"Primavara
poetilor"editia 2006
Le Printemps des Poètes en Roumanie
(L’affiche du festival est réalisée
par Ion Atanasiu Delamare.)
Sous l’égide du «Printemps
des Poètes» en France, s’est
tenue la deuxième édition du festival "Primavara
poetilor", organisé par Linda
Maria Baros, Horia Gârbea, Dan Mircea Cipariu, l’Association
des Ecrivains de Bucarest, l’Union des Ecrivains de
Roumanie et l’Institut Culturel Français, ainsi
que par différentes personnalités du monde
culturel et littéraire, les centres culturels, les
maisons d’édition, les revues littéraires
et les bibliotèques dans 20 localités différentes
dans toute la Roumanie (Alexandria, Arad, Bacau, Brasov,
Braila, Bucarest, Cluj, Constanta, Craiova, Galati, Iasi,
Oradea, Oravita, Pitesti, Reghin, Rosiorii de Vede, Suceava,
Târgu Mures, Timisoara, Turnu Magurele).
Cette manifestation s'est déroulée pendant
la semaine du 6 au 11 mars, chaque jour célébrant
plusieurs évènements : lancements de livres,
rencontres avec les lecteurs, débats, tables rondes,
lectures et spectacles de poésie, en différents
lieux prestigieux à Bucarest: la rotonde du Musée
de la Littérature Roumaine, la salle des glaces de
l’Union des Ecrivains de Roumanie, le salon d’honneur
de l’Institut Culturel français, ainsi que
dans des lycées ou des bibliothèques dans
tout le pays.
Par ailleurs, le festival regroupait neuf
projets inédits sur tout le territoire :
- «5.000 de poeme oferite cititorilor
pe Calea Victoriei !» «5.000 poèmes offerts
aux lecteurs dans la Calea Victoriei !»
: 5 jeunes poètes offrent aux passants de la prestigieuse
artère bucarestoise, des cartes postales sur lesquelles
sont imprimés leurs poèmes.
- «De la Imagine la Litera / De l'Image
à la Lettre» : projet comprenant
les deux expositions «Urme de cuvinte
/ Traces de parole» et «Sa
scrii trupul / Ecrire le corps» qui
présentent des livres d’artistes résultant
de la collaboration de poètes avec un artiste plasticien
- «Poezie în apartament»
: quelques poètes invitent à leur domicile
des lecteurs assidus
- «Poeti din diaspora româneasca/
Poésie de la diaspora roumaine»
: Présentation de volumes d’auteurs roumains
vivant à l’étranger
- «Cuvinte despre poezia de azi/ quelques
mots sur la poésie d’aujourd’hui»
: débats littéraires dans des lycées
- «Lumea dinauntru, lumea din afara / le monde
vu du dedans, le monde vu du dehors» : un
groupe de cinq poètes fait des lectures et organise
un atelier littéraire dans un pénitencier
- «Poezia deasupra orasului ! Poésie
sur la ville !» Des poètes de
la ville d’Arad (Transylvanie) lancent des milliers
de poèmes sur leur ville.
De nombreux membres du site d’Agonia,
"www.poezie.ro
" dans sa version roumaine, ont participé à
plusieurs de ces projets dans le cadre de cette manifestation:
Le 06 mars à la bibliothèque "I.
G. Sbiera" de Suceava Angela
Furtuna ouvre le festival en inaugurant le lancement
de son livre "Îl vad pe Dumnezeu
si nu mor” («Je vois Dieu
sans mourir»)

Angela
Furtuna est née à Suceava, en Bucovine.
