le site everybodywiki.com (fiche biobibliographique à jour). Et sa page Facebook !

D.S.

 

 

Richard Taillefer

Francosemailles, Printemps 2025

Recherche Dana Shishmanian

 

 

Accueil  ~  Comité Francopolis ~ Sites Partenaires  ~  La charte  ~  Contacts

Créé le 1er mars 2002