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Ou les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage.

 

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GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifMars – avril 2019

 

Libre parole à

François Minod

 

Être vu

 

– Tant à faire encore. Pour les autres, les voisins du dessous et ceux du dessus aussi, et les voisins de palier, ceux que je croise le soir ou le matin, parfois même au milieu de la journée.

Tant à faire pour tous ces voisins-là. Sans compter ceux du quartier. De mon quartier.

– Et les autres ?

– Sont pas de mon quartier.

– Et alors ?

– Alors, qu’ils se débrouillent !

– C’est dur.

– Peut-être, mais tout de même je ne peux pas faire pour tout le monde.

– Quitte à faire, pourquoi pas pour les autres aussi ? Faites plus général, plus global.

– Comment ça ?

– Faites en numérique par exemple. Ils vous verront tous en train de faire pour eux au même moment. C’est une sacrée économie d’échelle tout de même.

– Expliquez-moi ça.

– Vous n’êtes pas obligé d’en faire des tonnes, vous pouvez juste en faire un peu mais pour beaucoup. L’essentiel c’est ce qui est perçu en même temps par le plus grand nombre. À la limite, vous pourriez juste vous contenter de leur signaler.

– Vous voulez dire que je pourrais ne pas faire ?

– C’est ça, juste leur dire.

– Leur dire : je fais, alors que je n’ai fait que le dire ?

– Oui, mais c’est important de le dire, il y a tellement de gens qui ne disent rien et qui font en silence pour quelques-uns, parfois même pour un seul, ça reste confidentiel.

– Donc en ce qui me concerne, je pourrais dire : « Je fais pour vous. » Ça suffit, je serai quitte ?

– Ce n’est même pas la peine de dire « pour vous ». « Je fais ». Point.

– Donc je me présente à eux, et je dis « je fais », c’est ça, hein ?

– On pourrait même se passer du « je fais » finalement. Vous arrivez devant eux, ils vous voient, ça suffit.

– Ma présence seule suffit ?

– Oui, vous leur faites don de votre présence. Un court instant.

– C’est ce que je vais faire, leur faire don de ma présence, juste un instant. Ils seront chez eux bien assis au fond de leur canapé, j’arrive devant eux en numérique et hop ! ils me voient et ça suffit. Merci, merci mille fois de vos bons conseils. Grâce à vous, je vais enfin pouvoir sortir de mon petit monde égoïste et être vu un court instant par tous ces gens.

 

©François Minod