Elle est membre de l’Union des Ecrivains de Roumanie,
elle est présente dans plusieurs anthologies, elle
a publié plusieurs recueils :
"Prizonier in Ego" (1997)
Prix Spécial du jury du Festival National "George
Cosbuc"1997
"Metonimii de word - trotter"
1999- Editura Fundatiei "Constantin Brancusi"-Grand
prix du Festival National de Littérature "Tudor
Arghezi"
"Primul Kaddish" 2002-Editura
Dacia- Cluj
"Poemian Rhapsody" 2004-
Editura Axa-Botosani. Grand prix du Festival International
de Littérature Ad Visum, 2005.
et les deux derniers, regroupés dans un même
ouvrage :
"Elegiile Estului salbatic- Vietile mele
nesfinte" 2005 - Editura Axa - Botosani.
"Il vad pe Dumnezeu si nu mor - Alte vieti"
2005 - Editura Axa - Botosani.
Blog
d'Angela Furtuna
«Le lancement proprement dit du livre
était organisé en partenariat avec la bibliothèque
de Bucovine „I.G. Sbiera”qui a abrité
la rencontre entre l’auteur et son public dans la
salle des Arts.
Le livre a été présenté par
madame le professeur Maria Tudose, madame
la conférencière et docteur Sabina
Fînaru de l’université «Etienne
le Grand», et par le poète et publiciste
monsieur Serban
Axinte , assistant de recherche scientifique à
l’Institut de Recherche Philologique „Al.
Philippide”- Filiale de Iasi de l’Académie
Roumaine, secrétaire général de rédaction
de la revue «Le Temps», et directeur
pour Iasi du festival «Le Printemps des poètes»
De nombreux universitaires étaient
présents, des personnalités de la vie culturelle,
des professeurs, des étudiants, des amateurs de poésie
et admirateurs de l’auteur.
Dès le début, le livre s'inscrit dans le tragique
par un généreux avertissement plaçant
la poésie sous le signe de l’urgence morale
:
«Au XX siècle, notre Europe civilisée
a été le théâtre d’au moins
trois grands génocides : l’arménien,
tout au début du siècle où presque
1 500 000 personnes sont mortes, l’holocauste nazi
qui a exterminé 6 000 000 de juifs, mais aussi des
roms et autres âmes innocentes, tout comme le génocide
du goulag soviétique totalitaire et post-totalitaire,
qui s’est étendu aux autres pays de l’est,
plus spécialement ceux du centre –est, où
des centaines de millions de personnes ont trouvé
la mort ou continuent d’être supprimées.
Dans le cadre de ces évènements qui assassinent
notre civilisation, les femmes ont subi sans arrêt
des pressions discriminatoires et exterminatoires, dûes
au misogynisme dominant, même s‘il était
soigneusement maquillé, soit par des politiques d’eugénisme,
ou par des politiques d’euthanasie active ou passive.
Je dédie ce livre avant tout aux femmes victimes
de ces véritables malades de l’histoire, et
je pense surtout à toutes celles qui ont trouvé
la mort entre les griffes d’ idéologues alimentés
par l’intolérance et par les politiques totalitaires,
basées sur la dictature et la violation des libertés
humaines. Les victimes n’ont eu d’autre choix
que la mort ou le suicide, cherchant Dieu sans fin. Moi,
je choisis la vie, rêvant d’une Europe bien
plus humaine. Je ne veux plus que nous soyons complices,
au travers du silence ou de l’indifférence,
de la naissance d’un futur défunt. La poésie
est l’ arme que la dictature craint le plus. Elle
survit à tout massacre.
Aujourd’hui, d’autres formes d’intolérance
et d’extrêmisme nous submergent dans une vague
de violence et d’atrocité, toujours par la
porte ouverte aux discrimations mais également à
travers la complicité des témoins qui enfouissent
leurs souvenirs ou qui ont peur de prendre position. Moi,
je dis : NON. De qui avons-nous peur? Au fond, il n’y
a que nous, ici, maintenant, en ce moment, qui construisons
la civilisation européenne en tant que partie significative
d’un monde qui se doit d’être amical envers
chacun d’entre nous.
