TERRA INCOGNITA

 

 

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Archives : Terra incognita

 

Nouvelle rubrique depuis 2019 : découverte…

 

Septembre-octobre 2022

 

 Elisa Ka : La porte du dedans

 

Poèmes extraits du recueil éponyme

Plus deux poèmes inédits

 

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(*)

 

 

La porte du dedans

J’ai rêvé d’une porte

Qui ne s'ouvrirait que

De l'intérieur

Une porte du dedans

Sans clé ni serrure

Qui nous protégerait

Des leurres et des fêlures

J'ai rêvé d'une porte

Sans embrasure

Ni saignée

Dans les murs

Juste un droit-d'entrée

À l'évasure de notre amour

Où je ne perdrais plus

Mon centre

Car il serait partout

 

 

Viens avec moi

Viens avec moi

Je te dirai les yeux de cet enfant

à l'ambre du levant

et n'attendant que les bras d'une mère

pour le soustraire à l'assoiffé des pierres

Viens avec moi

Je te dirai le cri térébrant des loups

dans la forêt de ces mémoires infidèles

qui nous renvoient toujours l'écho truqué

des grandes peurs ancestrales

Viens avec moi

Dépose ton âme près de la mienne

sur le vélin de notre toile inachevée

Tu me dessineras le miracle du vent

Je te dirai le poème de la mer

 

 

Le pacte

Je conclurai un pacte avec le Temps

Il me laissera effacer tout l’obscur

de cette mémoire déflorée

à expurger

Je conclurai un pacte avec l’Enfance

Pour permettre au rêve de revenir

au jour d’avant

Et pouvoir me dire,

– je suis née demain –

 

 

Sous les étoiles

De cette moisson d’étoiles

En germe sous tes paupières d’enfance

Il ne subsiste plus que ce regard flétri

Par le froid sans répit d’un exil intérieur

Et le flou givré des grandes solitudes

Son si beau rêve d’un monde nouveau

À se réinventer toujours sous le ciel

N’est plus qu’un vase creux

Où s’est engouffré ce sanglot

Trop à l’étroit dans sa gorge

 

 

Je n’habite nulle part

je n'habite nulle part

ailleurs que dans tes yeux

je te parle encore entre deux silences

mais je ne suis que cet instant

sans visage et sans nom

je ne me vois plus

et seuls tes yeux me font paysage

 

 

La mue

Elle naît en moi

de petits riens

qui ont peur

d'entrer dans le temps

Elle naît en moi

entre le visible et l'invisible

dans la hantise à chaque mot

de changer d'âge ou d'apparence

Elle naît en moi

au sortir de mes songes faméliques

et me surprend à détourner

les rivières asséchées

pour remonter à ma source

Elle naît en moi

cette onde silencieuse

qui a surgi d'une brisure dans la roche

et court sur une terre d'absence

comme une couleuvre

que la mue a rendue muette

 

 

Les heures immobiles

J'ai usé les pierres

pour retrouver la trace de ton visage

J'ai voulu dans le ciel rechercher ton nom

inscrit peut-être au décousu des nuages

J'ai écouté le vent et le chant de la mer

à m'en vider la tête et m'étourdir le cœur,

jusqu'à en perdre l'équilibre

Mais je n'ai jamais su que le silence

et le clair de ton absence affichée à ma fenêtre,

mêlés à la rosée de l'aube où je bois ton sourire,

cette douce ivresse éployée sur la crête

des heures immobiles.

 

 

La soif de Babel

J'ai bu

La rosée du Verbe

À la pâleur de l'aube

J'ai écouté

Le bruissement d'un rêve

Courant sur ma peau

Et pour m'éclairer

À la clarté de l'âme

J'ai avalé le jour

En crevant l'abcès du soleil

 

 

Sous nos pas

Il y a des mots en creux

qui flottent dans l'air

et ne se posent jamais

défiant toute gravité

Ceux qui finissent par éclater

comme bulles de savon

sous la pression fatale

de sens à vide

Et puis il y a les mots qui ouvrent

des chemins

en tracés d'eau vive

sous nos pas de soif

 

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Photo : Elisa Ka

 

Vibrations

Ils se sont accordés en vibrations duelles

Au bout de leurs errances et des sursauts de l’âme

Entre eurythmies factices et distorsions cruelles

Ils ont gravé sur eux le même monogramme

Dans l’encre des fêlures à l’amer qui les ronge

Ils se sont reconnus à la croisée des rêves

Réprimés en leur fond, pareils à cette éponge

Qui retrouverait forme au baiser de la grève

 

(poème inédit)

 

 

Le monde est ailleurs

Le monde est ailleurs

de l’autre côté

forcément

se dit le rêveur

Au sortir du rêve

les mots se dressent devant lui

comme autant d’obstacles

à franchir la ligne

Face à lui

une tour invincible

dont la clé du silence

ouvre la dernière Porte

celle de l’inexprimable...

 

(poème inédit)

©Elisa Ka 

 

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Née en Algérie, de nationalité française, de parents d’origine espagnole.

Ma formation théâtrale au Conservatoire National de Marseille puis celui de Toulon et d’Aix-en-Provence m’ont permis d’aborder les grands rôles du répertoire classique et moderne.

Je renoue plus tard avec l’écriture, d’abord par le biais d’un blog et depuis quelques années sur Facebook. Certains de mes poèmes ont déjà été publiés dans des blogs et revues poétiques, dont Lettres Capitales, Possibles, Ressacs, L’Ardent Pays et participé à des projets internationaux tels que L’Art du Nouveau Monde (rubrique « poètes ») ainsi que World Poetry Movement. Quelques-uns de mes poèmes ont aussi été diffusés dans l’émission de Nicolas Granier, Brèves de Poésie, sur YouTube.

Site personnel (créé en 2021) : https://ones-a.ch/postElisaKa.html/

Mon recueil La porte du dedans a été édité en mars 2022 aux Éditions Jacques Flament.

« La porte du dedans est un chemin qui nous traverse. Une audacieuse avancée vers la rencontre de soi, de ses failles, ses turbulences et ses réconciliations.

Par sa plume sensible et pénétrante, Elisa Ka nous prouve que la poésie, cet art de la mémoire et de l’oubli, a plus que jamais son mot à dire. En nous entraînant dans son monde qui est aussi le nôtre, elle nous restitue cette part enfouie de nous-mêmes que nous n’osons pas voir, tant cette introspection peut s’avérer chaotique.

Puissant recueil, où la lumière est celle de l’eau, qu’elle soit colorée comme le fut son enfance en Algérie, ou plus sauvage et changeante, comme les ciels des côtes de Normandie où elle vit aujourd’hui. Dans cet espace clos et authentique, Elisa Ka nous révèle l’envers de l’invisible. » (4ème de couverture, extrait de la préface d'Anne Perrin).

 


   Elisa Ka

Recherche Éliette Vialle

Septembre-octobre 2022

 

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