Dieu ne
prescrit pas de médicaments sur ordonnance !
Il n’y a nul retour possible en
poésie moderne
Aucune échappatoire
Aucun accès non plus
L’obscur ne m’a pas menti…
Il est tard pour rentrer au
bercail ce soir
J’écris bien au-delà de mes
mots
Au-dessus de mes forces
Par ici toute littérature est
absente
Égarée en chemin
Je me réveille au bord du
siècle à venir
Je ne m’habite plus
Les mouches se modernisent
elles aussi !
Pourquoi pas moi ?
Les sciences du mal me rongent
de l’intérieur
Les techniques carnavalesques
m’absorbent littéralement
Je peux mieux faire
Je peux m’améliorer…
Millions de prophéties pour
autant d’habitants
Sans en retrancher un…
Quelle est cette aile noire qui me masque la
vue ?
Je sais de mémoire l’horaire
des retours au bercail
Personne ne sait rien de moi ni
de mes mots
Il n’y a rien à savoir de mon
histoire
Je suis un piéton c’est tout
Rien d’autre
En vérité on ne se connaît
pas !
Qu’est-ce qu’on y gagnerait au
fond ?
Dans ma chienne de vie je vais
jusqu’au bout
Oui
Je renaîtrai vierge ou je ne
renaîtrai pas
Je crains la vie plus que la
sainte mort…
Je vis très en-deçà du seuil de
poésie
De pauvreté aussi
Je prépare la voie à des anges
experts en poésie moderne !
Une arme littéraire ne serai
pas de trop
Car j’ai trompé mon propre
système immunitaire
Ici c’est l’évidence ?
D’un Rimbaud relatif à un autre absolu !
Il me faut m’incarner en
urgence
J’attends çà je sais faire
Où donc est passé le message
qui n’est qu’illusion et néant ?
L’œuvre est close
Je passe des portes et des
portes…
Je m’ouvre à la lumière fossile
J’écris jusqu’à brûler les
anges de l’intérieur
L’exacte blancheur où l’esprit
respire encore !
D’un signe laissé par ce qui
passe en soi
Par soi
Avec les ténèbres pour
boussole !
Usage du temps qu’il me reste
Je crois au ciel chrétien entre
des murs silencieux
Car l’énergie de la prière est
la plus pure
Dieu ne fait jamais deux fois
la même erreur !
C’est sans appel
Je veux dire c’est sans retour
Oui
L’heure passe…
Piéton sans voyageur
Et je me fous du choix des mots
que j’utilise
Que j’emploie
Sans avoir à me dissimuler
Oui
J’écris sans avoir à me
dissimuler des autres poètes
Je mesure le temps perdu à
écrire…
Je n’ai jamais été si blessé de
ma vie !
Car c’est l’heure
mauvaise !
Je prends la menace au sérieux
Qui me menace ?
Le lecteur prédateur me menace
Je suis une proie facile
Désignée
Deux grands êtres se parlent
au-dessus de moi
À travers moi
Qui sont-ils ?
Ni proie ni prédateur…
Alors quoi ?
Alors qui ?
Ceux qui écrivent pour de
mauvaises raisons
Pour de mauvais alphabets
Usées sont mes énergies
Comme passer ou espacer
Et je remercie ceux qui me rendent le chemin
difficile
Et pourquoi le bon dieu
nous-a-t-il fait égaux ?
Je ne dirai plus mes prières en
public
J’agonise
Le goudron est encore chaud
dans mes poumons…
Car c’est l’enfer mon prochain
gîte !
C’est l’écriture intérieure qui
me guide
Les temps nouveaux menacent et
mes mains se joignent
À permettre un geste un seul…
Oui
Je bouleverse les cycles
naturels des mots d’emprunts
D’ici
Le jour peut se lever je ne
crains plus rien !
Le jour vient après les mots je
crois ?
J’écris très au-dessus des yeux
Vers quel inaccessible ?
Mon erreur d’écrire est
totale !
Je m’égare magnétiquement
Je rattrape néanmoins les
comètes tout en salopant la planète !
Je passe de la brûlure à la lumière et
réciproquement
Et j’hésite encore à vieillir
Saloperie de la bonne
conscience !
Aller plus au sud que l’on
peut…
Je me succède sans renaître
Y suis-je enfin ?
Car je n’ai plus que la prière
pour écrire
Les mots sont une maladie dont
on ne revient pas indemne
Le poète fait-il partie du
plan ?
Celui qui s’incarcère en moi
est emmuré et celui qui s’incarne l’est tout autant
Car je porte les mots des
autres
Tant de messes inutiles et de
spectacles gâchés…
Moi qui ne comprends rien à
presque tout !
Mais nul n’a la phrase entière
Il n’y a pas d’heure quand on
est un enfant !