La poésie n’est pas une manière de fuir
la réalité, mais elle peut être une
des voies royales par lesquelles on peut avertir et anticiper
cette réalité. »
Angela Furtuna
(Traduction : Nicole Pottier)

***
Srebrenica
: ma fleur rouge
(vie numéro 201)

frère,
si j’inventais une fleur rouge
aux huit mille pétales
que l’on atteint au terme d’un pèlerinage
de trois jours
en traversant des bois ascensionnels
et d’impétueuses montagnes
et si je confondais de bonne foi
cette fleur rouge
avec l’axe vertical de la lumière
qui s’est faite absorber dans la mythologie des croisades,
mon frère,
et si je plantais cette fleur à l’écart
du monde
sur une promenade dans la culpabilité humaine
celle que l’on atteint par balles de regret,
frère inconsolé,
et si j’accompagnais ma fleur rouge-
rouge fleur parmi les fleurs-
au son des tambours qui mènent les anges à
l’échafaud
frère déraciné par des soleils défunts
et si j’habillais cette fleur rouge
d’un corps humain à l’origine divine
écrasant le poids de la solitude,
frère lointain,
et si j’inventais une fleur rouge
aux huit mille pétales rouges,
comme un lieu de culte
chez un Veilleur chagrin
je baptiserais alors ma fleur rouge –
rouge fleur parmi les fleurs, isolée
détachée des mers et des terres,
voyageuse par-delà les bois ascensionnels
et les impétueuses montagnes
du nom
non humain
inhumain
de Srebrenica
(traduction Nicole Pottier)
*
Les
filles de l’eau
Vie numéro 211

sois seule dans un placenta de vierge
qui te contraint pour que ta forme émerge de l’idée
ainsi me parle Dieu le Restaurateur
pendant que maman déterre les regards des morts
et broie la terre comme un moulin
aux versets de pierres tendrement parlantes
entrant et sortant du temps
quand isihia est une simple fresque
où de grandes et inconstantes eaux
dépeignent le murmure de la juive immortelle
je m’éteins paisiblement dans
la semence de la joie
peut-être tardivement, peut-être jamais
à la douane dont les signaux intérieurs se
retrouvent à l’extérieur
quand les rivières chevauchant l’échine
fantastique du ciel
me submergent tels des hommes pleins de sang
qui fondent l’îlot de leurs vanités sur
un rêve
sacrant d’un ricanement visage sculpté la marionnette
de la paix
attendant davantage d’enterrer dans
l’avant-garde
la vague nettoyant l’œil du Fils
du sommeil éveillé du non-enfermement
(Traduction: Nicole Pottier)
*****
Le 07 mars, au ArtJazz club de Bucarest,
a lieu la présentation de l’anthologie du site
www.poezie.ro (Agonia): "Ultima generatie,
primul val", Editura Muzeul Literaturii
Române, par messieurs Lucian Chisu,
historien, critique littéraire et directeur de «Editura
Muzeul Literaturii Române» et Radu
Herinean, propriétaire du site .


Lucian Chisu - Radu Herinean et
Linda Barros - Adriana Marilena Simionescu
(Photos :"Primavara
poetilor 2006")
Dix poètes se sont déplacés pour réciter
leurs propres poèmes ainsi que ceux des différents
auteurs composant cette anthologie, parmi eux, Adriana
Marilena Simionescu qui écrit en roumain et en
français :
Photo
avec nous
je fends la vie en deux moitiés
de pastèque
je te donne le rouge, le vert je le garde pour moi
semences noires, les mots ne tiennent plus dans les tranches
main dans la main nos séparations se parlent
à une intersection, des nuages racontent la tourelle
d`une église
qui partage les sommets en une croix avec la crête
des meules de foin
perdus dans le décor nous sourions, matures, sage
sourire
moi au nom du père toi au nom du fils
nous recueillons avec des fleurs de cuivre le crépuscule
dans le pan de l'habit
nous fixons par de gros clous les nids délaissés
par les cigognes
pour leur signaler le chemin du retour si elles reviennent
l'écorce du ciel se lézarde finement, fissurant
l'attente
je partage la vie en deux moitiés de couleur
je te donne le vert, le rouge je le garde pour moi
fleurissant dans ma chair le baiser du départ
*
Fotografie
cu noi
despic viata în doua jumatati de
pepene
rosul ti-l dau tie verdele îl opresc pentru mine
seminte negre cuvintele nu mai încap în felii
de mâna despartirile noastre stau de vorba
la o raspântie povestind nori turla unei biserici
împarte înaltul în cruce cu spinarile
capitelor de fân
pe fundal surâdem maturitatii zâmbet întelept
eu în numele tatalui tu în numele fiului
adunam înserarea în poala cu flori de arama
sa batem în piroane cuiburi parasite de berze
însemnându-le de întoarcere calea daca
vor reveni
coaja cerului se crapa subtire fisurând asteptari
desfacem viata în doua jumatati de culori
verdele ti-l dau tie rosul îl pastrez pentru mine
înflorindu-mi în carne sarutul tau la plecare
sa nu te uit

în "Ultima generatie, primul val",
Editura Muzeul Literaturii Române, 2005.
