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 GUEULE DE MOTS –ARCHIVES

(2010-2016)

 

 

GUEULE DE MOTS



Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...

Cette rubrique reprend un second souffle en ce début 2014 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR... Libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie, de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle à l'écriture...etc.

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifCe mois de février 2017

Libre parole à…

 

Michel Ostertag.

Les amours de Paris…

Amoureux de Paris, l’ayant dans la peau telle une femme – des femmes, autant que ses rues, ses passages couverts, ses ruelles, ses souvenirs – Michel nous livre ici ses amours secrètes… sous forme de poèmes enchanteurs et remplis d’un charme discret et persistant. Comment ne pas l’aimer !...

Sous cette rubrique donc, d’habitude plutôt amère et critique – réalité oblige – nous accueille cette fois, une gueule bien sympathique et amicale… Oui, il faut conserver ses rêves et ses beaux souvenirs malgré tout ! Merci Michel…

 

Passages de Paris

Passage du Caire,
passage Brady,
des Panoramas,
du Lido,
Vivienne ou Choiseul,
vous êtes les traboules de Paris, luxueuses, achalandées, éclairées, recherchées, bien fréquentées, à l’écart des touristes, aux bruits en forme d’échos, aux harmoniques du passé : Paris de la fin d’une époque, celle du XIXè siècle… Baron Haussmann… Hugo en exil écrivant sur Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867… Passage des poètes, des flâneurs, des acheteurs parfois,

des femmes seules, aussi…
Les poètes prétendent qu’on en sort à chaque fois différent de ce qu’on était en entrant.
Peut-être !
Mais, ce qui est vrai c’est que le temps écoulé dans tous ces passages est un temps retenu, retaillé à l’échelle du temps pour une autre mesure, plus subtile celle-là. On entre par un quartier, on s’attarde à la devanture d’une librairie, on se laisse aller à feuilleter un vieil album de photos sur Paris, ou encore, discrètement, quelques photos osées des années "d’entre-deux-guerres ", on perd la notion du temps, on oublie ses soucis, mais arrive un moment où il faut repartir, l’extase ne peut pas durer au-delà d’un certain temps, on accélère le pas, on se promet à soi-même de revenir, et on sort à l’autre bout du passage dans un autre quartier, il pleut, quand, tout à l’heure,

il faisait soleil. Trait d’union entre deux moments ; deux endroits, deux états d’âme. Mystère des passages de Paris.
Mystère et aussi envoûtement.
Y mettre les pieds une fois et l’on est conquis pour la vie.

Avec un seul désir : visiter d’autres passages, ne serait-ce que pour vérifier si le même charme opère.
Je peux en parler, j’ai fait cette démarche - un peu comme un rite initiatique - et je peux vous affirmer qu’à chaque fois

le miracle s’accomplit, le désir est devenu si fort qu’on ne peut y résister : qu’on revienne à celui-ci ou à un autre, n’importe, l’atmosphère est à chaque fois la même, tenace.
Je suis ici chez moi… Je rêve d’habiter dans une de ces petites pièces, tout là-haut au-dessous des verrières, petites fenêtres alignées les unes à côté des autres, comme à touche-touche…
Me pencher à l’une de ces lucarnes et comme vu du ciel passer mon temps à regarder flâner les passants… Le rêve !
Quand la nuit est tombée sur Paris… les soirs d’hiver… j’aime

le moindre bruit qui résonne à l’infini… les pas du dernier rôdeur, du dernier passant, du dernier rideau de fer qu’on abaisse avec vigueur comme pour bien marquer la fin de la journée…
Alors, je retarde sans cesse le moment de vous quitter, Passages ! Hélas, ce n’est pas encore ce soir que je ferai la fermeture d’un de ces lieux privilégiés…
Un jour, je serai clochard au passage Choiseul à déclamer à haute voix des poèmes de José Maria de Hérédia ou de Sully prud’homme en hommage à Alphonse Lemerre qui fut l’éditeur des poètes parnassiens, au n° 23 du passage, n’oublions pas que c’est chez lui que Verlaine publia ses premiers poèmes…
Et quelque soir d’hiver, j’entrerai en cachette au théâtre des « Bouffes Parisiens » par une porte dérobée donnant dans le passage, et, tapis dans l’ombre, j’assisterai à une pièce que j’aurai choisie par sa qualité poétique, le renom des acteurs et, une fois le rideau retombé, l’âme enchantée, je finirai ma nuit couché dans l’encoignure d’une porte cochère la tête dans les étoiles et le cœur plein de beaux sentiments et de vers mêlés. Bonheur ineffable à nul autre pareil !

