Mot
Ligature des trompes d’eaux dans les yeux
Lèvres qui se délectent d’éprouver le
silence
Ton sang sur mes mains noie ma ligne de vie
Dans l’artère se transforme en caillot
Renvoie au précepte de l’échéance
J’ai froid dans mon désert et chaud dans ma caverne
Graine de moi exportée par le souffle d’Éole
Radeau grisé par les hasards heureux
D’un océan qui affranchi de sa source
Vit tous ses bleus jusqu’à l’indigo
Parce que l’on est plus vivant que mort
Dans la nuit qui divise
L’infini qui s’étiole
Nous prend à corps et à cris
Fait de nous ses lucioles
Reste la chaleur de la lampe
Contre le froid des idées
L’enseignement des papillons
Enivrés de lumière
Reste la main accédant à la rampe
Son prolongement qui échappe à la vue
L'hypothétique triomphe du jour
Sur l'opacité d’une porte murée
Reste le goût du jouir dans les rêves
Cette passerelle entre eux et le réel
La voix du cœur et tout ce miel
A distiller jusqu’à l’ivresse
Reste
Parce qu’il ne suffit pas de naître
Encore faut-il devenir
Demeurer immobile
Dans le grand incendie
Qui consume nos terres
Les assaini de nos peurs d’origine
Alors et seulement
Par ce baptême du feu
L’esprit s’affranchi
Se mue en végétaux
Uniques et libres
Thaumaturgie du meilleur
Leurs rhizomes s'enfouissent
Par le pouvoir des mots dits
Nous enracinent
Au monde des vivants
Alors et simplement
Pouvoir dire
Je suis.