Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








 

 

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HÉLÈNE  SORIS

présente ses haïkus




Clé dans la serrure
ronronnement du moteur
arrêt au feu rouge

Tout est rétréci
pas de place pour les larmes
le jour a glissé

Depuis quelques mois
l'appartement est trop grand
pour un homme seul



Bel après midi
Interminable  pourtant
dimanche d'ennui


Oiseaux sur la berge
attendant un alevin
Battement soudain

Son dernier sommeil
demain ce sera lundi
j'entends la sirène

Deux jours de congé
c'est juste pour un adieu
ce n'est pas ma faute.

Miaulement triste
il attend le crépuscule
le chat du voisin


de Dixmude à Newport
(nous voulions voir les tranchées de la guerre 1914 .)




Une ultime balle
au dernier jour de la guerre
se meurt un enfant

Sur ces murs aveugles
des graffitis sans portée
clameur de silence

La brique de sable
ensoleille les façades
halte et bière blanche

Paysage à droite
la pelouse qui moutonne
Hmmm ! Le pré salé (;-)


Pantalon flottant
gris dans le ton de la brume
un moine brasseur

Boyau de la mort
"échec à l'envahisseur"
écrit sur la stèle

Des sacs de ciment
solidifiés par le temps
comment oublier 
Echappé des pierres
un lambeau de toile grise
raidi par les ans

Labyrinthe sombre
Oh !  ces murs de protection
Où sont mes amis ?

effluves de  vie
respirer à pleins poumons
l’air libre  la paix

Placides ces vaches
allongées pour ruminer 
Ignorant les guerres

PAYSAGES



Violent ce vent !
il va dénuder les arbres
mes papiers s'envolent.


Les lierres frissonnent
Sous les nuages glacés
Oiseaux endormis

Soleil délavé
brouillard blafard ! oh tristesse
aube de décembre

De l'or dans l'étang
le soleil s'y coule sombre
fleur du crépuscule


Nuage en écharpe
repos juste avant la pluie
sommets assombris

Arbres dénudés
Plus qu'une touffe de gui
pour leur tenir chaud

Douce nostalgie
d'une église abandonnée
en bord d'autoroute






Soleil sur les neiges
l'eau dévale la montagne
rivière impatiente 

Le clocher s'éveille
émerge des  draps de brume
aurore d'hiver

Juste assez de vent
pour retenir les nuages
air frisquet  ce soir


Neige et fleurs sur l'arbre
hiver qui traîne ou promesse
de tarte aux cerises ?

Peupliers  obscurs
branches  décharnés tendues
vers le ciel grisâtre.

J'attends les trois coups
devant le rideau de brume
de l'Épiphanie


Un oiseau s'envole
planté là  sur la pelouse
un débris de pain

Nuée pointillée
Sur un ciel crépusculaire
Vol de martinets

Moineaux  attardés
Posés sur les branches mortes ? Non !  dernières feuilles


Chapeau oublié
pelouse jonchée de branches
La haie est taillée

Verdure et ciel bleu
un malade à la fenêtre
qui cherche l'espoir.

Des images floues
entre la page et la plume
pendant que j'écris.

et quelques personnages poétiques


                                 
                                             


L'HOMME ASSIS


 
Un homme assis regarde
au loin
devant lui
un mur trop proche
 
Il voit au delà du rien
au delà
du papier peint arraché
au delà du plâtre humide
 
Il regarde juste au dessus
Au dessus de sa paupière lourde
 
maintenue
Grande ouvert
à lui brûler les yeux

A lui brûler le coeur
Mettre ses souvenirs en cendres
 
Les souvenirs
de derrière le mur
les souvenirs du temps

il marchait
 
Encore!!

****



 


LE VIEILLARD

 

Il est venu
de son enfance jusqu'ici
 
Il a marché
longtemps
De pas d'abord petits
maladroits hésitants
Puis
D'une jambe longue
en ignorant les pierres
Il a franchi
la vie
le vent
la pluie
la soif
Un jour
son pas tremblait d'un bruit de souvenirs
les saisons s'empilaient sur le chemin qui monte
et son coeur s'essoufflait
 
Il s'assit un moment
 
Quand il s'est relevé
son regard s'est troublé
les pourquoi
surgissaient du creux de sa pensée
 
Il est venu
de son enfance jusqu'ici
nous demander réponse
le vieillard fatigué
Son âme est nue
comme l'enfant qui naît

****


L'ADOLESCENTE
 
Sous sa peau frémissaient toutes les chrysalides.
Elle riait souvent.
 
