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Archives : Terra incognita

 

Nouvelle rubrique depuis 2019 : découverte…

 

Été 2024

 

Stéphane Casenobe :  12 poèmes inédits.

 

« en-deçà du seuil de poésie…  

… j’écris très au-dessus des yeux ».

 

(*)

 

Une image contenant art, peinture, Art moderne, Graphique

Description générée automatiquement

Jacques Grieu, Hyperactivité.

 

 

Dieu ne prescrit pas de médicaments sur ordonnance !

 

 

Il n’y a nul retour possible en poésie moderne

Aucune échappatoire

Aucun accès non plus

L’obscur ne m’a pas menti…

Il est tard pour rentrer au bercail ce soir

J’écris bien au-delà de mes mots

Au-dessus de mes forces

Par ici toute littérature est absente

Égarée en chemin

Je me réveille au bord du siècle à venir

Je ne m’habite plus

Les mouches se modernisent elles aussi !

Pourquoi pas moi ?

Les sciences du mal me rongent de l’intérieur

Les techniques carnavalesques m’absorbent littéralement

Je peux mieux faire

Je peux m’améliorer…

Millions de prophéties pour autant d’habitants

Sans en retrancher un…

 

 

 

Quelle est cette aile noire qui me masque la vue ?

 

 

Je sais de mémoire l’horaire des retours au bercail

Personne ne sait rien de moi ni de mes mots

Il n’y a rien à savoir de mon histoire

Je suis un piéton c’est tout

Rien d’autre

En vérité on ne se connaît pas !

Qu’est-ce qu’on y gagnerait au fond ?

Dans ma chienne de vie je vais jusqu’au bout

Oui

Je renaîtrai vierge ou je ne renaîtrai pas

Je crains la vie plus que la sainte mort…

Je vis très en-deçà du seuil de poésie

De pauvreté aussi

Je prépare la voie à des anges experts en poésie moderne !

Une arme littéraire ne serai pas de trop

Car j’ai trompé mon propre système immunitaire

Ici c’est l’évidence ?

 

 

 

D’un Rimbaud relatif à un autre absolu !

 

 

Il me faut m’incarner en urgence

J’attends çà je sais faire

Où donc est passé le message qui n’est qu’illusion et néant ?

L’œuvre est close

Je passe des portes et des portes…

Je m’ouvre à la lumière fossile

J’écris jusqu’à brûler les anges de l’intérieur

L’exacte blancheur où l’esprit respire encore !

D’un signe laissé par ce qui passe en soi

Par soi

Avec les ténèbres pour boussole !

Usage du temps qu’il me reste

Je crois au ciel chrétien entre des murs silencieux

Car l’énergie de la prière est la plus pure

Dieu ne fait jamais deux fois la même erreur !

C’est sans appel

Je veux dire c’est sans retour

Oui

L’heure passe…

 

 

 

Piéton sans voyageur

 

 

Et je me fous du choix des mots que j’utilise

Que j’emploie

Sans avoir à me dissimuler

Oui

J’écris sans avoir à me dissimuler des autres poètes

Je mesure le temps perdu à écrire…

Je n’ai jamais été si blessé de ma vie !

Car c’est l’heure mauvaise !

Je prends la menace au sérieux

Qui me menace ?

Le lecteur prédateur me menace

Je suis une proie facile

Désignée

Deux grands êtres se parlent au-dessus de moi

À travers moi

Qui sont-ils ?

Ni proie ni prédateur…

Alors quoi ?

Alors qui ?

Ceux qui écrivent pour de mauvaises raisons

Pour de mauvais alphabets

Usées sont mes énergies

Comme passer ou espacer

 

 

 

Et je remercie ceux qui me rendent le chemin difficile

 

 

Et pourquoi le bon dieu nous-a-t-il fait égaux ?

Je ne dirai plus mes prières en public

J’agonise

Le goudron est encore chaud dans mes poumons…

Car c’est l’enfer mon prochain gîte !

C’est l’écriture intérieure qui me guide

Les temps nouveaux menacent et mes mains se joignent

À permettre un geste un seul…

Oui

Je bouleverse les cycles naturels des mots d’emprunts

D’ici

Le jour peut se lever je ne crains plus rien !

Le jour vient après les mots je crois ?

J’écris très au-dessus des yeux

Vers quel inaccessible ?

Mon erreur d’écrire est totale !

Je m’égare magnétiquement

Je rattrape néanmoins les comètes tout en salopant la planète !

