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ARCHIVES : CRÉAPHONIE

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Poèmes de Jean-Luc Gastecelle, dessins de Guillaume Poupard
présenté par Dana Shishmanian

« Les textes et les dessins reproduits ici sont partie intégrante les uns des autres, puisque les textes sont écrits à partir des dessins ou l'inverse, nous les avons toujours produits ensemble. C'est un aperçu d'une exposition commune réalisée à Serres dans les Hautes-Alpes (2006 : Traces de corps). »

Jean-Luc Gastecelle, de profession psychiatre et psychanalyste, est déjà connu des lecteurs de Francopolis : des poèmes de lui ont été retenus dans la sélection de janvier 2009  où il se présente. Visiter son blog : Les sans ciel

Guillaume Poupard est docteur en psychopathologie, superviseur, psychothérapeute et enseignant certifié en Hypnose et Thérapies Brèves, auteur de nombreuses publications et d’ouvrages spécialisés.
En tant qu’artiste plasticien il a signé de nombreuses expositions dans les Hautes-Alpes et en Province, ainsi que des illustrations de revues et livres d’art.
Son site Dr.Poupard



Livre 1


Matin de bouches cousues
Matin cerné des épaves de mes nuits
A la fibule de tes mots
(Rire saturé de ma semence)
Infidèle murmure
Qui sait taire la ruine
Le réveil du soupçon
Nargue l’hystérie des mots
J’ai fermé le bocal aux caramboles
Pour
Éviter de croire au miracle
Et pourtant ce matin <j’y crois>
A la rencontre du sourire
Sans chair meurtrie
<Sans>
Le vent respire le linge qui sèche au soleil

 
Livre 2

J’ai convoyé l’écheveau
Des pierres infernales de mes contusions
La silice lisse coule entre mes doigts
Égrainant l’étoffe du temps
Sablier de verre de mes secrets exophtalmiques.
J’ai trop tardé
A apprendre les rides infécondes du vent
Ces baisers posés aux rives de tes absences
Tant besoin de croire
Aux dérives de tes cheveux
Accrochés à mes doigts
Comme on fait glisser les herbes
Sur les gerçures du désir irradié
Se délite le souvenir encré
de mes forces sauvages
vivaces invisibles secrètes
Presque serein de me confondre à la terre
de tes fantasmes et de tes sentences
Appartenance virile
Je suis l’œil de lynx de la névrose de tes mots
Le bonheur résiste
A l’entrejambe des femmes
Il y a même des transpirations volatiles
Au chevet des insomnies
Je te suppose de manière frontale
Au risque de murmurer le mot
Les écorchures apaisent les courbes de ton regard
Suis lové au creuset de tes rêves



J’ai rendez vous avec le sillage nonchalant
Des tortues de mer
Reconnaissantes de mon aube océane
Ce soir j’ai des envies de mers profondes et sombres
Où se noyer dans les sables roux
Révèle l’empreinte de l’inhumain
Je suis à l’encoche de l’attente
A l’essoufflement du reproche
A la croisée de ta bouche
Cette algue vive des sentiers creusés où tu écris
Ce linge que tu déplies
Qui enveloppe tes maux naissants
Je suis l’oreille de ton murmure nu
A la pointe des eaux imprévisibles
Je reconnais ton silence
D’après le frémissement
Ça y est, je vois, je vois
L’improbable
Je ne ressens que la douleur de l’impossible
L’articulation inflammatoire de ton cri



Livre 3

J’ai bâillonné
La résurgence acide de ton sourire
D’argile et de perles
Chiffonné les mots
De la naissance de l’aube
Miroir de faille
Transpirante
Dessinée (modelée)
Avec la terre et les mains jointes
De tes premières angoisses
Macle de ton silence insoupçonnable


Tu sais en ta naissance              
Éviter l’origine
La trace des serpentines
Habite ton regard
Les rayures du soleil   
Apprivoisent ton cri
Tu es en ton marbre figé
Bouillonnant de la
Parole des hommes

Il y a du feu dans les pierres

Il y a comme un trait incertain
Qui justifie de vivre



 
Livre 4

Tracas
La peau des mots fissure
Habillage sur mesure
Emotion qui transpire à tue-tête
Je suis cette cicatrice illisible du sommeil artificiel
Chronique de l’oubli
Nos chairs sont nos chaînes
Qui nous délient
Et annoncent la parole nue
Le verbe entier du sourire
Il y a parfois au fond de soi
Un long trait fragile et gracile qui se tend
Et qui pointille graphite
Illicite
Du voyage que jamais nous ne ferons
Comme si de notre vie il ne devait rien rester

Ma plus grande blessure est
de ne pas souffrir

Et pourtant tu inspires la
caresse au monde.



Livre 5

Ce que silence dit

Il le lie au tragique de nos vies

Rivière qui change de lit

Amertume des hivers trop courts

Fonte glaciaire anticipée

Il résiste dans nos mains

Ce réveil éclairé des yeux

Cette journée profilée entre deux murs

blancs qui regardent

L’immaculé de nos bouches

Chargées de vociférations

Il préfère l’obscur

Du silence à venir

Il le sait que se regarder
C’est ne pas parler

Pouvoir taire ainsi

L’évidence nécessaire

Du frottement








J’ai gardé les petits pieds de mon enfance

Le silence n’efface pas le silence



Livre 6

Les mots recomposent la
Souffrance des corps
Dans l’immensité
De l’insolent silence
Je suis la poussière
Qui décale le temps
L’instant tanné, écorché par le vent
Je ne suis
Que
Trace
Du Silence




Livre 7


Un rien parfois
Fait obstacle à l’éclosion
De la parole
Il y a des paresses inexplicables
Des oublis fertiles
Qui opacifient le front des hommes
Le coma des mots
Comme associé au coma des pierres
Dure encore
Et ne nous surprend plus
Dépouille
De la souffrance
Nous savons tous
Qu’un jour
Il y a réveil



Une herbe dans le cœur

 Devant jour
            





Jean-Luc Gastecelle & Guillaume Poupard
créaphonie Francopolis octobre 2014
recherche  Dana Shishmanian

 
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Créé le 1 mars 2002


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