Billet d'humour ou ballade d'humeur
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que se taire...










 
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MARS 2009

  Aphorismes    

  


par Aaron de Najran

-Prononcer vingt-cinq aphorismes par jour et ajouter- : «Tout est là»
(Jules Renard)



Aphorismes D’AUXEMÉRY

Nous vivons au milieu de vieillards infantiles et de gamins séniles.

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Les aphorismes du pire sont des preuves de goût.

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Nous cultivons l’irrémédiable.

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Les rues s’alignent parfois encore, et c’est folie. Le bruyant désert des villes d’après prend des apparences de raison, sous lesquelles on devine que des hordes de loups viennent boire à des fontaines d’eau boueuse.

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Des trains courent sous les nappes de béton, au pied de librairies immenses où se consultent des livres de verre, que les regards font se briser, puis disparaître.

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Aveugles mendiant au coin du bois l’approbation des carnassiers.

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Les sources seront gardées par des milices chargées d’éliminer toute approche physique de cet élément dans le contexte naturel où il surgit : on distribuera des rations inidentifiables, ce sera tout. Chacun boira pour tenir ses seuls tissus sains en l’état.

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Toute la bestialité du monde ne demande plus désormais qu’à se parfaire.

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Toute honte est bien bue, déjà, et nous n’en sommes pas ivres pour autant – pas même ivres de notre honte.

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Nous consommerons notre mort bienheureuse sous l’œil de fonctionnaires pas même ironiques, à peine doués de la parole, qui manœuvreront des viseurs.

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Insulter ceux qui insultent à la vie, est-ce possible, encore ?

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Mais personne ne sait plus lire ce qui n’aura jamais trouvé à être écrit.

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Quiconque désormais ne se peint pas le visage ne saura pas se reconnaître.

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Aphorismes
DE PIERRE-ALBERT JOURDAN


Croire aux mots comme souliers et non comme épingles de fixation.

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 Il faudrait parler au-dessus de soi, comme on aide quelqu'un à franchir un mur.

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 Désapprendre pour s'ouvrir.

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 De la façon dont tu peux te couler en ce monde dépend la façon dont ce monde coulera en toi.

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 Ce ne sont pas les nuages qui sont menaçants. C'est la fixité du regard qui les ignore.

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 La sacralité du geste : l'anti-désordre.

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 Le vide de ton esprit porte l'échelle.

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 Le Tao dit : "Il préfère être éparpillé comme des cailloux."
L'idée de mur lui est sortie de la tête.

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Avec, pour compagne, une courbe de colline dans la brume du soir. S'effacer devant elle. S'efforcer de rendre cette politesse toute naturelle, sans effort.

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Ne cherche pas, oublie tout ce fatras. Approche-toi seulement de cette touffe de thym. Il y a tant à oublier. La démesure de l'action, la plaie de l'action. Réduis tes gestes. Reste là, proche de ce balancement des herbes à hauteur de ton visage. Enfonce-toi. Accède à ce seul rythme.

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Tu as tout le feuillage pour disparaître. Et quand disparaîtra le feuillage, c'est toi qui deviendras feuillage.

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C'est aussi une cathédrale l'amandier en fleurs tout bourdonnant d’abeilles.


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responsable Jean-Marc La Frenière                    
 pour Francopolis mars 2009                   

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Créé le 1 mars 2002

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