*
Le 08 mars, au lycée Dante
Alighieri de Bucarest, le programme se compose
d’une lecture de poèmes inédits par
les poètes :
– Mihai Galatanu
– Niculina
Oprea
– Daniel Vorona


Mihai Galatanu - Niculina Oprea
- Daniel Vorona
(Photos : "Primavara
poetilor 2006")
Et lancements de livres en présence
des auteurs et des mêmes poètes :
– Ioana Trica – «Altcineva»
(«Quelqu’un d’autre»),
Editura Muzeul Literaturii Românii, 2005 ; lecture
de poésie "romansa" contemporaine
– Miljurko Vukadinovic, «Ma
numesc Nichita» («je m’appelle
Nichita»), Editura Vinea, 2005
– Alexandra
Mihalcea – «Eva, ano domini 2005»,
Curtea Veche, 2006, dont le volume est présenté
par Niculina Oprea

Le quatrième de couverture est rédigée
en français par Georges Astalos:
"De nos jours, la bonne poésie se fait de
plus en plus rare. Heureusement, il existe encore des sensibilités
indomptables qui enrichissent la parole lyrique d'aujourd'hui.
L'un de ces poètes prodiges est Alexandra Mihalcea
dont les vers sont d'un envol sans pareil dans la jeune
poésie roumaine. En effet, Alexandra Mihalcea nous
chante et nous enchante de derrière son travesti
en Eve de "l'anno domini 2005". J'ai été
séduit dès ses premiers poèmes."
*
Adriana Marilena Simionescu nous
fait le récit, en français, de ces deux manifestations
auxquelles elle a assisté :
Comme les fleurs dans le jardin de Semiramide
Cette année le printemps est venu
avec les poètes ou peut-être que ce sont les
poètes qui sont venus avec le printemps. C`est la
deuxième édition du festival “Le
printemps des poètes “ en Roumanie,
festival qui grâce à la France se déroule
dans plusieurs dizaines de pays étrangers, cette
fois-ci sur le thème du “chant des
villes”. Je suis de Bucarest et je me sens
très heureuse d`y participer parce que la poésie
est un engagement pour aller vers l`autre, elle n`est pas
autre chose que la santé de cette vieille terre et
elle ne doit pas périr, sinon, où serait l`espoir
du monde? Quand le pouvoir pousse l`homme à l`arrogance,
la poésie lui rapelle la richesse et la simplicité
de l`esprit où le bonheur est la recherche de soi-même
. Elle a la force de nous amener à un état
d`harmonie, à un retour de l`équilibre qui
doit être le but de la vie comme une main tendue vers
la compréhension, la lumière et la paix. Quand
le pouvoir corrompt, la poésie purifie, elle soigne
les blessures avec le pinceau des mots dans un tableau où
les vers corrigent les défauts de la société
en estompant ou en fortifiant les couleurs. Il n`y a plus
de solitude là où est la poesie car la poésie
immortalise tout ce qu`il y a de meilleur dans l`univers
et comme disait Goethe:„ le véritable poète
a pour vocation d`accueillir en lui la splendeur du monde”.
