on est toujours sans nouvelle du soir
et c’est si peu à l’orée des visages
cette crainte à peine lue qui ondule le front
comme naître et puis s’éteindre en sursis
de l’écho
pourrai-je jamais tailler
la matière ténèbres assise dans tes pupilles
?
on est toujours sans nouvelle et pourtant
sous tes mains d’argile bleuie
se modèlent des sentiers brûlés d’orages
l’or s’élève des boues douces à l’approche
de tes pas
je fraie avec les loups
somnolents en boules tièdes au seuil des maisons
on est toujours, dit-on, sans nouvelle alors pourquoi
frissonnent-elles pour un rien
ces campanules assoupies contre la poitrine
bourdonnante des forêts ?
le vent pose sur la toile
juste à l'endroit de ce vide laissé par ton ombre.
[....]
c’était l’interstice
entre le talon et la terre
l’ombre imbriquée dans l’oeil
et son dialogue de pépite
quelque chose du feulement d’un voyage frotté
des jambes au brut d’une chair de macadam
et ces soupires qui ne diraient plus rien de ça
à personne
si jamais
c’était un feu de vieille lande
couvant désolé les sanglots
d’une partance
laquelle…
on ne savait plus bien non plus
mais qui se désancrait chaque pas davantage
et criaient mer comme on froisse un mouchoir
c’était une aube crue
sans littérature
exempte de mots, toujours
exempte de recuit, du rabâchement des voiles
des pas décomptés puis comptants
un moment sans histoire à contresigner
l’origine peut-être ou l’oméga
qu’importe l’heure où la lumière
pourvu que la foudre
elle était tout pour moi
c’était tout cela
quand mes pas se liaient à la nuit
et que la nuit
s’en déliait
[...]
et puis,
qui de nous
encore
dira les étreintes du fleuve et des sylves ?
les méandres et les courbes cueillent les fruits d’orages
apposés sur nos bouches
sceaux de grands remuements
nous viendrons caresser les rives éteintes
de nos souffles calleux
nos âmes seront rauques
au seuil des vagues encloses
la cendre poussera au cercle des vieilles souches
nos pieds n’y danseront pas
des joutes d’ailes et de becs
embraseront l’étendard
des écorces fiévreuses
dans l’extrême nord de l’allégresse
nous labourerons des champs de glace
en prévision de ces stupeurs
que lèvent les étés sous nos fourches
les duvets d’argents étrilleront nos pas
et les souvenirs de cavalcades
mutismes d’un ébrouement des chairs
crieront voyages sur nos fronts
alors,
il restera à esquisser
le trajet des yeux vers la voûte
confidence de tourbe à vertige
et de nos paumes en offertoire
pétrir le franchissement du large
[....]