1.
~ elle portait en elle une falaise
un printemps déshabillé
je mouille mes mots à ses encres
nos âmes sont restés des îles
striées d'été
avec des suds cachés
au lit de son ventre
déhiscence timide
je suis ainsi
largué aux nuits de son corps
tu ..et touché
2.
j'ai mis mon coeur dans un taxi
ai donné l'ordre de se perdre
adresse improbable de nuit
nausée
lui ferai voir le fossé des choses
rendez-vous des feux rouges
sur la route overdose
embardée
l'ai envoyé loin, si loin
qu'il n'y voit goutte
si perdu au nord
si près des glaces cimetière
qu'il se froidure en route
qu'il roidisse si fort
qu'il blanchisse
qu'aucun baiser ne puisse le rendre embarcadère
qu'aucun quai ne lui donne lumière
j'ai mis mon coeur dans un taxi
hors de tout doute
3.
épars,
que miettes, ne suis que déchirures, voyez comme je
suis: des parcelles d'être. Voyez je suis fragments,
brisé en mes images. J'ai traversé le mépris
de moi-même pour naître à votre regard.
Je n'ai jamais été que vouloir sous vos yeux
me rassembler. Emmuré entre vos mains, sans vie autre
que l'écrit, j'exhale ce qui vous choque, haleine acide.
Mes mots jappent, ma meute veut survivre. Tant que vous aurez
des yeux j'attendrai. Épars, que miettes. Sur la page déserte.