NAISSANCE G E R T R U D E  M I L L A I R E

"C'est un jour où tout se dresse et retombe
entre mes doigts les heures ne craignent de vivre"
Les États du Relief, Hélène Dorion

 

Naissance d'Instant

Boire le vent des bourrasques nez écrasé contre le givré de nos souffles,
enjamber les mots perdus dans ce ban de silence comme si nos vies coincées dans les plis du premier flocon, attendaient nos éclats d’hiver pour se donner le droit de sculpter à l’intérieur tout l’espace qui s’étale devant nous sans frontière ni barrière.
Sur ces routes de glace, chacun a sa place et personne n’y laisse sa trace. Aucune faille visible mais chaque hiver marque nos mémoires de traits lumineux comme des aurores boréales qui laissent en nous ce goût de l’autre.
La nuit se prolonge dans le blanc de la terre et donne à fondre certains soirs, des icebergs si profonds que la grande ourse tombe à la renverse dans cette soupière d’eau douce aromatisée des confidences des étoiles. L’hiver les nuits ne dorment jamais, on les entend chuchoter et il arrive parfois à ceux qui ont l’art de l’écoute d’entendre des conversations étranges qui donnent le rythme de vie, celui qui vient de l’intérieur et qui enflamme des attisées aux paupières ouvertes dans le noir.
La communication s’ouvre quand nos pores se ferment aux bruits et laissent les vibrations de la nuit nous prendre sans censure, dans l’abandon le plus total et nu de notre dérive : QUAND NOUS PERDONS LE NORD.

Fragilité de l'Instant

c’est ce bruit à peine visible
suspendu au vide
qui a neigé le doute
une lumière étrangement pâle
qui se porte en cape d’étoile
brûlante contre le givré de l’hiver
blanc sur blanc, neige sur neige
même le silence se balançait bêtement

comme si le reste importait peu
couvrir l’irréparable de son manteau noir
futile occupation
comme si le temps pouvait
avec ses tempêtes et ses bourrasques
effacer la marque du dernier souffle
accroché à ta ligne de vie


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