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Laureen Gressé-Denois
, sélection mars 2016

  elle se présente à vous.



  Cinq textes ont été retenus

        

Texte 1.

1.Vision chercheuse 

Je te cherche, mon ami
À l’aube craintive
Jusqu’au nébuleux sémaphore
Du cadran s’achevant
En ce lit déclos.

Je te cherche auprès de Nyx,
Mère de Séléné gémissante,
Dont d’une lèvre d’argent
S’échappe un assoupi rêve
En une étreinte onirique.

Je te cherche à l’envol
De Procné, douce déployée
Berçant la colombe des Amants.
Puisqu’au sol effleuré
Le souffle se fond en souvenirs épuisés !

Je te cherche à nouveau,
Le rondo d’Achlys en ma tombe chantant.
Aux pleurs de tous mes maux
Va en prière le nectar de l’ondée
Sous de mes sanglots le saule.

Ainsi court la Quête,
Mon cœur pour regard,
Puisses-tu enfin ouïr mon serment :
“Je te cherche, mon Aimé.”




**
Texte 2. 
Vision alcoolique 

Le regard à moitié plein de spleen,
À moitié vide de tout sens, pendu
Dans ce café d’ocre et de liqueurs adulées,
L’ennui ma robe froissant d’inertie,
Je dérive sur cette absinthe, ce Mal divin...
Le verre, la bouteille, la table, le banc :
Tout s’allonge en l’aqueux tumulte
D’un rêve trop éthylique.
Le voici : calice d’un océan béni
Où se baigne une fée verte alcoolique !
Semblable à une quinteuse statue
Elle est contemplée, nostalgique et trop amère.
Elle se contorsionne en chagrinée rivière
Bordant les plis attablés en un soyeux sentier.
Ô Bacchus ! Vois le cépage qui de l’âme s’enterre !

Goûtes-y donc !
L’on m’a dit qu’en les chais séjourne
La Vérité, certes quelque peu avinée !
La bague à son annulaire profane,
Le col couronné de dentelle émeraudée,
L’épaule que tout ivre aspire à enserrer
Et le fond courbé à faire blêmir les Grâces !
Ah œnanthique Reine de Saba !
Puis-je vous mirer, humer et lamper ?



***

Texte 3.
Vision éphémère  

Il me semble pourtant
Mais je ne sais vraiment…
Un prompt voile passé
Sous l’infini de mes yeux égarés.
Ai-je l’illusion ? Fi donc !
L’entonnoir sur le sénile rire,
Un parfum de naguère pour ancre
Douteuse qui en perd le trouble.

Vivant flot flétri, une vaporeuse oréade
Fuyante approche l’éternel inconnu
Sur une muette vague de mystères.
L’estampe des traits à la fleurdelisée estompe…
Ne fût-ce qu’un instant ! À l’affaiblissement, hélas !

Je viens pour écouter ;
Afin d’effleurer je sens
La tranchante vue du chagrin.
Le fantôme a l’âme diaphane,
Les lèvres blêmes,  les joues hâves,
Le regard d’autrefois et le teint pâle,
Bordé par une perlée cascade fanant.
Ah ! Esprit évanescent qui se meurt !
Pourquoi partir? Pourquoi se cacher vainement?

Es-tu mirage ou songe ? Passé ou présent ?
Faible pensée, mânes déchirées, grand néant,
Mais qui es-tu donc, coffret de souvenirs ?
Fuis, l’agonie de sombre infamie à la saignée
Hantée de regrets, loyale au Félon,
Rongée par le mensonge d’une fleur piétinée, arrachée…

Fuis !




****
4.
Vision assassine  

Elle rougeoie, la Fleur.
Elle agonise, la Fleur.
Pétales rétractés
Au dernier acte
Sous une oriflamme étouffée,
Une langue bifide
Pour la disgrâce florale.

Elle brûle, la Fleur.
Elle est immolée, la Fleur.
Il la brise comme
La grêle ses atours empourprés.
Une hâbleuse soumission
Dame ! L’arcade de turpitudes,
Sous la saltation de Chaos !

Elle meurt, la Fleur.
Il n’y a plus de Fleur…
On a beau lancer un éploré
Évohé, le meurtre de la beauté
Se déchire sur la camisole,
Barbare crochu en guenilles
Balafrées. Elle se tord
Puis fond à l’invincible torpeur...

Le fatal jugement  loin du gardien ;
Le pendu écroulé près du dédain.

Coffret d’or sous ce dôme marine,
Philomèle à l’envol du sang,
Meurtrissures sur ses feuillées paupières,
Ma Fleur, douce amie,
Là voilà cendres
En les mains de l’altruicide embaumeur.




5. Vision pesante 

Qui ploie, douloureux.
Rien ne m’écorche plus
Que ce poids qui me lapide. 

Pierre qui roule,
Pierre qui creuse
De rocailleux abîmes
Sur les falaises de mon dos. 

Le rocher vacille faiblement,
Gaïa châtiant Atlas.
Une fissure en ma paroi,
La coquille prise par la maléfique
Toile d’aporismes escarpée. 

Sont-ce les tranchants d’une vie ?
Et ces sourdes complaintes …
Ce rocher, ma peine, si lourd,
Brisant mes os, tel le Givre
Disloquant des branches d’estafilades. 

Traîtresse Destinée.
Sentence trop dure.
Basculement de la tête.
Fêlure crissante.
Les cailloux se turent.


 textes commentés  par le Comité de lecture

******

auteur suivant  : 
Jean-Luc Proulx

       

Créé le 1 mars 2002

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