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Ismaël Billy, sélection décembre 2013

  il se présente à vous


  D'amour à l'arrachée

Il faudra alors que je t'arrache,
Que je déploie mes radicelles,
Tes pieds fouleront mes bois,
Ton souffle flétrira mes belles
Graminées plantées en base,
Ta bouche, terreur orgiaque,
Lacère ma membrane écorcée,
Tes pieds sarclent ma terre,
Mon effroyable envie appelle,
Un voile amarante me distrait,
Des êtres de chairs hurlants,
De rudes cognées font clair,
Brisures et sèves jaillissantes,
Je ne vois que ton corps fin,
Mes sens, fous et domptés,
M'assaillent de mille douleurs,
Pendant que je soustrais ta robe,
Ta brèche délicate s'empourpre,
Tes mains élancées se tordent,
Ton râle soudain m'écartèle,
Las, les hommes horrifiés !
Ils frappent mon écorce dure,
Ils déchiquettent mes fusains,
Imprécations et sombres prières,
Les hommes tentent de t'extraire,
De ma prise enracinée, ta taille
Se resserre. Tes pieds en mon tronc
S'arriment et se renfoncent. Ta bouche
Gémissante s'enrobe à mon oreille,
Ta frêle rosace inonde ma péninsule,
La nuit est venue m'emporter,
Mon souffle de cent ans s'abat,
Mes sèves de l’Éther montent en toi,
Tes yeux se révulsent et le cri
De ta bouche déforme la forêt.
Les hommes ne peuvent plus rien,
Tel un faune réveillé, j'ai dominé
Ta chair, ta vertu, ta parole.
Les hommes prostrés et de terreur,
Délaissent leurs haches coupantes,
Et tandis qu'en mon corps tu viens
Te dissoudre en un paysage funeste,
Les regards des hommes se tournent,
Leurs mains s'égarent l'une à l'autre,
Leurs yeux se figent, se cotonnent,
Laiteux et aveugles, les Hommes
S'enfuient, tandis que ta dépouille
Encore jouissante et sursautante,
S'arroche à ma chair, et nous façonne,
Telle la statue de l'autel célébré,
Une cathédrale sylvestre relevée.
J'ai déversé dans ton être mes sucs mortels,
Et voilà une dryade qui soudain se révèle.
 


**

Debout

Des vagues, vaguelettes. Du vent, pas tant.
Une terre perdue et des vies par intervalles,
Juste quelques varechs, quelque Baruch
Pour tonner, apeurer et s'abattre.

Oh ! Il y a des Hommes aussi ;
Sans contrôle.

Fermés ; invraisemblablement blessés,
Qui ne savent mourir.

Et aussi des sables, et puis des coquilles, et encore des sillons.
Et des saignées d'eau dans les sables, et des moules vides, et des pas.

Et toujours du vent, des pierres parsemées de sable, du sens, un peu.
Et du sable, envahi de pierres, et des traînées, et des Hommes vivants.

Des Hommes vivants pour de faux, pour rien, juste résolus à vivre sans résolution païenne.

L'eau aussi, qui s'ébat dans des tranchées,
La terre, un peu seule, s'entête et dans une rétention,
S'accroche, se vide, et lutte par ici.

Il y a des corps par là, et des fissures et des coups terribles,
Il y a des temps de vie et des saisons de mort,

Il y a toi.

Il y a l'Alma Mater et du sang de vie sous nos doigts.


***

Nu et pâle, les bras sous la tête

Elle m'a rêvé un soir et je suis sorti.
J'ai longé les arbres et les bancs allongés,
J'ai suivi les rails et les pistes des bois,
J'ai couru dans le noir, je n'ai rien trouvé.
Elle m'a rêvé le jour suivant. Une heure,
J'ai parlé dans une langue inconnue.
J'ai chanté des rois sans planète, délaissés.
J'ai ouvert ma porte aux êtres de brume.
Et je n'ai rien entendu.
Elle m'a rêvé toute une semaine et j'ai tué
Un cerf. J'ai arraché son coeur fumant,
Je l'ai mangé. J'ai peins ma poitrine de
Ses sirupeuses traînées. Je me suis endormi.
Et je ne l'ai pas senti dans ma chair.
Elle m'a rêvé une minute, à l'orée d'une heure.
J'ai claqué dans mes mains, j'ai perdu la tête.
J'ai puisé dans mes souvenirs, j'ai cherché
Mon nom. J'ai oublié mes vieilles terreurs.
Et je ne me suis pas souvenu d'elle.
Elle m'a rêvé les yeux ouverts, elle a dit mon nom.
Je suis devenu un nuage emmargé, j'ai plu des larmes
D'eau douce, d'aquarelle. Des larmes sans pareilles.
J'ai vu son visage.
Doucement, j'ai épelé ton nom. 


****

Alma Mater

Tombent les jours,
Dans des poignées d'argent,
Dans un calvaire de terres pleurées,
Un repère de larmes, mal famées.

Du ciel, par delà,
Traversé des gouttes,
Je n'appartiens plus
Qu'aux vents qui pressent.

Plus rien d'amour.
Plus d'attache mortelle et saignante.
Juste une écorchure des nuages,
Et des ondées qui pleurent.
 
Ad astra, plus de place
Pour sourire ou suppléer,
Aux rivières des gués
Aux ondées des prières.

Les ondées, les ondées ; les ondées m'inondent.
Alma mater, les pluies dans mon coeur.

*****

Vieil Homme Saule

Je te veux sur moi, dans ma tête, à mes branches,
Je t'arracherai de la terre, je te veux à ma cime.
Je te prends sur mon écorce d'un siècle
Et t'horrifie de ma candeur asséchée.
Salée à la feuille, dégoûtée, inconnue,
Tu m'épongeras mon suc, et mes résines,
Tu m'occiras de ta main dure et violente,
Tu m'époumoneras mes laides engelures.
Je te veux, que dis-je, et pourquoi ?
Et sans cesse, et savoir de quoi ?
Et des quêtes m'entourer, et par qui ?
Je te veux. Ton immensité, emmiragée.




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Créé le 1 mars 2002

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