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Aglaé - Michel Duprez - Michel Ostertag...  et plus



Trilogue de Michel Ostertag

Journal et lunettes


PAUL. Moi, ce qui m’énerve depuis l’invention d’Internet, ce sont ces gens qui ne lisent plus aucun journal, aucun quotidien sous la forme habituelle

GEORGES. Sous la forme papier, c’est cela ?

PAUL. Voilà, vous leur parlez d’un article que vous venez de lire le matin même, ils vous répondent, « oui, je l’ai lu ce matin sur l’écran… »

GEORGES. Oui, sur leur PC, moi aussi ça m’arrive quelquefois de faire cela… Mais mon problème, c’est les yeux. Pour lire mon quotidien habituel je mets mes lunettes sur le nez, mais devant l’écran, je n’y arrive pas !

MARCEL. C’est comme ça qu’ils nous tiennent ! Mettez-vous en mode « gros caractères »…

GEORGES. Oui, j’ai essayé, mais c’est affreux, il faut sans cesse déplacer le curseur pour lire une ligne, on attrape le mal de mer à aller de droite à gauche sans arrêt…

PAUL. De plus, je ne sais pas comment ils peuvent y arriver, ces quotidiens comme Libération ou Le Figaro, vous me direz, c’est leur problème, pas le mien ! Le Parisien, pas folle la guêpe, lui, il faut payer pour avoir le droit de le lire, ne serait-ce qu’un article, ça au moins, je comprends…

GEORGES. Ou Médiapart, c’est un journal sous la même forme habituelle mais qui ne paraît que sur le Net, avec un abonnement, bien sûr.

PAUL. Au-moins là, on comprend !

GEORGES. Moi, je ne suis pas contre, mais comme je n’arrive pas à lire plus de cinq ou six lignes sur l’écran, qu’est-ce que je fais ? J’imprime. Et en couleur ! Vous voyez l’économie ! Donc, moralité, je continue à descendre mes étages et à aller acheter mon quotidien chez mon marchand habituel.

MARCEL. Oui, parce que les cartouches d’encre d’imprimante, ce n’est pas donné, à croire que l’imprimante, un peu plus, on vous la donnerait gratuitement pour que vous achetiez les cartouches…

GEORGES. Au début, les imprimantes, elles avaient deux cartouches, une pour le noir et une autre pour la couleur, mais avec la photo, chacun veut tirer lui-même ses photos, alors les imprimantes sont devenues de plus en plus performantes…

MARCEL. Et vas-y la multiplication du nombre des cartouches, jusqu’à six.

GEORGES. Il y a même des modèles qui présentent deux cartouches de noir, une pour le courant et une autre pour la photo.

MARCEL. La collection complète doit flirter avec les 100 euros ! Moi, depuis un an ou deux, pour toutes ces raisons, je suis retourné chez le photographe de mon quartier qui a su s’adapter, il a une machine avec un écran, avec le doigt on pointe les photos qu’on veut voir tirer et hop, la machine vous les tire et en une heure, c’est terminé, on ressort avec son paquet de photos à la main…

GEORGES. Et d’après ce qu’ils disent, la durée de vie serait incomparable, bien plus longue que les tirages d’après imprimante, alors pourquoi se gêner !

MARCEL. Oui, que demande le peuple !

PAUL. Il paraît qu’on peut faire tout cela sur Internet, on envoi ses photos par mail et on reçoit les photos par La Poste, sans sortir de chez soi !

MARCEL. C’est à pleurer ! Luttons, en allant chercher notre quotidien chez le libraire du coin, encore vivant

PAUL. Oui, c’est vrai, le libraire est un survivant, vrai ! Achetons-lui le livre que nous voulions acheter sur www.machin.com, ça économisera un peu d’essence et de pollution du camion qui ne roulera pas pour nous.

GEORGES. Une autre solution, le e-book…

MARCEL. Oui, la boîte à livres !

GEORGES et PAUL, en chœur : Oui, mais avec les lunettes grossissantes fournies avec !

MARCEL. Non, pas la peine, il suffira de déplacer le curseur et d’augmenter la taille du caractère…

GEORGES. Oui, mais on revient au problème du départ… Non, ce que j’attends, c’est ce truc-là, mais sonore. Je m’explique, quand je suis fatigué de lire, j’aimerais avec mon doigt toucher l’écran et aussitôt qu’une voix me lise le texte que je trouvais pénible à déchiffrer ! Pas beau ça, avouez !

MARCEL. Sorti tout droit de la Science-fiction, mon ami !

GEORGES. Ah, si on ne peut plus rêver, alors ! Bon, je retourne à mon journal !


***


Journal et lunettes par Michel Ostertag
pour francopolis mai 2010


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Créé le 1 mars 2002

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