 

 

 

Je passe de la brûlure à la lumière et réciproquement

 

 

Et j’hésite encore à vieillir

Saloperie de la bonne conscience !

Aller plus au sud que l’on peut…

Je me succède sans renaître

Y suis-je enfin ?

Car je n’ai plus que la prière pour écrire

Les mots sont une maladie dont on ne revient pas indemne

Le poète fait-il partie du plan ?

Celui qui s’incarcère en moi est emmuré et celui qui s’incarne l’est tout autant

Car je porte les mots des autres

Tant de messes inutiles et de spectacles gâchés…

Moi qui ne comprends rien à presque tout !

Mais nul n’a la phrase entière

Il n’y a pas d’heure quand on est un enfant !

Pour que les oiseaux migrent vers la chance

Pour quelques larmes collectives ?

 

 

 

Psychotique express !

 

 

Il me faudrait purger tous les circuits du corps pour bien redémarrer !

Une chimie mentale est nécessaire ainsi qu’un très gros mal de tête à suivre

J’ai déjà joué cette partie et je l’ai perdue…

Écrire pour si peu de chose ?

Vivre vient après parfois

Et parfois pas

J’ai ce reflux ce schizo-rythme dans la peau !

M’introvertir devient urgent

Devient la règle

J’inverse l’ordinaire

Je confonds les polarités

Lapsus vainqueurs !

Refoulements gagnants !

Dualités jumelles…

L’exercice est fini !

Il existe des mains pour prier et des mains pour bien faire…

L’enfer redevient fréquentable pour quelques minutes

 

 

 

La poésie est un enfant qu’il faut punir !

 

 

Des oracles obscurs me parlent à l’oreille

En réaction j’allume la lumière intérieure…

Se déclenche alors une émeute du ciel

Des anges par milliers trébuchent de la plus haute marche et tombent

Bazardés

Jetés aux étoiles !

Une ombre prédatrice m’enveloppe

Me menace

Les théories changent

Les technologies évoluent

J’écris sur cette intime croyance

La poésie tue un poète par jour…

Ou bien est-ce un par minute ?

Mourir plusieurs fois est admis

Renaître est fortement recommandé !

Ici une minute passe encore

Je survis !

Renonçant en partie à ma santé mentale

 

 

 

Je n’explique pas bien la lumière que j’engendre

 

 

Mon cantique vaut-il le ciel ?

J’ai découvert la porte un soir

Je m’y suis engagé

L’issue risque d’être fatale…

Et rien d’antérieur ne filtre de moi

Un rêve prémonitoire me devance parfois

Je les ai tous vaincu mes démons sans même les avoir affrontés !

C’en est suspect

Je suis un poète vainqueur

J’atteins les astres matinaux

Dieu aussi a un emploi du temps chargé

Ce qui n’est pas dans le poème n’existe pas

Ce qui est dans la vie est dans la poésie

Car le prince des ténèbres n’est plus que l’ombre des ténèbres !

De fabuleuses présences sont à venir

L’oiseau technologique a été abattu…

 

 

 

Rien ne meurt car Dieu bouge

 

 

Ma lueur de jour a cédé aux rang d’étoiles

Faut-il brûler pour briller ?

Cette vanité d’initié m’égare

M’aliène

Qui est-ce qui dévie ma main quand j’écris ?

L’immunité de poète prend fin avec le genou droit amputé de Rimbaud

Où est-il enterré ce genou droit de Rimbaud ?

Est-ce une relique d’usure ?

D’attrition ?

J’écris sans le secours des mots vainqueurs

J’écris sans le secours des mots d’emprunts…

Parce qu’il ne peut m’arriver rien de plus beau ici-bas !

L’univers est humain !

L’univers se déchire toujours quelque part

Et Dieu est lourd de conséquences…

Quelque chose s’en trouve sauvé ?

Quoi ?

Le genou de Rimbaud !

 

 

 

Mon âme est organique elle pourrira comme le reste !

 

 

J’ai mon propre climat mental en poésie moderne

Mon écho-système nécessite une chaleur des mots vainqueurs

Des mots d’emprunts

J’écris sans le moindre discernement

Je suis comme ce train où nul ne monte et où personne ne descend…

Le chaos m’est potentiellement favorable

L’intuition du chaos !

Le calme des particules me gagne

Là où finit l’univers et là où commencent les emmerdes !

Les turbulences tardives me galvanisent

M’exaltent

D’une élégance de m’expliquer les choses pour que je les comprenne !

