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Pieds des Mots : Actu 2010 - 2011

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LES PIEDS DES MOTS
         Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...


DECEMBRE 2012

Les Chroniques du

Poisson Silencieux

par

Patrick Duquoc, dit Pant.

 

Jour 17

Jour jour 1:7
(librement inspiré par Da Silva)

J’essaie pourtant de l’expliquer mais en vain. Je vais tenter de l’écrire dans les chroniques mais sous cette forme ça ne sera pas clair non plus. pas sombre non plus je n’exagère pas je n’exagère plus je ne suis plus là, mais je reste encore pourtant.

Comment alors oui comment le dire si c’est pour rire pour sourire, je respire comme si c’était la fin comme si c’était le début si demain on commençait si ce soir c’est la première ou hier la dernière je n’existe plus… Pas plus que le temps. Je me glisse à la bonne heure et je ne reviens plus.

Tu ne comprends pas je ne suis plus là tout en l’étant je suis si loin et si près. Je deviens danse, je deviens, fluide, je deviens ballon, chat, et enfant.

Je marche sur la plante des pieds je ne suis plus celui d’hier ni du week end tout en étant lui moi toi eux. Je tombe en avent, c’est ici mon dernier jour, comme mon premier, la naissance c’en est un autre, comme je te l’ai déjà dis : je temps n’existe plus, n’existe pas, ne m’excite même plus.

Tu vas me croire de plus en plus fou.

Et même si ça me rend triste, ça me fait encore autant rire.

Je ne rentrerai pas tu sais je suis parti je suis loin de tout, tout de loin je souris je glisse même sur la neige.

Ne m’attendez pas, ne m’attendez plus, je ne rentrerai pas.

Tu m’as confondu avec un autre, un de mes autres, un de moi, un d’ailleurs, un d’ici, un sans âme, un sans ride, un sans, tout sans rien sans lui sans elle sans toi. Tu penses que je suis étanche mais tu penses mal. Je tangue et je glisse comme ce soir je glisse sur le flux flots, je suis Noûs je suis toi je suis moi je suis sans le savoir je sais sans l’être.

Je tombe à la renverse, et je retourne à l’heure d’été sans aller ailleurs que dans le passé, sans imaginer l’espace comme un autre temps, tu penses je ne connais pas les airs, ces mauvais airs, les bons comme les autres, je ne suis plus, je ne suis plus, je suis là mais plus encore, tout à la fois me glissant dans la neige, tout à la fois me chassant sans cesse je suis fumée et je me fonds dans le bitume, même à des heures indues, même au fin fond de l’inconnu.

Je suis loin et je pars encore je suis dense comme je suis danse et le flux flots c’est aussi moi et le Noûs grandit vers l’infini et pourtant il y a aussi toi et moi de relié mais tout est dans tout et bientôt je suis serai tout. Je me noie dans les flux flots à en respirer encore plus fort, plus profond. Tout me traverse tout me transperce.

Ne m’attendez pas, ne m’attendez plus, je ne rentrerai pas.

Je ne suis que cet inconnu qui s’ouvre porte après porte comme toi même l’a été ma Porte-Clé, toi qui m’a ouvert à tout comme à rien en même temps tu m’as confondu avec un autre, moi je tire des traits, et je cours devant les courbes, je suis le cercle au fond du trou comme le trou autour du monde.

Tu dois me croire de plus en plus fou.

Et même si ça me rend triste, ça me fait encore plus rire.

Je ne rentrerai pas tu sais je suis parti je suis loin de tout, tout de loin je souris je glisse même sur la neige.

Ne m’attendez pas, ne m’attendez plus, je ne rentrerai pas.


***

Jour jour qui sont Dits et huit.

« Dans le véritable amour, c’est l’âme qui enveloppe le corps » Nietzsche.

Dans l’âme qui s’enroule autour d’un doigt c’est l’estime et l’intention qui commencent à remonter vers le poignet, le coude, le cou et les lèvres. C’est le regard qui creuse, se creuse pour être rempli par l’autre. C’est le crépuscule qui s’en laisse à la nuit, mystérieux dans le sombre silence. En Attente d’Intention. Des nuits sauvages et douces. Jusqu’à l’aube, avant matin, avant matinée, avant début c’était déjà par ailleurs et là aussi.

Alors délivre moi, si tu crois un peu en moi, alors délivre moi, si tu y as déjà cru au moins une fois…

Sénèque écrivit à Lucilius : « Ton temps, jusqu’à présent, on te le prenait, on te le dérobait, il t’échappait. Récupère-le, et prends en soin. La vérité, crois-moi, la voici : notre temps, on nous en arrache une partie, on nous en détourne une autre, et le reste nous coule entre les doigts. » Et il ajoute : « […] saisis-toi de chaque heure. Tu seras moins dépendant de demain si tu t’empares d’aujourd’hui. »

On nous montre une autoroute, vitesse rapide imposée, pleine de monde, aucun temps de regarder, ressentir, attention prise, surprise même. Impossible de prendre son temps !

Donc. Changer de route, trouver un chemin, laisser toute mécanique artificielle, être nature et vrai. S’avancer où dans le sable ou sur un terreau léger ou gravillonné ou une terre battue rougie. S’avancer pas à pas, à son rythme et se pauser, se reposer, attendre son tour, attendre son temps d’être pris en charge ou noyé sous les baisers. Partir seul c’est pas un plaisir tout le temps, si ça dure. Prendre le temps de se poser sur une aire, sur un coin ombré. Prendre son rythme, ne pas se le laisser imposer. Décider de son rythme. Se retrouver c’est prendre le temps de soi, se retrouver suppose de s’être trouvé, et pour se trouver rien de mieux que le temps de faire les choses à sa propre vitesse.

Et avancer, pas à pas, ou par grands pas si tu as trouvé les bottes de sept lieues. Ou celles de cent lieux. Se permettre le voyage, se permettre l’ailleurs. Car là « tu » est chez toi quand « tu » est toi. Et je pourrai placer encore d’autres choses moi, maintenant que je suis dans le flux flots, la résonance c’est aussi trouver la route dans les vagues, la vague au cœur des routes, au cœur des vies, autour de tout et au cœur de tout. S’auto-riser la lumière comme vue, s’autoriser d’être une porte lumière, et éclairer au sein de la tempête comme au cœur de la vague de nuit. C’est aussi sur la thin red line que cette lampe tempête que toi tu es peut briller comme vie commence et continue. Témoignage du témoin présent. De la présence pour être présent dans la lumière comme dans son temps. Briller en soi comme pour soi, éclairer l’intérieur comme l’extérieur, rien ne nuit. Sauf l’ombre sans partage. Rien de nuit quand la porte lumière s’entrouvre toujours plus grand, jusqu’au deux vantaux.

Je te montre une route, un chemin, le temps pour le saisir. Et te délivrer je voudrais. Alors si tu es lumière porte emporte tout vers moi et moi envers toi comme en vie. Voilà.




à suivre en janvier Jour 19...



 
Les Chroniques du
Poisson Silencieux

        pour Francopolis décembre 2012
par  Patrick Duquoc, dit Pant
recherche Gert

 

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Créé le 1er mars 2002- rubriques 2010