Marie
Diouf-Sall, sélection décembre 2012
elle se présente à vous
T. 1 Retour des pays
natals
J’ai voulu parer
les braises refroidies
Par l’éclat
vermeil des soleils oubliés
Alors comme un tumulte
inapaisé
Je me suis
réveillée
Dans la violence vague
du ressentiment
Et j’ai pris le chemin
du haut pays
Par les routes
desséchées
Où l’oiseau ne
chante plus
La, sourdait la source
qui s’écoulait
Jusqu’aux rivages de
l’océan
Et son doux bruit de
fauve repu
Attirait les pirates de
toutes mers
J’ai voulu poursuivre
cette bête
Dans son innocence
maligne
Et j’ai escalade la
rocaille tranchante
Et les talus
épineux, franchi
Les lits caillouteux
Où la lave
même a séché.
Ici étaient,
Fichés comme des
totems,
Des ossements
graciés par le temps
Dans la tendresse seule
de l’azur
Offerte par la
pitié de l’éternité
Je cherchais la
bête au-delà
Des mensonges et des
ruses,
L’esprit pervers qui
joute avec le néant
L’orgueil têtu de
l’aveugle qui nous ignore
La tête haute, le
regard rivé au ciel
Expressive grimace de
la vanité
Puis j’ai plongé
dans les cavernes humides
Où l’animal se
retire des griffes de la meute
Et guette, comme un
trésor enseveli,
Le souffle des
assaillants emporté
Par la brise.
Me suis
approchée, la main ouverte
Comme on donne le grain
a l’oiseau
Et à l’agneau,
l’eau
L’âme au creux de
la paume
Le sourire dans le
regard.
Blessée et
affaiblie elle se cabra
Et rugit dans un
sursaut altier
Qui ne voulait fuir le
combat.
Je ne fais pas partie
de la chasse
Et persiste dans la
passion.
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T.
2 Sahel
Il
importe de savoir pourquoi
L’iris
bleuit et adhère à la vie
Il
est des fois en transe qui nées
D’oublis,
Assimilent
Arias
des champs.
Et
pourquoi
Comme
des bâtons de Moïse
Plantés
en marques de
Tombes
Les
champs du Niger
S’évident
de l’eau.
J’ai
la nostalgie des chants
Vers
l’abreuvoir,
Et
suis malade de l’âme
Et
ne sais pourquoi
Les
enfants n’ont plus
Que
la fille.
Comment
leur donner le lait
Des
près ensablés ?
Et
les myriades du tabac
Offert
aux hôtes en tailleur
D’autres
allongés à l’ombre
De
l’enclos où bourgeonne
L’arbre
neem
Là,
où les enfants rient.
Elle,
sous le voile pastel
Les
ongles si pâles
Qu’y affleure le sang.
Elle
a donné son cœur
A
l’oiseau bleu, et
Obéit
à sa plume.
Depuis,
elle a délaissé les tapis
Soyeux
pour ce lit de branchages
A
l’abri du millet.
Elle
baisse les yeux et acquiesce
A
l’approche
Pour
nourrir la voie.
Aujourd’hui.
Ils
sont venus casser
La
mémoire des adages
La
Kalach en bandoulière
Là
où étaient les dattes
En
promesse des noms
Généreux
Des
prés hauts salés.
En
offrandes les maux
Assénés
Hors
proximité fraternelle.
N’est
en rappel
Que
la différence, l’adversité
Et
le rebus.
Elle,
Elle
est visage interdit
Au
jour,
Source
du péché
Elle
revêt la crainte
Pour
atours
Et
n’a plus que l’arrière
Cours
pour servir
Les
vautours.
L’approche,
main ouverte
Demandant
l’eau en
Prière
de la pluie
Est
dans l’heure impériale
Où
le sermon est en défi.
Les
caravanes de l’échange
En
faveur des villes
Déroutées
des lieux si désolés
Où
les mendiants n’ont plus
Marchés.
Là,
rien n’est plus
Aspiration
vivifiante
Nourrie
des lettres
Du
Firdaws.
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T .3 Miroir phosphorescent
À J. P.
Sartre
Miroir
phosphorescent
Des oublis, redevenus
Présages du présent
Dans l’interaction des choses
Nul, n’envisage
La teneur du mot.
Dire la transparence
Est, le mouvement
Des signes, comme
Les feuilles voltigent
De l’arbre graciées en
Apesanteur
Des origines inaudibles.
Ecoute le grain,
Mûrir
En son ventre,
Germer
Les siècles, saisons
De l’esprit irréversible!
L’automne,
L’hiver,
Le Printemps
Était.
Pourquoi, et
Dois-je le dire ?
Fleurissent des ciels
De l’enfance aux thermes
Baignades souterraines
Des corps ennoblis !
Je suis
Libre
D’être
Dans la vie
Éternelle
Fluorescence des jours.
Oh ! Je ne puis
Méconnaître
La douleur là,
Lettre, amoureuse
Atteinte à la durée.
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T . 4 Conte Soufi
Cet oiseau
À quatre
Doigts
En forme d’aile
Ayant perdu
Une
Plume le long du
Voyage
A dit
Point ne m’empêchera
De voler.
La joie
Le long du
Chemin est
L’oasis que
Tu offres à
L’Autre
En dépassant
L’étape
En un
Chapelet
D’étincelles
Pour couronne
D’un chef caduc
Point
Ne m’empêchera
De voler.
À rive
Dans les feuilles dorées
Part de Mère
Qui pousse
Avant
Cent justes
Pluies.
Et lors
Étant
À
L’arbre
Au feuillage épars
L’air était salé
La mer
Perlant
En tête
Point
Peut aller.
Ont-ils
Rongé les pousses ?
Et il devait
Patience
Juste
Les prochains
épis
Pour refaire
Le Nid.
Point ne
m’empêchera
De voler !
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T . 5 Or, l’or
As-tu
Jamais été
Aimé
Comme
L’enfant
Abat le lait
La semoule au sein
Toute force
Démesurée ?
La main
Contre le buste,
J’entends à briser
La paroi
Et te trouver
Ailleurs assis
A
Me sourire.
Là, je dors
Et vois….
Les allées
Au « Mall », et
Au Village
Ceinture d’asphalte
Allant de Beyrouth
Au Maryland.
Et j’ai pu
Mettre mes chaussons de
Cordoue
Sans craindre de blesser
Le cuir
Sur les rues de Damas.
Et j’ai mangé
Le hot-dog casher
A l’ombre des tours
De l’Oubli
Et ouï a
La Nouvelle Amsterdam
La voix de l’Aimée
Taillée dans la flèche
Amérindienne
Comme le message
D’autres tombes.
J’ai fait l’X
Avec le « jet »
Lors je disais,
Re-essai et RR
Tous deux sommes
De passage.
Le Landlord
A la chair
De la musique.
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