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Karl Létourneau

(lac de Matapédia, Québec)
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les mêmes éléments, il me semble
l'automne se rassure
le trottoir, le bus, les souliers
ce temps volatile en-travers
un presque oublié en chasse de toujours
je savais pour longtemps le tarabiscotage
éternel
le feu mourant
sous cet effet lourd et conditionné
les gestes, du bleu vers le mauve
un mauvais rangement des saisons
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tout l'amour en vrac
trempé dans la chaleur des êtres
comblé
pourtant au creux des sens
une mystérieuse pluie
une chute pressentie
en rumeur certaine
je rumine doucement des heures à venir
seul entouré seul
fenêtre donnant sur l'interne
la soif oubliée dans le lac
tu t'étires mais tu ne vois pas
que le signe premier
accoutumé de résistance
le faux pli de l'oeil
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ma lune est à sauver une rangée de bleu sur fil de
ciel une extrême envie de croquer dans le fruit vif au
présentoir pointé sur mire ultime je vis parfois comme
on rôde plein centre dans matière grise coupant les
mots inutiles a fortiori la randonnée se veut houle de
rêves paraboliquement destinée sauvage à outrance
presqu'un drame un délire sûr en tout cas les
éboulements prennent refuge au son des siècles trop lourds quelque étoile s'excite dans la nuée vague de
vol de vie poésie folle en course de s'y rendre en des lieux impassibles éternels et inventés tout ça prendra
sens quelque part en tombant au cercle de l'oeil
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Je t’écrirai un roman, promis
avec tout ce qu’il y a de trop dans ma vie
des poésies désuètes
des rangées de néants planants
je prendrai encore l’autobus
cette fois j’écrirai tout:
le métal et la chair
le quotidien circulant
et je te donnerai les yeux des autres
un pauvre homme tout seul oui
et son plus rien d’autre à donner
la chaise berçante toute seule
un coin de mon foyer parti
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longuement toujours
la source tire à sa fin
depuis le temps où on la force
à nous égoutter l'impossible
fouettée à sang
longtemps les mêmes mots
longtemps vider son sac
obsédé d'usure
à la corde
reprendre sa cargaison
son trop-plein de sens
étendre le tout
dommages collatéraux
il pleut tellement souvent
que ce déluge est routinier
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je te l’avais dit
cela ne veut plus dire la même chose
quand la musique commence
comme une hypnose du coeur
un glissement vers les pleurs
presque
toutes ces affiches sont tristes
maintenant que l’accord chante
"je ne voudrais pas que tu meures"
je sais c’est idiot la vie
idiot autant que tout ce qui bat
au gré des douleurs
on te l’a dit
tu rentreras chez toi
éteindras ta lampe
et là tu seras vraiment seul
avec ton vertige
alité
faudra éteindre aussi la chanson
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on ne fait que courir
patients
à pas de ceci cela
à pas de mourir tantôt
on ne fait que ça
une cible intrinsèque
le rapport entre deux hasards
placés sur le seuil
objets possibles
nous croyons aux distances
notre trace de peut-être
une dernière chose:
l'illusion d'un oiseau
s'occupe du prochain pas
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