Un soir de 7 mars 2006
Je marche, mes pensées gardent la
cadence de mes pas, je suis émue et troublée,
le centre de la ville me prend dans ses bras comme un vieil
ami, les arbres ne sont pas encore fleuris mais la vie frémit
sur le boulevard et à chaque coin de rue comme une
tendresse qui habille de ses vêtements éclairés
les paniers des fleuristes, c`est la fête, la fête
de la poésie.
Me voici devant l’Art Jazz Club, je descend l`escalier
avec l`impression que de tomber en enfer mais en levant
le regard je retrouve le paradis. C`est un petit endroit
propre et discret qui mêle agréablement les
éléments modernes à la bohême
d`autrefois. Je regarde les visages souriants des inconnus
mais en même temps je revois les yeux de mes amis,
leurs yeux qui éclatent de la joie de la rencontre,
comme un début d`aujourd`hui et une promesse du lendemain;
ils me donnent chaque fois la confiance et le pouvoir de
continuer le chemin où nous cherchons ensemble nos
aptitudes.
Le modérateur est Radu Herinean;
de sa voix claire à la prononciation impeccable,
il remplit l`espace avec ses phrases courtes mais très
bien ordonnées dans la logique de son discours qui
sait si bien provoquer la conversation et les échanges
d’ idées dans un réel dialogue de l`esprit
où il maîtrise le tourbillon des mots comme
un véritable pilote de formule 1 possède sa
voiture pour être toujours gagnant.
Linda Maria Baros, jeune, belle, intelligente,
d`une modestie sans égal à travers ce siècle
fou où les vraies valeurs de caractère et
de comportement sont souvent oubliées, nous rejoint
dans son coeur avec des mots simples mais d`une grande profondeur
dans la fluence de leurs sensibilité.
Lucian Chisu, n’est pas seulement
un homme très beau mais il a une grande tenue, et
c’est un gourmand en ce qui concerne l`art; il nous
fait l`honneur d`être près de nous et grâce
à lui je comprends de nouveau que la parole a été
donnée à l`homme pour s`extérioriser,
et non pas pour déguiser ses pensées.
Comme un oiseau aux plumes bien lissées, le microphone
est sur la scène, voici qu’arrive la présentation
de l`anthologie „Ultima generatie, primul
val” :
Florian
Silisteanu , imbattable dans son superbe récit…
Adrian
Firica ému comme je ne l`ai jamais vu mais très
fort dans son excellent exposé… Olga
Stefan qui a fait la preuve que la jeunesse n`attend
pas l`âge pour montrer le talent… Daniela
Luca apparemment fragile mais à la philosophie
et aux métaphores très bien faites derrière
la musicalité de ses vers... Diana
Iepure qui trouble toujours la salle avec la passion
qu`elle pose dans sa voix et dans le contenu de ses mots...
Florin
Halalau équilibré comme d`habitude dans
ses poèmes qui ont une construction impeccable...
la charmante Ioana
Bogdan qui garde une force inépuisable dans la
sensibilité de ses poèmes... Paul
Bogdan qui nous donne, et nous redonne chaque fois le
plaisir et le pouvoir de la poésie dans ses paroles
fermes et bien raffinées grâce au timbre de
sa voix... Marius
Marian Solea un miracle qui touche la vie entre la réalité
et le rêve en cherchant l`état de grâce
comme un espoir vers l`éternité... et moi,
Amadriada
.
Autour de nous: jolie et rêveuse Monica Manolachi,
Dragos avec son humur que je connais bien, son appareil
photo et sa copine, Gelu Bogdan Marin un nouveau talent
découvert sur notre site, Anahid qui passe doucement
de l`enfance à l`adolescence, la fille de Ioana et
Paul Bogdan, et Andreia la chérie de Radu qui n`écrit
pas sur „agonia”
et que j`admire beaucoup pour le courage et la compréhension
de rester toujours près de nous, amie fidèle
de la poésie et de nos sentiments.
