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elle se présente à vous.
Un cimetière Descendant du château vieux comme les pierres sous la pinède il s'étire entre ses allées de graviers blancs. Le monde est petit entre la tombe du vieux marquis et la croix rouillée des exilés du pays des rizières du Po. Les fils et la fille, le père et la mère la maman aimée, malade comme un chien, tous un jour sont partis se marier avec l'univers. Et le bois, le bois tendre des bateaux de terre qui les a emportés dessous. Dans le cimetière du village on est surpris de trouver à même le sol, un rectangle de terre bordé de cailloux, couvert de coquillages, de plantes grasses et d'un air de vie qui rode comme un coquelicot à travers le silence. « Chloé, Stéphane, April et Mathis disparus le 26 décembre 2004 en Thaïlande » Sous cette tombe aucun corps juste la vie océan tsunami qui les ramène un instant portés par le vent dans le petit cimetière du village. & Paulo Au village perché comme un coq il surgit toujours quand on n'y croit plus quand on s'imagine qu'il est mort collé à un lit d'hôpital comme le sparadrap. Au bar du coin Paulo s'imbibe et se noie depuis que sa poupée d'amour a rendu l'âme à qui de droit, un soir ou une nuit d'automne, qui peut savoir, personne ne veut. Alors Paulo, du matin au soir remplit son vide sans fond et rêve. « Passer l'arme à gauche en sortant du PMU serait le paradis, oui. » Paulo surgit toujours quand on n'y croit plus pingouin échoué sur la terre il tangue, hurle, éructe et avale les mots à grandes gorgées puis il s'accroche aux murailles de pierre et s'élance au milieu de la rue : « A vot bon coeur chauffards ! Tas de fumiers de la vieille guerre ! » Mais qui lui rendra ce service... au village, perché comme un coq, Paulo. & Un château Un château en ruines à Eyguières, l'après-midi, quand le mois de juin est fini. On y regarde plein sud vers les cheminées de Berre, à la plaine, à la mer, aux oiseaux. Ici l'eau n'existe plus. Le thym, le serpolet, la menthe sauvage, toutes les odeurs s'accrochent à la robe pour habiller les jambes et les respirer. Et sans cesse la main du vent nettoie les blocs de pierre abandonnés puis parle à la peau de ceux qui s'attardent ici un moment à l'ombre des murailles pour lire et lire les graffitis qui, comme un cadran solaire, donnent l'heure sans la dire et apprennent le temps sa fragile pellicule d'enduit sur la pierre, les générations perdues, les écritures penchées, dures et capitales, les couleurs de charbon de bois pour tracer ce qu'on a brûlé... ceux qu'on a aimés. Si on lève la tête vers la voûte du temple abandonné, des trouées de ciel ouvre l'oeil du mystère. Alors on écoute les insectes dans l'été l'aigle planant en courants ascendants, dans les couloirs du vent, une corneille et son nid fragile, plus bas au creux des rochers. Quittant le château On croise les tronçonneurs d'arbres et on se souvient. La tache blanche de leur voiture a traversé la lumière de l'après-midi, en bas, comme on traverserait un feu dans un lent chemin éblouissant. A l'affût, ils attendent le gibier d'automne, chassant mollement les passants. Mais toujours la lumière de l'été perce les fenêtres obscures des murailles incrustées de fossiles qui dessinent... Un château fossile regardant les gens s'éloigner et le vent continuer à le toucher, le toucher jusqu'à la touche finale qui viendra quand nous serons partis, quand le chemin sera perdu. Un château sous le hurlement doux des cigales, pour la sieste des lézards et nos pensées écrites dans l'oeil du mystère pour le temps, cyclone permanent qui, sans le nier, use... un château fleur de ruines à Eguières, dans l'après-midi... en été. juin 2007 ****
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Créé le 1 mars 2002
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