Le Salon de lecture

Découverte d'auteurs au hasard de nos rencontres

ACCUEIL

***

ARCHIVES SALON

 

SALON DE LECTURE

 

Printemps 2025

 

 

 

Gérard Leyzieux :

 

 

« Joindre les deux bouts de l’in-existence »

 

 

Poèmes inédits

 

(*)

 

 

©Jacques Grieu, Champs libres (octobre 2024)

 

 


 

 

Se glisser au glossaire et s’y engluer

Exaltation du déchaînement des mots

Dans la saison des émotions

Où le parcours suit sa voix à la lettre

 

***

 

Entre mer et air le silence m’a parlé

De sa voix muette il m’a appelé

Et de la terre mon corps s’est envolé

Jusqu’à consumer ce qui à elle le liait

 

***

 

Double qui se reflète

En ton être et ton devenir

S’écarte de ta vie odieuse

Le parfum de ton envie de disparaître

Double qui se répète

Souple droiture aux arrondis éphémères

Il bouge ce temps d’inconstance

Et enfile ses émois au plus près du vide

 

***

 

S’éprendre des heures emplies de vide

Se surprendre à caresser l’attente

Là, tout au début du parcours fléché

Jusqu’à la fin refermée des essais

Joindre les deux bouts de l’in-existence

En des mouvements à l’incertitude découverte

Où se prendre pour l’autre confine à l’extase

 

***

 

S’avance le silence vers l’assistance

Aucun geste ni mouvement de défiance

Les regards interdits gardent leur insistance

Aucune fuite face à l’inéluctable échéance

Même le souffle assouplit sa cadence

Pour saluer avec élégance l’arrivée de la partance

 

***

 

Parole nacrée sous un emballage de senteurs délicates

Corps enveloppé de nuées à la blancheur de lait

Et mots dissimulés sous les caresses de leurs lettres

Se nappe la langue des ornements d’un glaçage argenté

 

***

 

Des doigts fins et lointains

Chaque seconde arrête le geste

Pause sous l’œil qui court jusqu’à l’extrémité

Tremplin vers l’indestin à venir

 

***

 

Course légère du geste aérien

Dépôts agréablement saccadés du pinceau

Tu te réalises sous des doigts ajourés

Au fil de regards impressionnants

Traces de vie, fleurs en éclosion

Le passage s’effectue dans l’émotion

Rien y devient un plein

Et délié affiche la finesse de sa courbe

Jet, reprise, coup d’œil et de crayon

Te décrire de formes aux couleurs de saison

Pendant que continue à s’exécuter ta révélation

 

***

 

Avec le coucher du soleil sur la peau

Une douce brise marine t’enrobe de volupté

Souplement tu soupèses tes soucis

Et les pousses à s’écouler vers l’oubli

Pendant que sous la musique du silence tu soulèves la nature de ton avenir

Offrant alors à tes mouvements toutes formes d’évasion

 

***

 

Négligemment étendu(e) à attendre l’à-venir

Feuilleter le livre des paysages ambiants

Voir s’écrire les jours et les nuits

Suivre le sens de la parole diffuse

Les lettres sont brodées au fil des lignes

En admirer la danse à l’apparence dérisoire

Alors qu’elle dissimule l’horizon de ses caresses

Le va-et-vient des interrogations restant sans réponse

Soudain tout s’interrompt sans aucune annonce

Pendant que la distance continue son existence

Dans l’indifférence absolue de son assistance

En déroulant sa géographie indépendamment de ce qui a trouvé son aboutissement

 

***

 

Ta vie se crie jusque dans le silence le plus intense

Mots émus de vivre, sang des lêttres

Naître dans le vide du verbe et s’en approprier l’espace

Danse ton futur au bout de tes doigts

Parcourt l’alentour la voix de ta chair

Ta vie s’écrie sous les assauts constants de l’impatience

Allers et venues, respiration de tout ton corps

Ta vie t’inscrit dans l’interstice de tes soupirs

Où s’écrit la minuscule page de ton existence

Tête dressée sens écartelés dans la nudité de tes journées

 

***

 

