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Pieds des Mots : Actu 2010 - 2011

Omar M'habra par Ali Iken -  Khadija Mouhsine - Mohamed Loakira ... et plus

LES PIEDS DES MOTS
         Où les mots quittent l'abstrait pour s'ancrer dans un lieu, un personnage, une rencontre...


AVRIL 2014

ESSAI LITTÉRAIRE

&

POÉSIE


 ESSAI
En littérature, un essai est une œuvre de réflexion portant sur les sujets les plus divers et exposé de manière personnelle, voire subjective par l'auteur.

L'énonciateur se met en scène dans le texte et il s'adresse à un lecteur. Il ne s'agit cependant pas d'une autobiographie. L'essai est un texte qui propose une réflexion, il expose, analyse. Il n'apporte pas une démonstration complète, il propose plutôt une intuition réfléchie

Écrire au gré de sa pensée, sans idées préconçues, dans le seul plaisir de voir sa réflexion en mouvement, voilà ce que recherchait avant tout ce philosophe qui donna naissance à un genre littéraire qui, faute de respecter des règles prédéfinies, est souvent contesté.
L'essai est un genre argumentatif qui parle de la réalité et rejette la fiction. Il est toujours écrit en prose.




QUELQUES COURS ESSAIS LITTÉRAIRES
Louise Warren
*
Écrit par l'écho
Dès que je m'étends au sol, dans mon lit ou sur les quais, dès que je me creuse une place dans le hamac et que je ferme les yeux, l'écho de mes pensées entre en mouvement. Cela ressemble souvent au ton d'une lettre amicale, bienveillante. La vie est brusque et cette intimité rassure. Souvent, je remonte de ces descentes avec un texte prêt à s'écrire, mais je laisse flotter. J'aime ce temps de brume, flou, imprécis, d'un monde sans lunettes, sans loupe, qui s'ajuste et se précise en prenant son temps, en vivant dans les actions d'une journée, en puisant dans le sommeil, la nuit, le souffle.

Comprendre un poème ou une formule mathématique relève de la même énigme. Découvrir avec un radiologue une échographie procure la même sensation que descendre au fond de soi avec, comme seul instrument, l'intuition et l'intelligence de la poésie.

Ma toute première fois devant l'écran de l'échographe, je me suis vue en plusieurs strates de gris. Un vieux portrait. Aucune pathologie particulière.

J'ai dû, au cours de ma vie, subir une dizaine d'échographies qui m'ont montré l'intérieur de mon épaule, de mes genoux, de mes organes. Récemment, j'ai vu la calcification autour d'un os. L'intérieur de mon corps parsemé d'étoiles, de pépites. J'arrive là, à ce paysage sans nom. Sans doute l'étape avant la poussière, avec encore du temps devant.

Chaque fois, allongée ou assise, je tourne la tête vers le moniteur et je regarde les images avec le spécialiste. Je manifeste mon intérêt pour ces nébuleuses, ces taches insolites parfois si rouges qu'on croirait à des brûlures. Un cachet de cire. Entre une image et moi, une grande émotion toujours se renouvelle. Mais les échographies qui m'ont le plus chavirée ont été celles de mes deux enfants.

Nous sommes très seuls dans notre corps et ce, pratiquement toute notre vie. Mais, en 1989 et en 1996, j'ai été deux.

Le premier contact avec mes bébés a été d'entendre battre leur cœur. Puis, dans les deux cas, par échographie, j'ai vu la tête, le dos, les pieds. J'ai vu que j'étais habitée. Complètement. Que le placenta était plus blanc que le reste. Lors d'un examen, mon fils dormait dans mon ventre, puis il s'est éveillé, transparent. Heureux rêveur en devenir, ai-je songé.

J'ai admiré la main et le bras de ma fille dessinant un arc au-dessus de sa tête et, durant toute la grossesse, j'ai pensé - avec raison - que je portais la grâce. Ces premières images de mes enfants, je les vois exactement comme je les décris.

Le mot échographie est chargé de sens. D'où sa beauté. J'aime sa vitesse. Il se traduit ainsi: écrit par l'écho. C'est presque définir l'écriture que je pratique, que j'attends, comme si la voix venait de très loin, du creux d'une vallée, du fond des eaux, transportée par l'écho de rêveries conscientes ou d'un monde oublié. Écriture que j'entends et qui arrive par d'étranges couloirs secrets, tamisés comme dans ces petites salles réservées aux échographies. Même lumière feutrée que dans les studios de radio. Voix qui surgit des livres, des objets, des lieux, d'anciennes peurs ou à travers des tremblements neufs. En résonance.

