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HÉLÈNE
SORIS
présente ses haïkus
Clé dans la serrure
ronronnement du moteur
arrêt au feu rouge
Tout est rétréci
pas de place pour les larmes
le jour a glissé
Depuis quelques mois
l'appartement est trop grand
pour un homme seul
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Bel après midi
Interminable pourtant
dimanche d'ennui
Oiseaux sur la berge
attendant un alevin
Battement soudain
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Son dernier sommeil
demain ce sera lundi
j'entends la sirène
Deux jours de congé
c'est juste pour un adieu
ce n'est pas ma faute.
Miaulement triste
il attend le crépuscule
le chat du voisin
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de Dixmude à Newport
(nous voulions voir les tranchées de la guerre 1914 .)
Une
ultime balle
au dernier jour de la guerre
se meurt un enfant
Sur ces murs aveugles
des graffitis sans portée
clameur de silence
La brique de sable
ensoleille les façades
halte et bière blanche
Paysage à droite
la pelouse qui moutonne
Hmmm ! Le pré salé (;-)
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Pantalon flottant
gris dans le ton de la brume
un moine brasseur
Boyau de la mort
"échec à l'envahisseur"
écrit sur la stèle
Des sacs de ciment
solidifiés par le temps
comment oublier
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Echappé des pierres
un lambeau de toile grise
raidi par les ans
Labyrinthe sombre
Oh ! ces murs de protection
Où sont mes amis ?
effluves de vie
respirer à pleins poumons
l’air libre la paix
Placides ces vaches
allongées pour ruminer
Ignorant les guerres
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PAYSAGES
et quelques personnages poétiques
L'HOMME ASSIS
Un homme assis regarde
au loin
devant lui
un mur trop proche
Il voit au delà du rien
au delà
du papier peint arraché
au delà du plâtre humide
Il regarde juste au dessus
Au dessus de sa paupière lourde
maintenue
Grande ouvert
à lui brûler les yeux
A lui brûler le coeur
Mettre ses souvenirs en cendres
Les souvenirs
de derrière le mur
les souvenirs du temps
où
il marchait
Encore!!
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LE VIEILLARD
Il est venu
de son enfance jusqu'ici
Il a marché
longtemps
De pas d'abord petits
maladroits hésitants
Puis
D'une jambe longue
en ignorant les pierres
Il a franchi
la vie
le vent
la pluie
la soif
Un jour
son pas tremblait d'un bruit de souvenirs
les saisons s'empilaient sur le chemin qui monte
et son coeur s'essoufflait
Il s'assit un moment
Quand il s'est relevé
son regard s'est troublé
les pourquoi
surgissaient du creux de sa pensée
Il est venu
de son enfance jusqu'ici
nous demander réponse
le vieillard fatigué
Son âme est nue
comme l'enfant qui naît
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L'ADOLESCENTE
Sous sa peau frémissaient toutes les chrysalides.
Elle riait souvent.
Mais parfois se cachait
pour pleurer tout son saoul sur cette adolescence,
sur ce corps inconnu ,
nouveau, trop frémissant.
Elle aimait,
n'aimait plus,
recherchait sa beauté dans les yeux,
- miroirs papillotants -
offerts par les garçons frivoles versatiles
qui la bonimentaient
qui avaient trop de mains.
...
Ses sourcils se fronçaient préparant une ride.
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Cyrielle
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A L' AVEUGLE
Je vous en prie ,
Je vous en prie, restez là
respirez moi
traduisez moi
La note de chacune des choses de ce monde
résonne dans vos doigts
leur rythme ralenti évoque une musique
sérielle
Etrange
Non!
S'il vous plaît ne retirez pas votre main.
gardez la tiédeur de la mienne
elle pourra parler de mon âme à la vôtre
De nos ferveurs
s'envoleront les mots surgis d' émotions confondues
Vos doigts joueront doucement sur ma paume
une sonate silencieuse .
Je vais me taire
vous allez murmurer
montrez-moi ce qui m'est caché
qui est illuminé pour vous par ce soleil absent
enfermé dans votre regard illuminé de l'intérieur
.
Oh ! restez .
Ne bougez pas je vous en prie
laissez nos âmes se joindre
créer un tableau inédit
vous me voyez tellement mieux
votre obscurité illumine nos vérités
Regardez !!
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DE L'AUTRE COTE DU MIROIR
De l'autre côté du miroir
Sont des regards de paradis
Un peu lointains, un peu fouillis
Un peu trop haut pour bien te voir
De l'autre côté du miroir
Les enfants ont grandi trop fort
Leurs mains emprisonnent les tiennes
Leur sourire accroche le tien
De l'autre côté du miroir
Il ont fui leur terre brûlée
Les jours les avaient écorchés
La frayeur les a éloignés
De l'autre côté du miroir
Je prends plaisir à les rejoindre
A partager leurs jeux d'espoirs
Leurs mots brisés, leurs semblants noirs
Ils m'offrent leurs rêves si vrais
Tremblants , juste un peu trop fragiles
Tain peut-être, de mes miroirs
Et quand je reviens par ici
Je flotte un peu, dans un sourire
J'étais bien avec ceux qui virent
De l'autre côté du miroir!
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CHAPERON ROUGE ENFUI
Mon rêve a rencontré la veuve aux pas feutrés
qui flânait cet automne en jouant à surprendre
sous les arbres touffus le doux Chaperon Rouge
et cueillait en forêt baies roses, fraises
tendres.
Des odeurs de bourgeons nourris de sève neuve
s'unissaient au parfum sombre des feuilles mortes
épargnées par la neige et les gelées
d'hiver.
L'enfant perdait ses fleurs
et la femme si seule en sa mémoire avide
sur un pétale osait un baiser de regrets.
Elle foulait les creux en sentiers d'herbes
folles
puis souriait au vent, au soleil attardé.
Un rayon caressa sa joue et la capuche
de l'enfant rose rouge qui maintenant courait .
La femme vacilla juste un peu de surprise.
la mousse était humide et ne pouvant s'asseoir
elle vit le brouillard troubler ses souvenirs.
les arbres se penchaient et voulaient l'accueillir
D'un signe nostalgique en sa main qui se fane
esquissant un adieu vers la fillette alerte
elle reprit la route.
D'un pas un peu plus lourd un peu plus lent peut être
Les feuilles se rouillaient puis tombaient doucement
demain la forêt nue saluerait à son tour
les souvenirs d'enfant d'une femme mûrie
comme les fruits d'amour oubliés en hiver.
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décembre
2003/copyright texte et photos
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