Dans mon âme se trouvent tous ceux qui sont à
travers notre pays ou à l’étranger,
tous mes amis ou mes critiques sur „poesie.ro”,
tous ceux qui sont déjà des écrivains
reconnus pour leur travail et pour leur talent, tous ceux
qui font leurs premiers pas dans le jardin si riche de la
poésie. Je vous remercie, grâce à vous
j`ai grandi encore un peu.
Je reviens chez moi et dans le silence de ma chambre je
me demande si tout ce qui s`est passé n`est pas qu’
un rêve. Je suis fatiguée mais le coeur plein
et je me répète à nouveau, pour la
énième fois, que si un plus grand nombre d`entre
nous préférait la gaieté, la musique
et la poésie aux entassements d`or, le monde serait
plus rempli de joie. Sous mes paupières la nuit tombe
tranquille dans sa douce sérénité et
le ciel brise la poudre des étoiles avec le sommeil.
Demain, un autre jour nous attend.

(Photo :"Primavara
poetilor 2006")

Nota : C’est
Olga Stefan qui remporte le Prix
de Poésie du festival
“Primavara poetilor / Printemps
des Poètes » 2006.
(Photo :"Primavara
poetilor 2006")
Un matin de 8 mars 2006
Parmi les rideaux de nuages le matin se
réveille, agile, accrochant à ma fenêtre
un rayon de soleil. Vite, vite je bois mon café et
je pars vers une autre rencontre, le "Printemps
des Poètes" continue. La ville m`entoure
de son bourdonnement frais comme un oiseau sorti qui s’apprête
au vol ; elle chante, elle chante la vie, avec le ding-dong
des trams dans le quartier Titan sur le pont. Je marche
et mes pas ne gardent plus la cadence de mes pensées
qui vont devant moi tout comme les rues débordent
l`une dans l`autre et comme les saisons se succèdent,
sans soucis qui piaillent pressés par la coque du
temps, chaque fois avec la même fraîcheur.
Ma copine Lex m`a invitée à être auprès
d`elle lors la présentation de son premier volume
de vers. Je suis heureuse comme un enfant qui a reçu
le cadeau dont il languissait depuis longtemps, non seulement
parce qu`elle a réussi à transformer son rêve
en réalité, mais aussi parce que tout ça
se déroule dans le cadre du festival « le
Printemps des Poètes» et …plus
exactement… où ?!...
Au Lycée Dante Alighieri !
Je suis étonnée. Sans que rien ne soit ni
préparé ou connu d’avance, je suis invitée
à franchir à nouveau le seuil de l`école
où j`ai été élève. Simplement,
à cette époque-là, il s’agissait
du Lycée 39 et moi j’étais une adolescente
avec des petites couettes et un numéro de matricule.
Je refais le chemin avec joie et avec la même désinvolture
sur laquelle les années ne sont pas passées,
de même que le temps me donne l`impression de s`être
arrêté derrière moi au bord du lac -
où mon lycée se trouve toujours- lorsque je
faisais mon noeud de cravate avec les bourgeons du matin
et l`étreinte du garçon qui a volé
mon premier baiser. Ah, non, non, il ne faut pas commencer
avec les souvenirs qui affluent car je ne finirai jamais
cette page et puis je ne suis plus Adriana, je suis simplement
Ama comme mes collègues de Cénacle m`appellent.
Je suis bien comme ça. J`embrasse Lex et sa mère
puis nous entrons. Tout est si fort, tout est d’une
limpidité sans défauts comme mes premiers
jours de classes et si je ferme une seule seconde les yeux,
je peux toucher le catalogue, la craie et la revue littéraire
de ce temps-là où j`ai publié pour
la première fois, je peux même aussi ressentir
le doux parfum des classes de langue roumaine et de philosophie
en même temps que ma peur pour celle de mathématiques.
