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Lucie Bernadette Bellemare
  sélection avril 2007

elle se présente à vous.


Pensées peintes

Plus sauvage encore que déjà ne fus
Île, me voilà de nouveau
Du bleu autour, un peu
À surprendre, blanc
L'espace ou se joue, débridée
Ma peau de roche, ma face de sable
Mon ventre dunesque vert et flaqueux
Je porte la terre en maints et maints endroits
Je porte aussi un manteau décousu et brodé d'un peu de fleurs
D'or et cuivre
On peut me voir brumeuse ou accueillante mouvante mouillée
Un peu altière mais bien plus disciple des algues
Un genre de mer ouverte
Sans vraiment l'assumer

Je peins aussi les rubans : ils volent partout
Les rubans sont nécessaires pour raconter la féminité
Ce qui bouge et fait la cadence
Ce qui s'approche et touche sans toucher
Panne d'authenticité, du bleu trop profond un peu partout
Juste pour créer les ombres ; a-t-on besoin d'ombres ?
Pourquoi chercher les contrastes, les masques, les reliures machinales ?
J'aime jouer dans le blanc pet de petit chat sec, auquel j'ai ajouté du jaune d'œuf
À écrire des textures qui expliquent
Ce qu'il ne faut pas dire
Les tortueuses et frangiloquantes arabesques, les amanteries désirées inavouées
Je me perds en me trouvant dans l'eau qui brouillage
Je me trouve en me rendant plus monstrueuse qu'un volcan
Il fait éruption sans gronder ; faut-il le croire ?
Panne de candeur
Quelque vent passe à travers moi sans interrompre sa course
Je suis plutôt celluloïd qu'avancée ou retirée
À saisir une autre fois

Comprendre, vibrer
Et puis rester là
Pour vouloir encore comprendre et vibrer
Savourer le pêche et le rocher, et le rocher, et le rocher
Encore
Sans avancer dans l'eau à cause d'un "il était une fois" gourmand
Même si je crierais tous les jurons de la terre
Pourrais-je me convaincre ?
Rien n'a la saveur du maintenant tout nu, sans assaisonnement
Et qu'à attendre qu'ait pousser le chou
Qu'ait compris Neptune
Ou que la Pythagore se réveille
Pourrira le pêche, s'érodera le rocher, le rocher, le rocher
Se désaxera la lune, s'alourdira la taupe

Vous êtes ma muse
Tissu de mer
Vous êtes ma sœur, non ?
Muscadière à tendons d'eau
Vous êtes ma Lauraine-lyrique (ça veut dire quoi ça ?)
Ma Piéride à dents de plastique
Ma Ménonides mnémonique
Mon cœur de velours
Et mes moustache de rat (beau cas)
Que peut-on saisir d'un personnage
Lorsqu'il se veut de papier construit ?
Qu'il n'a ni âme à vendre au diable
Qu'il se montre le buste droit, en gilet sans pli
Avec une colonne non tordue et non tordable
Un sourire mignon à faire pleurer la nue ?
Vous êtes ma muse
Et ça vous amuse, non ?
Des anges, des anges, il y en a partout
Pourquoi font-ils des verrous
Pourquoi se prennent-ils pour des soldats, des rois, des ça va ça va
Ce sont des rabat-joie !
Merde ! Poussière et sable, et tape les doigts
Recouvrent mes hardes, ma visière et ma voix
Je n'ai rien à porter aux muses, ostifi
Que la légèreté de mes sourires
Et je sais que le bleu
Des années, qui colle lorsqu'on a trop respiré
Se montre au coin de mes yeux
Mais je n'ai que cela à offrir
Et un pinceau qui s'agite
Avec des tissus de mer
Des colonnes non tordables
Un mirage à vendre au diable…

S'il veut bien se montrer de suite
Je lui referai
Du pêche non pourri
Un peu de blanc pet de chat tout sec
Qu'on tournera en bleu bébé
Du vert dunesque flaqueux passion
Avec des rubans
Qui volent !
Très cher fantomatique virus
Mange tes noix
Du fourrage et de l'ardoise
Mange ce que tu voudras
Qu'on me libère !
Je n'ai plus de vert en mottons
Plus de blanc
Plus d'authenticité, de candeur
Il me malaxe l'espoirrion
Il me chavire la croûte à sentir
Le coccyx en miettes, l'échine et le drive-true en compote
Je ne dors plus, ne mange plus
Ne respire plus, ne rêve plus
Je n'ai plus de pigments de vie
Et puis je m'invente des vagues
Pour mieux me reprendre pour une île perdue
À chanter par le troubadour éploré
À charrier les brumes
Par le navigateur terre à terre
Le fils de fils de fils de pêcheur
Qui n'a jamais tenu un filet de sa vie
Ai-je de quoi me plaindre ?
Ai-je dis quelque chose pour forcer ma destiné ?
J'ai peint et j'ai espéré seulement
C'était trop demandé ?
Je suis et resterai
Là, à mijoter des danses sur la toile
Figée
À écouter des chants venant d'ailleurs
Pour d'ailleurs les dames
Les vraies chansons pour les vraies belles
Plus jeunes et plus fleuronnes
Rose et jaune, je vois
Ne me servirai en vainc
De pensées peintes, or, cuivre oxydées
Pour me caresser les mains
A défaut des reins


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Créé le 1 mars 2002

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