 

 

Une soirée chez Proust

Boulevard Haussmann, près la place Saint-Augustin,

une fois la nuit venue, les rues désertes,

j’ai revêtu mon beau smoking, lissé mes cheveux,

peigné ma moustache, parfumé mon corps.

J’ai banni de mon vocabulaire

toute trace de vulgarité, je me veux parfait,

ne serait-ce que le temps d’une soirée.

Je rencontrerai l’élite, l’élite de la pensée.
Je mesurerai mes propos, mangerai peu,

boirai encore moins pour être mille fois plus présent.

Je noterai tout ce que j’aurai vu et entendu.

Mon carnet noir m’attend, ouvert sur une page blanche.

J’y consignerai chaque moment, vécu,

chaque parole dite. En sortant, je me perdrai

au square Louis XVI ou j’irai à la statue de Jeanne d’Arc, tourner autour, en guise de danse Totem ou saluer le bon Déroulède et sa trompette guerrière à soulever les cœurs et remplir les tranchées de 14-18.

Je pense à Proust, le maître des lieux, évanescent, discret, diaphane et tellement présent d’un mot d’esprit,

d’un aphorisme. Je quitte les lieux ébloui d’avoir côtoyé

les sommets de l’esprit et subitement petit dans mon smoking.

 

 

Le parc Montsouris

Rappelle-toi Montsouris

Son parc, c’était l’été,

Nous marchions côte à côte

Des enfants jouaient autour de nous

Se chamaillaient, se pourchassaient

Et nous marchions parmi eux

Les yeux emplis d’un bonheur

Intérieur que le soleil réchauffait

De ses rayons.

C’était au parc Montsouris, à Paris, en France

Un jour d’été.

Toi et moi.

 

 

Chapelle Ste Rita

À La chapelle Sainte Rita

Boulevard de Clichy, au n°65

J’ai exposé ma cause

Désespérée : devenir riche

Et célèbre par mon talent

De poète.

Elle ne m’a jamais répondu

Pas même un sourire,

Pas même une main tendue.

Un léger sourire m’aurait ravi l’âme.

Un soutien, quoi.

Que dalle !

 

Maintenant quand je passe devant la chapelle,

Je détourne les yeux et n’entre pas.

 

 

Rue de la Colombe

À côté de ND de Paris

Il y a une petite rue

Au nom charmant

De rue de la Colombe.

Dans cette rue, au n°6

Des pavés sont tracés

Sur la chaussée, en biais,

D’une largeur de

Quelques mètres seulement

Ils représentent le chemin

De ronde au temps de Lutèce.

Chemin découvert en 1898.

Un vent de folie a soufflé subitement

Sur cet ancien rempart du temps de

Lutèce. Je me suis senti comme soulevé,

Plus maître de mes mouvements,

Je me suis vu en hallebardier

Montant la garder et criant aux Lutéciens

«Braves gens, dormez tranquilles, je veille

À votre sécurité »

Un attroupement s’est formé

Les Parisiens m’ont regardé de travers

J’ai tourné ça à la rigolade

On a fini la journée au bar d’en face.

 

 

Engageons-nous maintenant dans la rue de la Colombe. Au n° 6, à droite du café, une inscription signale qu’à cet endroit se situait autrefois le rempart romain. Vestiges découverts en 1898. Au sol, un pavage différent et transversal correspond à l’ancien tracé de l’enceinte gallo-romaine de Lutèce en 285, lors de l’invasion des barbares.

Lutece– Oui, tu vois, à l’époque, pour fuir les invasions des barbares, les habitants de la rive gauche du fleuve durent abandonner leurs habitations et venir se réfugier dans l’île. Cette muraille était épaisse de 2,5 mètres environ à la base et de 2 mètres au sommet avec une hauteur de 2 mètres de haut.

Lutece– Pas très haut, en fait.

– T’as raison, mais cela devait suffire, je suppose.

– De quels matériaux était-elle constituée ?

– De deux parements verticaux entre lesquels on avait entassé hâtivement des pierres de toutes sortes. Tiens, regarde, j’ai apporté la reproduction d’un plan que j’ai pris dans le « Dictionnaire Historique des rues de Paris » de J. Hillairet, notre bible ! On y voit très clairement la situation géographique de l’île de la Cité par rapport à l’ensemble. On est loin de l’urbanisme d’aujourd’hui, hein…

– La peur qu’ils devaient avoir… face aux hordes barbaresques !

– Et sans avoir le soutien du divin, car à cette époque, bien entendu, la cathédrale n’existait pas encore !

 

Extrait des » Balades parisiennes de l’Oncle Jérôme » 

publiées sur le site écrits-vains.com

 

 

http://www.francopolis.net/rubriques/sakurai06.gifpour Gueule de mots février 2017 :

Michel Ostertag
 

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