SOUFFLE
GERTRUDE MILLAIRE |
Voyageur
voyageur clandestin
dans l'espace de tes mots
comment toucher le duvet du temps
sans réveiller une avalanche
à la fenêtre du silence
je grimpe sur le dos de tes traces
et je sens la fragilité de mon avancement
sous le ciel floconneux de tes rêves
comme si mon essoufflement
menaçait à tous instants
de tout faire sauter
comme quand je ne sais pas me taire
dans ces heures où les mots sont superflus
et inutiles...
ce que l'écoute est précieuse dans ces moments
chargés de secrets trop lourds
*
une bise
à la fenêtre du rêve
le poème naît
Son souffle traverse le cutané des émotions
Fluide
sa trame habille l'instant
le poème voyage
Son itinéraire parcoure les frontières de l'invisible
Ecartelé
Entre l'illusion et le réel
le poème éclate
Son cri libère le quotidien de ses impossibles
Le poème défonce nos portes de marbre
dévoile nos identités inconnues
pose le mot fin à nos attentes démesurées
Il regarde
il bouscule
il discute
Il sème le désordre ....oblige au questionnement
Son souffle anime... sa voix charme ... son rythme berce....
Il nous habite.... il est souffle.... souffle de vie
(Revue Phréathique)
JE SUIS D'AILLEURS
Quelle est cette déchirure
qu'en moi je porte
comme un sommeil
un geste
un mot
un quotidien
un rien l'éveille
dans cet ailleurs étrange
quand le souffle m'étrangle
quand la douleur couche dans mon lit
la lune s'attarde
les fleurs aussi
moi de nulle part
elles d'ailleurs
tiré du recueil "L'instant démesuré"
*
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Ce silence que tu portes à bout de bras
Comme si à chaque pas ton corps s’enfonçait dans l’interdit.
Ce chant monte comme de solitaires aurores boréales
Et couvre tes nuits pour ne pas que tu prennes froid
ce chant que la foule porte sans savoir sans rien connaître de ce vent inquiet
qui penche ton corps par en avant
Et toujours ce silence qui te creuse les reins
ce silence-fluide glisse sur tes fenêtres closes
Jusqu’où iras-tu à bout de bras … et ces flaques de lacs solitaires
qui stagnent dans tes terres inhabitées.
Jusqu’où iras-tu comme ça à bout de mots, à bout de souffle ?