RENCONTRE
GERTRUDE MILLAIRE |
*
Je reste là
silencieuse
la route dessine sa propre aquarelle
comme si son besoin de douceur
lui faisait prendre des détours de lacs
emprisonnant tes joues colorées
entre deux feuilles posées là , immobiles
pendant que le vent au loin
épluche un à un les bouleaux aux franges dorées
posant sur ta lèvre, la sève sauvage
des rencontres que même la pluie ne peut diluer
... vivre si près et se rencontrer au dernier instant et de justesse !
Mémoire d'automne
Il y a longtemps, très longtemps
enfin , à peine quelques temps
quelques jours à peine
hier peut-être
détraquée
l'horloge a perdu ses heures
les années ont glissé
hors du temps
mais toujours cet instant est resté
comme un instant démesuré
bruit de porcelaine brisée
contre l'infinie muraille rongée
par les mythes trop lourds
les aiguilles coincées
dans une maille comme une faille
dans la peau du temps.
emportés ses secrets
jaunis sous l'attente trompée
trop pâle étoile
d'une galaxie affolée
à jamais enfuie
sous une terre frileuse de novembre
*
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À sa rencontre
depuis toujours
il avance lentement
sans être vu de personne
au creux de son hiver, dans la poudrerie blanche
depuis longtemps il a perdu sa route
il marche par habitude comme tous ces gens du matin
qui boivent leur tasse de vie toujours un peu plus amère !
pas de repos pour le marcheur
un pas de pas qui le mène à la rencontre
d’un pan de vie qu’il ne voulait pas traverser
toujours le même pas, les mêmes engelures
des cordages noirs à peine visibles
encombrent sa route
son pas devient encore plus lent
il marche les yeux fermés
il ne sait toujours pas où il va
mais chaque pas est son pas.
Le mouvement est son seul allié
depuis quelques temps
le paysage devient familier
son pas est près de lui
il marche dans son pas à lui
un pas léger qui ne laisse pas de trace
il marche les yeux ouverts
il ne sait toujours pas où il va
mais il sait que tu es là
au bout de son pas.
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