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il
se présente à vous
Texte 2
(sans titre) Souvent, je laisse
couler la voix des gens dans ma tête, je l’avoue à ma plus
grande honte, je suis capable de faire croire à l’écoute,
je laisse couler la sève, l’acide au fond de mon estomac. Depuis
ma plus tendre enfance, je peux converser simultanément avec une
ou plusieurs personnes au même moment, je sais ça agace.
Il me faut aller vite dans mes analyses, les gens aiment vous faire répéter les mêmes et sempiternelles choses, vous réclamer des détails sans importance aucune, des précisions, des réalités confidentielles, insensées, bribes de dialogue brut à l’état végétatif. Aussi cruelle qu’est ma confession, oui j’admire avec indulgence comment certaines personnes sont capables d’inventer leur propre dialogue à force de le désirer, leurs mots sont comme des furoncles, des abcès, ce besoin de me fouiller comme une démangeaison. On m’écrit souvent à propos de mes textes, on me parle de l’impensable page blanche, mais un texte bourré d’urticaire devient un déchet quand trop mâché, on s’acharne à vouloir le prolonger, les pensées communes aux écrivains sont des rivalités inévitables, capables d’influences que je m’en amuse. Pour moi qui ne lit plus depuis des années, ou quelques fragments de textes, l’essentialité d’un roman me déprime là ou dans chaque mot repris la phrase se ferme hermétiquement. Les mots ne traversent jamais les cloisons de l’esprit de l’homme quand ils grandissent dans la solitude et l’inconscience enfantine. La poésie m’apparait comme la plus précieuse, car le poème s’appuie sur des mouvements d’ensemble, elle ne peut tricher, car elle ne peut supporter l’hypocrisie et le mensonge, la poésie est une conscience critique au langage quand les textes sont devenus inaudibles. J’aime écrire depuis l’enfance, écrire est une maladie de révolté, ma sueur a l’odeur de la colle et de l’encre, les mots nouveaux me donnent chaque fois une existence, une vie nouvelle, mes mots sont ma pensée, qu'ils m’aident à affronter, m’affronter moi-même dans ma quête de vérité sans repos. La nuit, avec ma voix machine j’écris, la plume vraie folle de mon âme court comme une lame ardente, mes écritudes traversent l’immensité limpide que découpe une lune éblouissante, elle court à perdre haleine que l’encre de ma nuit recouvre tout, la peur se dissout dans l’ombre violette. Ecrire est comme une expression de détresse, l’encre violette ça vous noie la douleur, votre visage, vos yeux, ça vous absorbe l’âme dans le buvard du deuil et vous empêche provisoirement de couler, ça vous résonne dans la tête, dans les tempes comme si ça heurtait du papier, écrire que tout est langage et fleur de langage, tout est poésie et fleur de lumière.
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Créé le 1 mars 2002
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