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de Thierry Roquet, sélection octobre
2003
Il se présente à vous.
Sortie du tunnel.
Crissements. Vagissements.
Le métro arrivait. Enfin.
Foule compacte,
serrée,
se serrant dans mes bras,
cohue!
Trop heureux de nous retrouver:
Vous m'attendiez?
On se bourrait d'amour:
Coups de reins, coups de coudes.
Nous étions impatients.
Poussez-vous, poussez-moi!
Gestes désordonnés, excitations, flux et rejets.
Sirène, hurlant notre désir.
La rame démarrait.
Nous nous abrutissions de compression.
Modelés par les uns, prêts à nous assouvir.
Sous le tunnel.
Nos chairs s'incrustaient dans la chair des autres.
Nos ventres s'encastraient dans des rangées de dos,
si droits, coincés, qu'il était impossible d'y mettre
un visage.
Nous renaissions à l'inconnu.
Des corps que nous touchions, qu'il nous faudrait soumettre.
Nos mains poisseuses sans appui.
Nos gorges étranglées.
Des cris.
Pieds et poings liés.
Nous sommes un seul corps, vibrant, lié.
Nous sommes l'Unité, point G.
Caresses, érections?
Colères, fièvres, divagations?
Tu me bouscules, on se reprend.
Il se trouvait, parmi nous, une femme enceinte.
Déjà?
Ce serait donc notre premier enfant.
Des souffles manquaient d'air,
On respirait à tour de rôle.
Certains proches de s'évanouir,
ivres de sueur,
et de fatigue,
nous les tenions debout,
En soulevant l'orteil.
Le regard implorant,
Corps moites livrés à l'abandon de tous.
Un De Profundis ponctuait chaque bouffée d'orgasme:
Nerfs d'étreintes vives.
Trop vives, si
Sensibles.
Ne partez pas!
J'ai ma jouissance intime entre vos rames pleines!
(11/06/2003)
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