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Cinq
poèmes
de
Cécile
Guivarch
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AU FIL DE TES PAUPIERES
J’ai accroché trois vaches au fil de tes paupières
Un chat me souriait dans tes yeux pré vert
J’ai chanté dans le vent à ton lilas dément
Un air d’harmonica à la couleur des champs
Toujours revient l’automne et son troupeau fleuri
Les colchiques empoisonnent et les oiseaux aussi
Lentes énergies diluées dans le fracas des trèfles
L’esprit des vénéneux jamais n’atteint ta flèche
Quand bise fut venue, dansait une alouette
Autour de ta prairie hululait une chouette
La cerne sur mes doigts chante encore et répète
J’ai accroché trois vaches aux fil de tes paupières
Cécile
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corps nu vertical
mi-cheval
mi poisson
nu pulsations
nage l'océan
sur l'horizon
abondant
du désir bleuté
l’épi est inversé
la fibre est botanique
le cœur est un filet
une figure géométrique
qui cachée derrière un ipéca
oriente la pointe du compas
d’un coup de lune
en forme de trombone
sous l’effet
de quelques verres de porto
un bouquet d’eau de Cologne
en forme de trombone
se déhanche et se balance
vers le désert, l’hypoténuse
(09/06/04) Cécile
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SPLASH LA GRENOUILLE
Splash ! Saut de la grenouille verte dans la mare
Prendre son élan, mesurer l’écart, tout un art !
Monter en crescendo au dessus du ravin,
Rebondir telle une balle sur le coin d’un nénuphar
Provoquer la tempête chez le carassin
Voyez comme elle reprend ! Comptons sa pulsation
Elle en tire la langue à force de rebonds,
Et d’une happée prive l’insecte de sa vie.
Tout ce tintamarre sous les yeux agrandis
Du chat fou qui caché dans les roseaux l’épie.
Sous l’agacement de l’arbre, vieux sage vert,
Dans un esprit de chasse et non moins spirituel
L’impatience féline guettant le duel
Par la voix de la rainette, il est surpris :
" Scalpez-moi mon ami, vous êtes bien joli
Votre poil est bien clair et vous faites le fier "
Le minet salive à l’idée du combat.
En position d’attaque il attend l’instant
Où miss Rana ses moustaches frôlera.
Il bondit sur sa proie d’un geste élégant…
Splash ! Notre bon matou dans l’eau se débat !
Notre grenouille se moque en sautillant
D’un nénuphar à l’autre et allégrement.
L’habit clair de notre chasseur est bien mouillé
Parsemé de vert et la coiffe ébouriffée
Il sort donc du marécage d’un air vexé,
Dans son manteau de laine, va se réchauffer.
Et toujours dans la mare rainette se marre !
Cécile
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COULEURS PASTELS
couleurs pastels parfois bleus, blancs
et roses,
ces fils orangés sur l’horizon du couchant
se mêlent et se dessinent des instants
haut dans les airs l’oiseau virevolte
et d’un dernier battement d’aile
souffle sur l’arbre fleur
au pied duquel naît le chemin,
parcours semé d’arbustes verts.
péniches et bateaux de pêche glissent
sous le pont. L’eau scintille, miroirs en mosaïques
couleurs pastels parfois bleus, blancs et roses
(au bord d'un fleuve j'habite, au bord d'un fleuve j'écris)
Cécile
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LE LEZARD A PEUR
Un lézard s'est perdu dans tes cheveux
couleur violettes, sourire coquelicot
cher arbre fleur chanteur de bouteilles
Ecoute ! Le lézard miaule dans tes cheveux
une complainte peule, une lueur à la lune
entends sa peur, ses frissons végétaux
bas-ciel la chauve-souris rieuse vol-plane
déverse des graines, d'une pomme-arrosoir
des bulles d'eau s'étonnent sur ta peau
remontent dans les fils collés de ton cou
taquinent du clin d'oeil le reptile pull-over
du bassin d'air froid, parfum de châtaigne,
le lézard hulule sans lueur aux saisons
des complaintes du goût du soleil
l'oiseau vampire se régale sous-cape,
siffle, lézarde la hutte du désespoir
emmêlé dans les fils d'un saint esprit
un lézard s'est perdu dans tes cheveux
Cécile
(05/08/04)
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