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OCTOBRE 2009
Aphorismes
et Pensées
par Aaron de Najran
-Prononcer vingt-cinq aphorismes par jour et ajouter- :
«Tout est là»
(Jules Renard)
PENSÉES DE GUILLEVIC
Il faudrait accepter - Pas la
mort, - Mais la mienne.
Sphère
Il n'y a pas d'ailleurs -
Où guérir d'ici.
Du domaine
Celui qui s'en va seul -
Cherche pour beaucoup d'autres.
Sphère
Dehors, - L'air qui s'ennuie -
Devient le vent.
Du domaine
Et quand il n'y aurait - Que
nous deux pour durer.
Sphère
Il y a des silences - Gros de
silence. - Ils s'écoutent.
Du domaine
L'eau - Dans l'étang -
Est occupée - A garder le temps.
Du domaine
L'horizon - Nous
condamne au cercle.
Du domaine
La terre est sous nos pieds, -
Solide, indifférente, - Heureusement.
Sphère
Le soleil - Ne sait rien de
l'ombre.
Du domaine
Mais mourir, - Ce peut
être une grande fatigue - Un soir, - Et un aveu.
Terraqué
Méfiez-vous. - Les
apparences - Peuvent être vraies.
Du domaine
On ne possède rien,
jamais, - Qu'un peu de temps.
Exécutoire
Pas d'aile, pas d'oiseau, pas
de vent, mais la nuit, - Rien que le battement d'une absence de bruit.
Sphère
S'il suffisait - De tendre la
main - Comme on tend l'oreille.
Du domaine
Si travail et courage - Ont
pris de la hauteur, - Que reste-t-il à faire - A qui ne
rêve pas?
Sphère
Au moins tu sais, toi,
océan, - Qu'il est inutile - De rêver ta fin.
Carnac
*
Biographie
Il vient au monde dans le
paysage pierreux et marin de la Bretagne. Puis son père, d'abord
marin, se fait gendarme et l'emmène à Jeumont (Nord) en
1909, à Saint-Jean-Brévelay (Morbihan) en 1912, à
Ferrette (Haut-Rhin) en 1919.
Après avoir passé un baccalauréat de
mathématiques, il est reçu au concours de 1926 dans
l'administration de l'Enregistrement (Alsace, Ardennes). Nommé
en 1935 à Paris rédacteur principal à la Direction
Générale au Ministère des Finances et des Affaires
économiques, il est affecté en 1942 au Contrôle
économique. Il appartient de 1945 à 1947 aux Cabinets des
ministres communistes François Billoux (Économie
nationale) puis Charles Tillon (Reconstruction). En 1947 après
l'éviction des ministres communistes, il réintègre
l'Inspection générale de l'Économie où il
s'occupe notamment d'études de conjoncture et
d'aménagement du territoire, jusqu'à sa retraite en 1967.
Il devient dès avant guerre l'ami de Jean Follain qui
l'introduit dans le groupe Sagesse. Puis il appartient au groupe de
l'École de Rochefort.
Catholique pratiquant jusque vers trente ans, il devient sympathisant
communiste au moment de la Guerre d'Espagne, adhère en 1942 au
Parti communiste alors qu'il se lie à Paul Éluard et
participe aux publications de la presse clandestine (Pierre Seghers,
Jean Lescure). Il demeure, malgré bien des réticences sur
la fin des années 60, fidèle à son engagement
jusqu'en 1980.
Après une période de résistance, de
rébellion contre l'ordre social et l'ordre des choses,
s'esquisse un retour à l'interrogation, une tentative
d'apprivoiser le monde et son silence. Refusant la métaphysique,
il choisit l'ici, qu'il explore sans fin, passionnément. Sa
poésie est concise, franche comme le roc, rugueuse et
généreuse, tout en demeurant suggestive. Sa
poétique se caractérise aussi par son refus des
métaphores, auxquelles il préfère les
comparaisons, jugées moins mensongères.
Guillevic a reçu le Grand Prix de poésie de
l'Académie française en 1976 et le grand Prix national de
poésie en 1984.
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recherche Serge Maisonnier
pour Francopolis octobre
2009
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