"
Groom " (François
Vallejo)
Il s'agit d'un roman à la fois passionnant, rocambolesque
et tragique: un couple se brise…tout cela à cause d'une toile de Soutine
« Groom» qui moisissait dans la cave de la famille Rotheim. Comment
Soutine avait-il connu cette maison ? Véra est avertie par les responsables
du Centre Pompidou que son mari Antoine vient d'y avoir un malaise mortel
et s'y précipite pour constater que ce dernier s'est tout simplement
volatilisé.
De retour chez elle, chez eux, elle voit Antoine rentrer, plus tôt
que d'habitude mais en pleine santé... Stupéfaite elle l'est
d'autant plus que son mari semble l'être tout autant qu'elle en l'écoutant
raconter ce qui paraissait un drame et se révélerait être
une simple erreur anecdotique si ce n'était que les gardiens avaient
son numéro de téléphone pour la prévenir... Prudente,
elle décide de mener son enquête pour comprendre ce que Antoine
faisait dans cet endroit aux heures de bureau, son mari, cadre « surbooké
», ne s'étant jusqu'alors jamais intéressé à
l'art. Ses investigations l'amènent à penser que c'est bien
lui qui s'est réellement tordu de douleurs puis évanoui après
avoir examiné la reproduction d'un tableau de Soutine intitulé
«
Groom ».
Son enquête obsessionnelle sous-tendue par le soupçon d'une
double vie l'amènera à frôler des secrets de famille dans
lesquels père et frère d'Antoine ont joué un rôle
important. Introduisant un grain de sable dans la mécanique de ce couple
heureux, l'auteur entretient un suspense à la fois cruel et plein
de sollicitude et observe le rouage se gripper, la tragédie se construire
et l'homme et la femme s'éloigner. Antoine remonte le fil de son enfance
passée aux côtés de Mlle Rotheim : cette vieille dame,
qui vit maintenant aux crochets d'Antoine. Le seul qui montra un peu d'énergie
fut lui.
Louise ne put compter que sur lui. Antoine Carmi aurait bien voulu sortir
du cercle, mais les autres le retenaient, avec leurs mines quémandeuses
: il leur versait régulièrement de l'argent. Il ne voyait pas
comment se délier de cet engagement tacite. Véra s'épuise
à arpenter les salles du musée à la recherche du tableau
qui aurait pu provoquer un malaise chez Antoine qu'elle ne reconnaît
pas dans les descriptions des gardiens. Rien d'étonnant…C'était
son frère Herman !
Antoine perdit son emploi suite au rachat de la Custod par des Hollandais.
Il traînait derrière lui le douloureux épisode de la tentative
de vente du Groom à la Custod Institute : le tableau fut considéré
comme un faux ! L'auteur sait entraîner son lecteur dans un monde décalé.
On croit percevoir une histoire d'adultère, de famille, d'intérêt,
mais ce ne sont que faux-semblants. La peinture est finalement au centre
de cette intrigue. Soutine paraît être le seul coupable de cette
aventure picturale. Vallejo dépeint à petites touches hitchcockiennes
( nombreuses allusions aux films ) le portrait d'un homme qui compartimentait
sa vie et qui se fait rattraper par son
passé familial. Démêler le vrai du faux devient un jeu
à tiroirs, telles des poupées gigognes. « Groom »,
sur fond d'histoire de l'art dont l'auteur est féru, est un roman d'atmosphère
qui voit évoluer des personnages possédant tous une forte identité.
Au fil des pages, l'intrigue se déploie, et malgré une simplicité
de construction de la trame, on se surprend à parcourir les pages
avec une certaine excitation curieuse. On cherche avec la protagoniste Véra
à percer les secrets de son mari Antoine et à questionner ses
motivations.
L'auteur nous plonge dans les déambulations de ses personnages sans
sombrer dans le roman psychologique pesant. Il permet au lecteur de se plonger
avec délices dans un univers méconnu, où il va pouvoir
s'engager.
Un peu plus
de détails sur le site de Pierre Bachy
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