Quel mot ?
Quel mot voulais-tu attraper
En plein vol ?
Comme un papillon qu’après on épinglait ?
Laissons d’abord revenir les papillons, revenir
les mots
Laissons dans le ciel s’étirer le nuage,
s’évanouir à nos yeux le papillon
Cherchons la transparence des ailes, la
transparence du mot qui échappe
Et disparaît.
Le mot ! Quel mot ? Qui me l’aurait
confié ? Et comment le garder, le préserver et le transmettre ?
Un mot livré au vent, à la neige, à la source
à la neige-papillon qui n’existe plus, à celle
qui dansait, virevoltait, se déposait, légère, sur les margelles et dans le
cou
au papillon-neige qui n’existe plus, qui venait,
qui allait, passant de fleur en fleur, si léger dans l’été, à même le ciel,
vers le nuage sucre d’orge qui passait, qui traînait, s’effilochait,
partait, dérivant comme un saltimbanque, un fou, un innocent jusqu’au
papillon-neige qui n’existe plus.
© Dominique Zinenberg
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