Car Dieu m’est nécessaire que pour prier !

Les miroirs jumeaux ne se souviennent de rien…

De rien ?

 

 

 

Mes mots sont mauvais mais la lumière est belle !

 

 

Les vérités ont enfin été rétablies

Le vide en moi grouille d’informations

Mon double sombre se porte bien

L’anonyme intérieur aussi…

Je suis parvenu à me délivrer du réseau le plus noir

La vie est une affaire de cohérence de phase je crois ?

La vie ne donne plus signe de vie !

Oui

J’ai toujours une réalité de rechange avec moi

Et est-ce d’être mort tant de fois que je meurs ainsi ?

Ce n’est que de la poésie au fond

Tout sans doute à déjà été dit et écrit par moi

Par d’autres ?

Sans un mot à ajouter de plus ou de moins…

Il est trop tard pour changer d’air

Clandestinité oblige !

Je l’assume

 

 

©Stéphane Casenobe

 

Une image contenant art, peinture, Caractère coloré, Dessin d’enfant

Description générée automatiquement

Jacques Grieu, Rencontres.


 

 

(*)

Voir aussi dans notre Bibliothèque Francopolis n° 11:

Stéphane Casenobe, Peut-être me faudra-t-il une autre planète 

(poèmes inédits)

 

 

Pour être poète

« Je suis né en 1973 à Saint-Ouen. Je me consacre au théâtre à 19 ans. Je participe à plusieurs projets nationaux et tournées. Parallèlement à cela je publie dans plus d’une centaine de revues et anthologies et neuf ouvrages à compte d’éditeur dont le dernier à venir « Seuls les enfants vont plus vite que la lumière !» aux Editions Luna Rossa. J’anime mensuellement la section poésie du comité de lecteur de la Médiathèque Persépolis à Saint-Ouen.

Pour écrire de la poésie, il faut selon moi tuer symboliquement le Père… Et pour moi, le Père, c’est ce crapuleux Rimbaud ! J’ajoute que pour être poète, il faut en finir avec la poésie de papa et maman… C’est ce que j’évoque dans mes textes : aucune compromission ni complaisance avec ce que j’écris, par respect pour moi-même et pour le lecteur, qui a la responsabilité de reprendre la place qui est la sienne dans le poème. Oui, le lecteur fait parti du poème !

Je n’écris pas si je ne me surprends pas. C’est la règle que je m’impose en poésie. Autant dans la forme que dans le fond.

J’écris seulement à partir de ce que je connais le mieux, c’est-à-dire moi-même. Voilà pour le côté mégalomaniaque ! Je me veux infréquentable en poésie moderne, avec la conviction d’écrire pour témoigner. Nique la poésie à sa mémère qui fait rimer amour avec toujours ! J’ai les balloches pour dire que le poète n’est pas quelqu’un de gentil, loin de là… Que représente la poésie dans ma vie ? Est-ce qu’elle me sauve ? Non ! Qu’elle me laisse tranquille, la poésie… Je ne l’utilise que comme outil, et c’est très bien comme ça ! Est-ce que le lecteur lui me sauve ? Voilà la véritable question. Le lecteur est le centre de gravité de l’auteur et de ses créations, selon moi. Que représente le lecteur dans ma vie ? La page blanche pour sûr !

Si j’avais un poète à vous présenter je choisirai Richard Brautigan  « Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus ». Cet auteur ne fait pas dans la dentelle. Il témoigne avec une fausse naïveté de lui-même et de son environnement en utilisant une prose candide et réduite à son plus simple appareil… Il est irrattrapable ! Insaisissable ! Dans tes dents !!

Je citerai aussi les poètes de la Beat Generation, Kerouac, Ginsberg, Burroughs, Pélieu… Avec lesquels j’ai évolué, mûri en poésie contemporaine. Merci à Eux. »

 

Stéphane Casenobe

 

Recueils

Ca va passer sur l’écume des jours. Editions Les Adex/2018

Comme sur le pont d’un bateau ivre. Editions Les Solicendristes/2019

Sur l’astéroïde B-612. Hors-série Chats de Mars/2019

La symphonie du trouble bipolaire. Le Contentieux/2020

Je n’ai pas encore la phrase entière. Editions Associatives Luna Rossa/2021

Pop Art Poésie. Projet conceptuel. Editions Associatives Luna Rossa/2022

S’il vous plait ne m’obligez pas à devenir le plus grand des poètes !. Editions Poétisthmes/2022

Si vous m’emmerdez je reviens à la génération suivante !. Editions La Page Blanche/2023

8 items/8 textes mis en voix par le Collectif Mumuration/2023

Seuls les enfants vont plus vite que la lumière. Editions Associatives Luna Rossa/2023

 

En préparation

Peut-être me faudra-t-il une autre planète à moi tout seul pour le mégalo que je suis !.