Mais parfois se cachait
pour pleurer tout son saoul sur cette adolescence,
sur ce corps inconnu ,
nouveau,  trop frémissant.
 
Elle aimait,
n'aimait plus,
recherchait sa beauté dans les yeux,
 - miroirs papillotants -
offerts par les garçons frivoles versatiles
qui la  bonimentaient
qui avaient trop de mains.
...

Ses sourcils se fronçaient préparant une ride.





Cyrielle    

 
A L' AVEUGLE

 Je vous en prie ,
 Je vous en prie,  restez là
 respirez moi
 traduisez moi

 La note  de chacune des   choses de ce monde
 résonne dans  vos doigts
 leur  rythme ralenti évoque une musique
 sérielle          Etrange

 Non!

 S'il vous plaît ne retirez pas votre main.
 gardez la tiédeur de la mienne
 elle pourra parler de mon âme à la vôtre
 De nos ferveurs
 s'envoleront  les mots surgis d' émotions  confondues
 Vos doigts joueront doucement  sur ma paume
 une sonate silencieuse .
 Je vais me taire
 vous allez murmurer
 montrez-moi ce qui m'est caché
 qui est illuminé pour vous par ce soleil absent
 enfermé dans votre regard illuminé de l'intérieur .

 Oh ! restez .

 Ne bougez pas je vous en prie
 laissez nos âmes se joindre
 créer un tableau inédit
 vous me voyez tellement mieux
 votre obscurité illumine  nos vérités

 Regardez !!



DE L'AUTRE COTE DU MIROIR
 
De l'autre côté du miroir
Sont des regards de paradis
Un peu lointains, un peu fouillis
Un peu trop haut pour bien te voir
 

De l'autre côté du miroir
Les enfants ont grandi trop fort
Leurs mains emprisonnent les tiennes
Leur sourire accroche le tien
 

De l'autre côté du miroir
Il ont fui leur terre brûlée
Les jours les avaient écorchés
La frayeur les a éloignés
 

De l'autre côté du miroir
Je prends plaisir à les rejoindre
A partager leurs jeux d'espoirs
Leurs mots brisés, leurs semblants noirs
 

Ils m'offrent leurs rêves si vrais
Tremblants , juste un peu trop fragiles
Tain peut-être, de mes miroirs
 

Et quand je reviens par ici
Je flotte un peu, dans un sourire
J'étais bien avec ceux qui virent
 

De l'autre côté du miroir!












CHAPERON ROUGE ENFUI



 Mon rêve a rencontré la veuve aux pas feutrés
 qui flânait cet automne en jouant à surprendre
 sous les arbres touffus le doux  Chaperon Rouge
 et cueillait   en forêt baies roses,  fraises tendres.

 Des odeurs de bourgeons nourris de sève  neuve
 s'unissaient  au parfum sombre des feuilles mortes
 épargnées par la neige et les gelées  d'hiver.
 L'enfant perdait ses fleurs
 et la femme si seule en sa  mémoire avide
 sur un pétale osait un baiser de regrets.
 Elle foulait les  creux  en  sentiers d'herbes folles
 puis  souriait au vent, au soleil attardé.
Un rayon caressa  sa joue et la capuche
 de l'enfant rose rouge  qui maintenant courait .
 La femme vacilla juste un peu de surprise.
 la mousse était humide et ne pouvant s'asseoir
 elle vit  le brouillard troubler ses souvenirs.
 les arbres se penchaient et voulaient l'accueillir

 D'un signe nostalgique en sa main qui se fane
 esquissant un  adieu vers  la fillette alerte
 elle reprit  la route.
 D'un pas un peu plus lourd un peu plus lent  peut être
 Les feuilles se rouillaient puis  tombaient doucement
 demain la forêt nue saluerait à son tour
 les souvenirs d'enfant   d'une femme mûrie
 comme les fruits d'amour oubliés  en hiver.


      décembre 2003/copyright texte et photos        

 

Créé le 1 mars 2002

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