La rencontre commence avec Niculina Oprea
qui présente le livre de Alexandra Mihalcea
«Eva, ano domini 2005». Je bois ses
mots et je suis de nouveau heureuse et touchée quand
un poète et critique littéraire de sa taille
fait glisser la balance des mots en appréciant le
talent de ma copine pour la poésie moderne et simple,
écrite dans un langage bien explicite et pas sophistiqué,
une poésie directe sans colifichets, une poésie
bien faite qui surprend et qui arrive non seulement jusqu’au
cœur d`un lecteur avisé ou pas, mais aussi jusqu’au
connaisseur de lettres. D`une courtoisie et une générosite
qui lui sont caractéristiques comme porter chaussure
à son pied, Niculina Oprea fait preuve d’une
présence agréable du meilleur aloi, tant comme
membre de l`Union des Ecrivains, que comme femme en pleine
réconciliation avec elle-même et tout ce qui
l`entoure, en lisant quelques-uns de ses poèmes inédits
d`un charme et une élégance tout particuliers,
pareille aux reines et aux troubadours d`autrefois. Elle
me surprend, cette femme, avec sa douceur mélangée
d`exigence.
C`est au tour d’Alexandra et des poèmes de
son livre. Cette fille que j`appelle « Lex »,
est mince comme un roseau pensant, a la voix fragile d`un
petit ruisseau et - grâce à Dieu, cette fois-ci,
elle n`est pas pressée - elle lit en ayant une cursivité
presque parfaite. Je me demande combien de fois elle m`a
dit que la poésie ne se récite pas, qu`elle
s`écrit, et que le poète, après qu`il
ait posé le point sur la feuille de papier, n`a plus
le droit de rien ajouter ni pour s`expliquer, ni pour faire
un éloge, ni pour se juger avec ses propres armes.
Miljurko Vukadinovic est un homme sympathique
aux cheveux grisonnants, qui, même étranger,
reste amoureux de la Roumanie et attaché à
ses valeurs spirituelles. Il parle la langue roumaine ausssi
bien que tous les gens qui sont nés et vivent ici,
et il vient nous lire ses dialogues avec Nichita. Il fait
cela de manière si passionnée et impliquée
que je ne trouve plus mes mots. Les murs de la salle se
chargent de vibrations et je me convaincs à nouveau
qu’être écrivain ce n`est pas un métier,
une profession, mais une vocation, un don.
Ioana Trica a plutôt l`air d`un petit
peintre, telle qu`elle rit de ses yeux ronds dessous sa
casquette de gamine avec les vers de son livre “Altcineva”
puis elle nous présente une traduction de la langue-
romansa- en aportant tout près de nous les petits
bijous littéraires de celle que fut Luisa Famos et
je comprends que la poésie reste toujours le plus
court chemin d'une sensibilité à l`autre.
Daniel Vorona est celui qui vit sa poésie
dans toute sa simplicité, comme s`il buvait un verre
d`eau quand il a soif. Lui aussi nous fait le plaisir de
la lecture. Il a une allure si jeune qu`il est possible
de faire la confusion avec un élève qui a
sauté des classes. Sa poésie est d`une transparence
plaisante dans sa chasteté, d`un style qui n`est
pas suffoqué par les lourdes techniques littéraires
qui font souvent plus de mal que de bien.
