Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

ACCUEIL

 

 

GUEULE DE MOTS – ARCHIVES

 

 GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture, ou tout simplement de gueuler en paroles... etc.

 

Été 2024

 

 

Libre parole à

Tamim Barghouthi :

 

À Jérusalem.

 

Dans la traduction de Jalel El-Gharbi

 

(*) 

 

 

Voulant me rendre auprès de mon amour, j’en fus dissuadé

Par les lois des ennemis et par leur mur

Alors je me suis dit c’est peut-être une bénédiction

Car que peut-on voir à Jérusalem

Quand du sentier on en aperçoit les maisons

On ne voit que l’insoutenable

Et il n’est pas dit que rencontrer son amour

Soit toujours un bonheur ni que toute distance soit néfaste

Si l’on est heureux de retrouver son amour alors qu’on doit se dire adieu

C’est son bonheur même qu’on devrait redouter

Quand on a vu l’antique Jérusalem une seule fois

Où que l’on regarde, c’est elle qu’on aperçoit

Il y a à Jérusalem un marchand de légumes de Géorgie

Las de son épouse, il pense à ses vacances ou à repeindre la maison

Il y a à Jérusalem un homme de Manhattan Uptown

Qui enseigne à de jeunes Polonais les préceptes de la Torah

Il y a à Jérusalem un policier éthiopien interdisant l’accès au souk

Une mitrailleuse sur l’épaule d’un colon de moins de vingt ans

Un chapeau qui s’incline devant le mur des lamentations

Des touristes français blonds qui ne voient absolument rien de Jérusalem

Se contentant de se prendre en photo avec une femme qui toute la journée vend des radis sur la place

À Jérusalem les soldats marchent avec leurs bottes sur les nuages

À Jérusalem nous avons prié à même l’asphalte

À Jérusalem, il y a tout le monde excepté Toi...

 

©Tamim Barghouthi 

Traduit par ©Jalel El-Gharbi

 

 

Une image contenant peinture, dessin, ciel, texte

Description générée automatiquement

Peinture de Rawan Anani

 

(*)

 

Tamim Barghouthi (né au Caire en 1977) est le fils de l'écrivain et poète palestinien Mourid al-Barghouti et de l’écrivaine égyptienne Radwa Ashour. Journaliste et poète, influencé dans sa jeunesse par des personnalités telles qu’Emile Habibi, Mahmoud Darwish et Saadi Youssef, il a travaillé pour les Nations Unis et a enseigné dans plusieurs universités du monde (Caire, Berlin, Georgetown – États-Unis), ayant un doctorat en sciences politiques à Boston. Ses livres de poèmes sont très connus. In Jérusalem and other Poems fut son premier livre traduit en anglais (2017). Voir sur : Wikipedia, sa page sur X (Twitter) et Instagram. Lire en anglais : In Jerusalem ; chronique par Thomas Parker, 2017 ; table ronde à l’Université de Texas, octobre 2022.

 

Jalel El-Gharbi (né en 1958 en Tunisie) vit et travaille à Tunis, et œuvre pour une utopie qu'il nomme Orcident ou Occirient. Professeur à l'université de Mannouba, poète, traducteur et essayiste, il a publié, entre autres, Le Cours Baudelaire chez Maisonneuve & Larose, un texte très remarqué qui nous propose une nouvelle lecture des Fleurs du mal. En Quête d'une ombre (2022) est son premier roman. (D’après lecteurs.com). Il s'apprête à publier fin mai un recueil aux éditions Edern Bruxelles À l'heure du limoncello suivi de Dialogues du Maître soufi. Voir sa page Facebook.

 

Rawan Anani (née à El-Qods en 1978) est membre de l'Union des Artistes Palestiniens depuis 2015. Pour son profil voir emmyinthemix.com ; pour ses œuvres voir sur FacebookInstagram.

La peinture ci-dessus est reproduite du blog algeriearabite ; extrait du commentaire de Kamel Nasser (21 octobre 2018) : « Avec Rawan Anani, c'est le Bien, le Beau et le Vrai, les vieilles valeurs de la sagesse grecque, qui se joignent en Palestine, terre des promesses, terre des tempêtes aussi. »

 

 

Tamim Barghouthi 

Traduit par Jalel El-Gharbi

Francopolis – Été 2024

Recherche : Dana Shishmanian

 

Accueil  ~  Comité Francopolis ~ Sites Partenaires  ~  La charte  ~  Contacts

Créé le 1 mars 2002