Au regard des reflets

Perce une envie d’envers aux éphémères effets

Envie de retour

Envie de re-vie

Le champ du vivre s’accompagne de son double

Et de ton corps immergé dans le mouvement

D’une vie d’envol et de lents ravissements

S’élève un soulèvement contrarié des sens

Alors que les flèches des yeux

S’élancent en direction de sublimes excursions

Vie du vivre

Vivre et revivre jusqu’à en survivre

Un long défilé d’heures à l’arrêt de l’espace

Le temps de se mirer à l’envie

 

***

 

Dans les interstices du silence

Dansent l’attente et l’hésitation

Le mouvement étend son cours dans la durée

Et sans heurt ni chœur la posture engage à l’entente

Entré sous les voies évanouies du vivre

Lors ton corps s’évade vers l’instantané du vide

Soumis au souffle d’insensibles courants aériens

 

***

 

Étirer ses mains à la source des instincts

Et espérer

S’asseoir sur le rebord du silence

Et écouter le souffle du vide

De tout interstice s’échappe l’attente

Allonger son corps par-dessus les ravins de la mémoire

Jusqu’à en oublier la souvenance

Lors de tout sourire ouvert

S’extériorise des ans la complice connivence

 

***

 

Souffle subtil d’instants fuyants

Il se faufile d’interstices en immensité

Déséquilibrant statues et monuments

Troublant maintien et sérénité

Bouffées d’impromptue vitalité venues d’horizons méconnus

Répétées et modulées à l’envoûtement

Elles élèvent l’inattendu au niveau du sublime

 

©Gérard Leyzieux

 

 

(*)

 

Une image contenant Visage humain, personne, habits, bibliothèque

Description générée automatiquement

 

Gérard Leyzieux écrit principalement de la poésie. Il publie ses textes dans des revues papier et électroniques. En outre, il a publié :

Aux éditions Stellamaris, les recueils de poésie Et la langue disparaît (2018), Gestuaire (2019), Et l’attente attend (2019), Tes mots dits et tu/s (2020), Décortiqué (2022) ainsi que les romans L’Européelle (2020), …à distance (2021), Basile le bienheureux (2022) et Basile n’est pas heureux (2023).

Aux éditions Tarmac il a publié les recueils de poésie Impression vide devant (2022), Passage (2023) et Tout en tremble (2024).

Aux éditions Z4, il a publié les recueils Qu’en flue l’incertitude… (2023) et Palindromes au carré (2024).

Aux éditions Encres vives (dirigées par Éric Chassefière) : Évasive valise (janvier 2025), un petit texte narratif.

« Étrangement avec Éric nous avons publié, à peu près à la même période, des recueils aux titres très proches : "Comme tremble le seuil" pour Éric (note de lecture dans ce dernier n° de Francopolis) et " Tout en tremble" pour moi. Nous avons échangé nos ouvrages et j'ai pu constater, effectivement, malgré une forme d'expression différente, des thématiques similaires. »

 

***

En accueillant Gérard Leyzieux au Salon de lecture de Francopolis, je ne peux que redire mon admiration pour son écriture, comme je l’ai fait à propos de son recueil Passages chroniqué au précédent numéro : « Le choix fait ci-dessous est donc presque aléatoire tant le recueil est tendu, pas de "parties molles", preuve s’il en faut que ce qui risque la consommation, la dégradation, le ternissement et donc finalement l’indifférence du regard se sont les matières, les choses, tous ces "mirages" que tant de poètes se font un devoir d’évoquer – jamais le vide, qu’aiguise, perce et traverse l’esprit… en abolissant l’espace et le temps, et remplaçant les choses, par le regard, le corps, par le verbe. » (Lecture-chronique, numéro d’hiver 2024).

 

À « Joindre les deux bouts de l’in-existence », quand « Il bouge ce temps d’inconstance » … « Pendant que continue à s’exécuter ta révélation », verser son « sang des lêttres / Naître dans le vide du verbe et s’en approprier l’espace » – voilà qui, « dans les interstices du silence », fait que « ton corps s’évade vers l’instantané du vide » :  alors, « Rien y devient un plein », le dit si bien le poète !

D.S.

 

 

 

Gérard Leyzieux

Francopolis printemps 2025

Recherche Dana Shishmanian

 

 

Accueil  ~  Comité Francopolis  ~  Sites Partenaires  ~  La charte  ~  Contacts

 

 

Créé le 1er mars 2002