Non ! Les étoiles ne nous sont pas destinées.

 

Publications en revues et anthologies

Triages n°26 ; Traction Brabant n°61, n°65 ; Comme en poésie n°64 ; Décharge n°168, n°183 ; Traversées n°77 ; Le Tréponème bleu pâle ; Neige d’Août n°22 ; Libelle n°315 ; paysages Ecrits n°26 ; Ecrit(s) du Nord n°29, n°30 ; Nouveaux délits n°55 ; Sitaudis ; Interventions à Haute Voix n°56, n°58, n°59 ; L’Intranquille n°11 ; Verso n°167, n°169, n°175, n°178, n°180, n°181, n°183, n°184, n°189, n°190, n°191 ; Chats de Mars n°1, n°5 ; Rose des Temps n°27 ; Flammes Vives/Anthologie Poétique 2017, 2018, 2019 ; Bleu d’encre n°37, n°39, n°41 ; Sarrazine n°17 ; Le Journal de Sajat n°107 ; Portulan Bleu n°26 ; Le Pot à Mots n°7, n°10, n°13 n°17 ; n°18 ; Plein Sens n°42, n°49, n°54 ; n°56, n°57 ; Poésie 13 n°124 ; Expressions Les Adex n°68 ; Œil de Fennec n°373 ; Soleils et Cendres n°129 ; L’Hôte n°8 ; La Vie Multiple n°10, n°11,n°12, n°13, n°14, n°15, n°17, N°18, n°20, n°21 Wam ! n°1, n°2 ; Datura n°11 ; La Page Blanche n°55 ; n°62 ; Luna Rossa/Anthologie 2021 ; Poétisthme/Majuscule n°11 ; Spac/Art & Vers n°15, n°16, n°17, n°18, n° 19, n°20 ; n°21 ; n°22 ; n°23 n°24 ; n°25 ; n°26, n°27 ; Do-Kre-I-S ; Les Adex/Anthologie 2022 ; L’Arbre Parle n°8 ; n°9 ; n°10 ; Art’Planet n°2 ; n°5 ; Le Temps de Rêver/Eclats de rêves n°74 ; Ouste n°32 ; Florilège n°194

 

Pour faire plus ample connaissance, voir sur la toile :

http://www.pandesmuses.fr/biographies/stephanecasenobe

https://lapageblanche.com/la-revue/numero-55/poetes-de-service/stephane-casenobe

https://www.danslesbrumes.fr/anthologie/st%C3%A9phane-casenobe/

 

 

***

« Les mots sont une maladie dont on ne revient pas indemne »…

Stéphane Casenobe en est bien la preuve. Il rejette avec panache la poésie lénifiante à laquelle on colle les étiquettes de nos utopies faciles. Ses textes jaillissent comme d’un tourbillon alternant pépites lyriques et pieds-de-nez déconcertants, on est en permanence dans la surprise, l’inattendu, le paradoxe, le sur-le-qui-vive, on est dans l’urgence de dire malgré ou contre tout et en même temps, de transcender le dire par le dedans par le dehors par toute faille qui vaille… Rarement un parler poétique contemporain a virevolté avec autant de désinvolture et de grâce naturelle par-dessus toutes les préconceptions et les stéréotypes du métier… car le poète est un professionnel engagé dans un travail fort compliqué, risqué voire dangereux, puisqu’après tout la poésie, il « ne l’utilise que comme outil » – pour, dirait-on, atteindre autre chose, ailleurs…. par l’ironie et l’auto-dérision comme par le sarcasme le plus acéré jeté à la face d’un monde technologisé et déshumanisé.

Tel est le poète qui danse sur la corde raide, suspendu au-dessus de la scène du théâtre : on ne l’avait depuis longtemps aperçu à nouveau, parmi nous, avec autant de netteté.

Qu’il soit le bienvenu en terre rimbaldienne – puisque Stéphane Casenobe en revendique du moins en partie l’héritage, au risque assumé de… « tuer le Père » – et qu’il continue de s’acharner sur… « la plage blanche » que sont ses lecteurs !

(D.S.)

 

 

Stéphane Casenobe

Francopolis Été 2024

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