À nous pauvres humains
(Guerres et pandémies)
La suite sans fin des
massacres et des guerres
tant de
corps amoncelés partout sur la terre
Les rois d’antan censés
guérir les écrouelles
préféraient
chevaucher et chasser les rebelles
Jusqu’au bout du monde
triomphe la violence
Ceux qui fuient les combats
cheminent en silence
pleurant
leurs proches laissés dans une tombe
ils
entendent encore le fracas des bombes
Comment calmer l’inquiétude
d’une mère
restée
sans nouvelle de ses fils ou du père
Faut-il remémorer la longue
litanie
de
notre espèce les terribles avanies
Guerres anciennes ou
modernes
Péloponnèse ou Dardanelles
guerre de
cent ans ou guerre éclair
guerre
impériale ou coloniale
dans les
tranchées ou dans les airs
les
occasions ne manquent pas
de s’entresuicider
Car les hommes sont des
animaux dangereux
ils
ignorent les avertissements des dieux
ils ne
respectent pas l’œuvre de la nature
ils
n’ont aucun respect envers ses créatures
alors
doit-on s’étonner quand elle perd patience
qu’elle déploie
ses armes contre notre engeance
Faut-il se répéter la triste
rhapsodie
de
notre espèce les terribles maladies
Les pestiférés de Jaffa
les
phtisiques les poitrinaires
le
sida et le choléra
les
infarctus les AVC
le
cancer aux mille visages
les
culs de jatte et les manchots
enfin
toute la ribambelle
de nos
plus belles affections
Mais nos amis les hommes ont
la tête si dure
ils se
moquent de la sagesse d’Épicure
Coriaces il se sont habitués
au malheur
ils ont
rencontré si rarement le bonheur
qu’il ne
leur manque pas. Alors on les punit
encore et
encore fléau après fléau
De leurs pires vices
inlassables féaux
s’ils
savent se plaindre ils ne s’amendent point
parés
pour encaisser le prochain coup de poing
On l’appelle COVID. Masculin
féminin
ce
n’est pas décidé. En tout cas bien malin
tant il
est habile à se métamorphoser
pour
nous pénétrer et mieux nous décomposer
Pernicieux malfaisant et
toujours menaçant
à le
vaincre nous sommes encore impuissants
Nous portons un masque nous
ne nous touchons pas
appréhendant de
passer de vie à trépas
Qui n’a déjà perdu un parent
un ami
un
copain dans cette funeste épidémie
Rode la mort on accuse le
mauvais sort
mais il
faut vivre faire preuve de ressort
Alors on passe à d’autres
choses
on
s’achète un bouquet de roses
31 mars 2022
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