Avec l'échographie, on expérimente le direct, le mouvement de sa propre vie. On sait si l'organe est en santé, capricieux, paresseux ou malade. On sait s'il y a des pierres. Une menace. Un danger. On apprend que sa douleur porte le nom de capsulite. On sait si l'enfant est viable, s'il se développe bien. Si c'est un garçon ou une fille qui bouge beaucoup. La sonde effectue un balayage, prend des mesures, la sonde précise, revient, ralentit, elle renforce l'émotion. Elle accompagne la pensée, elle sait quoi voir, quoi chercher. Et, comme en poésie, l'image apparaît.

Aller dans une zone d'écriture, c'est écrire avec un crayon lumineux. La sonde explore la matière et la rencontre du vivant a lieu.

Louise Warren
ref. Les prix littéraires Radio-Canada (Québec)

**

Lire de la poésie c’est consentir à être transformé, accepter l’obscur, veiller sur le monde des choses, des objets, aussi bien que sur une lente respiration. Accueillir une grâce, quitter le temps pour l’instant, rompre avec sa langue, être en exil des habitudes que l’usage des mots a créées en nous. Réapprendre à dire personne dans la langue de Celan, de Pessoa, de Louise Dupré ou de Paul Chanel Malenfant ne crée par le même contact, la même touche. Dans la chair du mot, il y a l’histoire, l’origine, l’émotion que le poète lui accorde, que le poème consent à lui donner.

Si je dis personne, je dis plus vaste que l’abîme, je m’approche plus près de l’épreuve de solitude, plus près de l’absence. Quand j’écris personne, je ne suis ni à parler ni à appeler, je suis à accueillir, à faire de ce mot en apparence vide de corps une présence prête à me soutenir dans cette épreuve... (Extrait)

Bleu de Delft. Archives de solitude, essai, Trait d’union, coll. Spirale

***

Je suis souvent debout, face à ma bibliothèque, en quête d'une révélation ou d'une apparition. Comme devant un paysage, je médite en laissant mon regard parcourir les lignes horizontales des tablettes, verticales des livres. Rangées de voix, de spectateurs, balcons étagés : ma bibliothèque est un théâtre... (extrait)

 Attachements, Observation d'une bibliothèque 2010,


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POÉSIE

La poésie est un art du langage, une façon de « sculpter » les phrases et les mots pour leur faire dire plus qu'ils ne disent habituellement. Par la richesse des images poétiques, l'artiste donne à voir sa propre vision du monde.

Art d’évoquer et suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l’union intense des sons des rythmes, des harmonies.



POÈMES
de Louise Warren


« Couché dans la neige, devant
la porte, son corps: noué de la tête
à la ceinture, dans son poing
fermé un bout de papier
récepteur de son silence
»

(tiré du recueil, Madeleine de janvier à septembre)

**
Un carnet
aux lignes pâles
un lac où je me retire
cette porte de lumière bleue
cette porte de neige
toute cette paix entrée en moi
qui reste jusqu'a la nuit
écrire pour donner un langage
à la lumière.

(tiré du recueil, Soleil comme un oracle)

***

Une embarcation passe passe dans le miroir        disparaît

l'eau n'est plus la même

moi non plus

*

sensation de chaleur à regarder certains objets

un souvenir s'approche au ralenti    tressaille et meurt

des crayons   dans toutes les pièces   une journée

(tiré de son dernier recueil :  Voir venir la patience )

*Autres textes : Rubriques- Coup de coeur - Francopolis

***

*****
Essai et Poésie : Louise Warren

Son site (Louise Warren, poète et essayiste, née à Montréal (Québec, Canada)
Engagée dans l'écriture depuis 1984, elle a publié seize recueils de poésie et de nombreux essais portant sur l’expérience de la création et de l’œuvre d’art et elle a participé à de nombreux événements internationaux, en Europe, en Amérique du Sud, en Nouvelle-Zélande et au Japon...

L'île, l'infocentre littéraire des écrivains québécois

Article dans La Presse
« Le lac c'est comme si je nageais dans ma conscience. C'est toujours en mouvement. Ceci dit, je suis aussi à l'aise à Paris que chez moi, mais à la campagne, je suis moins distraite. Il n'y a rien d'autre à faire qu'écrire.» réf. Nommer les sensations, Mario Cloutier, La Presse.

Wikipedia, une ébauche concernant une femme de lettres.

Voir, Louise Warren, Au fil des pages

Revue Nunc, "Nous, paroles inquiètes"

Terre de femmes, Louise Warren, Apparitions

l'action.com, Louise Warren, Voir venir la patience, (son dernier recueil 2014)

et plus...

**
Louise Warren sera à la bibliothèque J.R. L'Heureux,
à Maniwaki
, (Québec) le 23 avril 2014 à 19:00h
Essai et Poésie
Louise Warren

        Francopolis avril 2014
rercherche Gertrude Millaire

 

Le principe des Pieds des mots,
est de nous partager l'âme d'un lieu,  réel ou imaginaire,  où votre coeur est ancré... ou une aventure.... un personnage.

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               Archives Les pieds de mots 2006-2004

 

Créé le 1er mars 2002- rubriques 2010