Avec la plume blanche
d’aigrettes qui ne tremblent
ni devant le soleil
ni dans le noir profond
tu gravis quelques lettres
Ces gestes culottés
de chaque voyelle
qui froncent leurs ailes
et gonflent leurs lèvres
de mille insectes blonds !
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copyright Denis Panorias
Des Y font naître
figues et oliviers
des maisons toutes blanches
ce bleu ardent qui couve
le soleil et la mer
un alphabet ancien
mêlé de sons nouveaux
l’étrangeté des voix
prises dans la lumière
du partage des mots
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Ondoyant et voyeur
en désir de voyance
Y un peu noyé
dans le noir labyrinthe
file vers un rayon
tisse quelque sibylle
qui royale réponde
alors que le mystère
voyage de partout
avec ses yeux voyous
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La mine un peu grise
le i lisse son groin
dans ses rimes se mirent
petits grains de folie
où un œil rit au moins
La mine assez libre
le i tire un trait fin
de vires en voltiges
de rives en chemins
il ignore sa tige
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Un scorpion noir touché
au rouge de son cœur
offre à un bouton d’or
éclos et solidaire
les o de son souffrir
Sous l’éboulis des voix
les odeurs se confondent
dans un sursaut voûté
le bouton d’or répond
du froid et de la mort
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Sur la pointe des pieds
se lève un petit e
il lèche sur ses lèvres
la pluie blanche du temps
qui échappe à ton verre
Pour que germent glumelles
grand E ne fait carême
et file avec le vent
à la terre il révèle
la rosée essentielle
*

copyright Denis Panorias
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Le A dans sa spirale
abreuve quelques astres
d’éclats et de lézards
mais au bas du matin
lâche aussi une larme
Au nuage il arrache
son masque d’ange blanc
lui adresse palabres
pour qu’au-delà il passe
se baigner dans l’étang
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Bleu parfois qui habille
les arbres et les babils
abrite un jour ou deux
douces lettres en folie
en vrai elles respirent
Dans le pays d’ici
un souffle sur ta bouche
coud et découd les mots
repousse un peu la mort
qui en vrai perd la boule
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copyright Denis Panorias
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