La nuit reprend son équilibre dans le corps des amants. Elle libère leurs membres décharnés, recompose le bruissement de leurs mots en soif tendre et refait le partage de la morsure des vagues.
Au risque d'assumer la chaleur des marées, elle parle une langue d'algues aux archives de la mer. Langue éblouie du poème telle une chute d'eau au profil d'épée vive. Langue déroulée en tapis de lumière qui consent à l'amour, à son masque solaire à la haute digression de ses vagues au fil du sable.
Sa ruse est de repeindre la création en un jour, de lever l'armée des ombres et de restituer la salive du vivant à toute matière émue.
Elle demande à l'amour de garder l'œil ouvert, de brûler ses vaisseaux et de changer le lieu de l'éternité. L'amour lui demande en retour de faire du noir l'écho de la lumière et le confessionnal de la volupté.
Une mémoire de nuit ramène à la naissance du monde, à ce tableau de chair rose tendu comme un piège sacré, à ce livre ouvert comme une cicatrice ressuscitée, à cette voyance nue, convulsée de silence, qui rappelle aux poignards que toute vie est un assassinat.
La nuit porte dans ses entrailles la totalité de l'univers. Elle dit qu'elle n'aura jamais fini de répondre à la question des rêves. Elle prédit que l'amour est un oiseau lucide qui cogne contre la vitre du ciel.
L'énergie de la nuit, à l'intérieur de nous, renouvelle le paysage du cœur et nous sommes heureux de nous savoir inachevés. Le message nous est parvenu par la voie des hormones. La gloire de la nuit est de pleurer des diamants. Gratuitement, comme un acte de foi…

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