Pour que les oiseaux migrent
vers la chance
Pour quelques larmes
collectives ?
Psychotique express !
Il me faudrait purger tous les
circuits du corps pour bien redémarrer !
Une chimie mentale est
nécessaire ainsi qu’un très gros mal de tête à suivre
J’ai déjà joué cette partie et
je l’ai perdue…
Écrire pour si peu de
chose ?
Vivre vient après parfois
Et parfois pas
J’ai ce reflux ce schizo-rythme
dans la peau !
M’introvertir
devient urgent
Devient la règle
J’inverse l’ordinaire
Je confonds les polarités
Lapsus vainqueurs !
Refoulements gagnants !
Dualités jumelles…
L’exercice est fini !
Il existe des mains pour prier
et des mains pour bien faire…
L’enfer redevient fréquentable
pour quelques minutes
La poésie est un enfant qu’il faut
punir !
Des oracles obscurs me parlent
à l’oreille
En réaction j’allume la lumière
intérieure…
Se déclenche alors une émeute
du ciel
Des anges par milliers
trébuchent de la plus haute marche et tombent
Bazardés
Jetés aux étoiles !
Une ombre prédatrice
m’enveloppe
Me menace
Les théories changent
Les technologies évoluent
J’écris sur cette intime
croyance
La poésie tue un poète par
jour…
Ou bien est-ce un par
minute ?
Mourir plusieurs fois est admis
Renaître est fortement
recommandé !
Ici une minute passe encore
Je survis !
Renonçant en partie à ma santé
mentale
Je n’explique pas bien la lumière que
j’engendre
Mon cantique vaut-il le
ciel ?
J’ai découvert la porte un soir
Je m’y suis engagé
L’issue risque d’être fatale…
Et rien d’antérieur ne filtre
de moi
Un rêve prémonitoire me devance
parfois
Je les ai tous vaincu mes
démons sans même les avoir affrontés !
C’en est suspect
Je suis un poète vainqueur
J’atteins les astres matinaux
Dieu aussi a un emploi du temps
chargé
Ce qui n’est pas dans le poème
n’existe pas
Ce qui est dans la vie est dans
la poésie
Car le prince des ténèbres
n’est plus que l’ombre des ténèbres !
De fabuleuses présences sont à
venir
L’oiseau technologique a été
abattu…
Rien ne meurt car Dieu bouge
Ma lueur de jour a cédé aux
rang d’étoiles
Faut-il brûler pour
briller ?
Cette vanité d’initié m’égare
M’aliène
Qui est-ce qui dévie ma main
quand j’écris ?
L’immunité de poète prend fin
avec le genou droit amputé de Rimbaud
Où est-il enterré ce genou
droit de Rimbaud ?
Est-ce une relique
d’usure ?
D’attrition ?
J’écris sans le secours des
mots vainqueurs
J’écris sans le secours des
mots d’emprunts…
Parce qu’il ne peut m’arriver
rien de plus beau ici-bas !
L’univers est humain !
L’univers se déchire toujours
quelque part
Et Dieu est lourd de
conséquences…
Quelque chose s’en trouve
sauvé ?
Quoi ?
Le genou de Rimbaud !
Mon âme est organique elle pourrira comme le
reste !
J’ai mon propre climat mental
en poésie moderne
Mon écho-système
nécessite une chaleur des mots vainqueurs
Des mots d’emprunts
J’écris sans le moindre
discernement
Je suis comme ce train où nul
ne monte et où personne ne descend…
Le chaos m’est potentiellement
favorable
L’intuition du chaos !
Le calme des particules me
gagne
Là où finit l’univers et là où
commencent les emmerdes !
Les turbulences tardives me
galvanisent
M’exaltent
D’une élégance de m’expliquer
les choses pour que je les comprenne !
Car Dieu m’est nécessaire que
pour prier !
Les miroirs jumeaux ne se
souviennent de rien…
De rien ?
Mes mots sont mauvais mais la lumière est
belle !
Les vérités ont enfin été
rétablies
Le vide en moi grouille
d’informations
Mon double sombre se porte bien
L’anonyme intérieur aussi…
Je suis parvenu à me délivrer
du réseau le plus noir
La vie est une affaire de
cohérence de phase je crois ?
La vie ne donne plus signe de
vie !
Oui
J’ai toujours une réalité de
rechange avec moi
Et est-ce d’être mort tant de
fois que je meurs ainsi ?
Ce n’est que de la poésie au
fond
Tout sans doute à déjà été dit
et écrit par moi
Par d’autres ?
Sans un mot à ajouter de plus
ou de moins…
Il est trop tard pour changer
d’air
Clandestinité oblige !
Je l’assume
©Stéphane
Casenobe

Jacques Grieu, Rencontres.
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