Définir le silence
Comme l'écho infini
De la voix égarée dans les
mots...
Attendre l'impossible
océan...
Et redire ce poème incolore
Dans le bleu lagon des
mots...
***

Lumières. Fontaines d'échos du soleil... (FB, 9
déc. 2016)
A ce méridien
Pointe le matin
De ce monde mutin.
Poète et marin,
Il nous faudra penser
D'autres tropiques.
Il nous faudra baliser
La nouvelle année
Et écrire la supplique
De la Terre menacée.
Au nouveau monde
L'horizon sera la réplique
Souhaitée aux rêveurs
Obstinés de la Beauté...
***

Lyon, novembre 2016
Les nuages effeuillent
l'arbre ami...
Les tons d'automne défient
Ses flammes de marbre
dépoli.
Les bourgeons des ciels
fuient
De branche en branches.
Ainsi
Les saisons se reposent et
s'oublient.
Demain, qui sait, le nuage
sera saisi
Par l'incandescence de la
nuit...
Je regarde dans le dernier
puits :
Suis-je l'enfant trop tôt
parti
A la lueur du soleil
décalcomanie ?
***
Si la fleur est séchée
C'est pour dire combien
La mer a cherché son
parfum...
Et le cœur qui la trouva
Comprend le sens certain
Du bonheur entre nos
mains...
***
Les roches noires de l'île
Paroles et silences
fossiles...

***
Lune sans perdre le sillon
Des méridiens.
Lune témoin de cet horizon
En semailles de matins...

Marcher sans mer.
Donner aux vagues
Le vertige des algues.
Descendre au ciel
Dans le bleu des limbes...
***
Automne, feuille d'eau,
Fente de ciel en marigot.
L'air fait semblant
De comprendre la fuite de
l'ange
Dans l'angle oblique du
néant.
Je pose la tête sur
l'étrange
Sensation de me noyer
Dans un nuage effiloché...
Je me réveille dans le
soleil
Accroché à la racine des
treilles.
Je remonte enfin dans la
pensée
Oblique du poème inspiré.
La chute des mots est un
lieu
Dessiné pour compter les
cieux.
***

Feuilles de ce saignement
Que la saison entonne
En gouttes d'automne,
Il est temps de lâcher l'été
Et demeurer sans gravité
En saison qui étonne…
En saison qui étonne...
***
Je ne cherche pas l'apparat
Je ne cherche pas l'ombre,
Juste l'illusion du temps
qui sombre.
Pâle lueur sans horizon
Le soleil invente le trépas
En siècles sans décombres...
***
Le désert est approche de
Parole
L'aire du silence et des
murmures secrets
Le passant sait se rencontrer
ici, à l'envers
Ou à l'endroit des mirages
qui sèment l'absence...
Partir, c'est souvent
s'entendre
S'atteindre en l'autre que
le sable caresse...

Textes inédits et photos de l’auteur extraits de Facebook
(entre janvier 2016 et janvier 2017)
Khal Torabully
Une présentation complète – mais non remise à
jour, hélas, depuis 2009 – de cet écrivain, cinéaste et humaniste
d’exception, grand voyageur, grand brasseur de cultures et d’humanités
diverses, selon le concept de « coolitude »
qu’il a inventé – peut se consulter sur le site Île
en île ; elle est due à Véronique
Bragard. Il est difficile de la résumer ou même
de reproduire une liste aussi expurgée soit-elle des ouvrages (pour se
limiter à la poésie, on devrait citer près d’une vingtaine de recueils).
Pourtant, l’impression
qu’il reste méconnu persiste… et l’effort de fouiller sur Facebook pour en extraire des poèmes récents, inédits,
accompagnés de photos d’une même beauté, doit quand même s’associer à
quelques mots sur l’auteur. Mais rien de plus approprié, alors, que de lui
donner la parole… en citant quelques extraits d’une interview tout à fait
révélatrice qu’il a accordée en 2010 à la poétesse Patricia Laranco : La coolitude interview
de Khal TORABULLY par Patricia Laranco (5 juin 2010).
Alors, voilà pour l’homme
et l’œuvre, en général :
« Pardonnez-moi
ma franchise…L’exercice de présentation n’est pas celui que je préfère. Car
il est toujours difficile de parler de soi. Donc, ne m’en veuillez pas si
je schématise : j’ai vu le jour à Maurice, j’ai étudié et publié à
Lyon, en France, et j’ai navigué entre ces deux lieux et d’autres espaces,
d’autres imaginaires. La vie a tôt induit en moi le désir du déplacement,
et tôt aussi, la nécessité d’ancrer les diversités du monde dans ma
perception. J’ai écrit une vingtaine d’ouvrages dont un dictionnaire de
poche, égalitaire et poétique, de la francophonie, coécrit un essai sur la coolitude, une nouvelle approche de l’humanisme du
Divers, et écrit et réalisé des documentaires sur Malcolm de Chazal et La Mémoire maritime des arabes, parmi
d’autres. J’ai aussi coécrit un documentaire sur les indiens de Guadeloupe.
Je suis en train de mettre un roman sur l’établi. »
Et quant au
poète :
« Je suis un
héritier d’Iqbal et de Tagore aussi, tout comme j’ai été imprégné d’auteurs
européens, chinois et japonais. L’océan Indien, ne l’oublions pas est
l’océan de la première mondialisation. J’apprécie la tradition poétique
indienne, qui est une des plus vieilles au monde. (…)
« On
ne prend pas le virus de la poésie. C’est un « organe » qui est
en vous, au même titre que vos poumons, vos yeux ou votre cœur. J’ai
toujours eu cette conviction, depuis tout petit, car je vivais, sentais,
voyais les choses, le monde de façon particulière, de manière très
perceptible pour que très tôt on m’affuble du sobriquet de « Khalil
Gibran », ce poète libanais qui a écrit Le Prophète… En tout cas, les
lectures, les rencontres, la sensibilité, la réflexion, le statut de mon
père, trinidadien déraciné à Maurice, la diversité culturelle de cette
petite île, les langues, les coutumes, les religions, les métissages
culinaires… tout ce magma a déversé en mon être un torrent de signifiants
et de signifiés qui ont été ma sève d’humanité, me poussant à articuler des
mots en poèmes… »
Rappelons qu’il a lancé
l’appel à poèmes pour Haïti, en janvier 2010, appel qui a été à l’origine
de l’anthologie Poètes pour Haïti
publiée à l’Harmattan en 2011.
Salon
de lecture
Khal Torabully
recherche Dana Shishmanian
février2017
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