Et maintenant mesdames et messieurs „les jeux sont
faits, rien ne va plus’ c`est le tour de Mihai
Galatanu. J`ai honte de dire que c`est la première
fois que j`entends son nom. Ecrivain, journaliste et professeur,
Mihai croque la vie à grands morceaux et quand on
l’écoute réciter ses magnifiques poèmes,
on se sent capable de bouger les montagnes de leur place
ou simplement de soulever un enfant sur ses épaules
pour voir plus loin. Très grand est l`impact avec
le poète, l`orateur et l`homme. Je pense que quel
que soit le domaine qu’il embrasse, il ne peut qu’être
parmi les gagneurs. Une poésie scintillante, une
poésie forte qui choque par son expression, une poésie
des idées et des métaphores en même
temps, une poésie qui sacralise le verbe en posant
la divinité à sa place, une poésie
succulente, une poésie contemplative qui possède
enfouie dans ses fibres les plus secrètes la vocation
de la douleur mais aussi celle de la joie. Mihai Galatanu
est le sel et le poivre de ce jour, celui qui nous montre
qu`on ne peut trouver de poésie nulle part quand
on ne porte pas en soi cette poésie dont Aristote
disait qu`elle est quelque chose de plus philosophique et
de plus plus grande importance que l'histoire.
Comme les fleurs dans le jardin de Semiramide, le «Printemps
des Poètes» a éclos et si vous
voulez connaître le mécanisme de la pensée
ou ses effets, lisez les poètes, si vous voulez connaître
la morale et la vie, lisez les poètes et ce que vous
trouvez là, approfondissez-le, ne jetez jamais les
rêves à la poubelle !
Adriana Marilena Simionescu.


au lycée Dante Alighieri - Miljurko Vukadinovic
(photos : "Primavara
poetilor 2006")
***
Le 9 mars au lycée de musique
George Enescu de Bucarest, se déroule le
projet «Poètes de la diaspora roumaine».
Nombreux sont les auteurs vivant en Allemagne.
Le poète Gheorghe Istrate présente
le volume :
– Radu Barbulescu, «Elegiile
unui pierde-vara/Elegien eines Lebensverschwenders»,
Galateea Verlag, Germania, 2005
La poétesse Niculina Oprea présente
les livres de :
– Sorin Anca, «Nirosa,
un anume fel» Editura Galateea, Germania, 2005
– Liviu Mircea, «Evadare
din propria mea umbra», editura Aula, 2005
Monsieur Radu Voinescu, critique littéraire,
présente les volumes de poèmes :
de Daniel Renon – «Literando»,
«Dresorii de umbre», Editura Anamarol,
2005
et Luminita
Suse – «Duminica Inimii»
editura Limes, Cluj- Napoca, 2006, qui vit à Ottawa,
au Canada.
Suit un micro récital exécuté par les
élèves du lycée, et organisé
par leurs professeurs, monsieur Vasile Dinu et madame Eugenia
Petrescu.


Luminita Suse - Radu Voinescu (photo :
"Primavara
poetilor 2006")
Le livre «Duminica Inimii» ("Le
dimanche du coeur") est présenté
le même jour à Cluj (Transylvanie) au siège
de l'Union des Ecrivains de Roumanie, par Mircea PETEAN,
et Adina
UNGUR, auteur de la préface.

Luminita
Suse est née à Bucarest, après
avoir terminé ses études en mathématiques
– section informatique et avoir été
admise en doctorat, elle a travaillé à l’Institut
Polytechnique de Bucarest comme assistante universitaire.
En 1995, elle émigre au Canada, où elle exerce
en tant qu’ingénieur software. Elle est installée
à Ottawa.
Elle est membre de l’Union des Ecrivains de Roumanie,
elle est également membre de l’Académie
Roumano-Américaine. Son activité littéraire
est dense : elle a participé à des cénacles
littéraires en Roumanie, elle collabore à
de nombreux sites littéraires, dont www.poezie.ro
(Agonia dans sa version roumaine) mais elle intervient également
sur la version anglaise du site, elle est publiée
dans plusieurs anthologies, ainsi que dans de nombreuses
revues, comme «Atheneum » (Vancouver,
Canada) où elle est rédactrice depuis 2004.
Elle a publié trois recueils de poèmes :
“Anotimpul licuricilor” - 2001,
“Sacrificiul mirarii” –
2002,
"Geometrii singulare" –
2003 aux éditions ProTransilvania, Bucuresti.
Site
web de Luminita Suse
Son dernier volume «Duminica
inimii» («Le dimanche du cœur»),
Editura Limes, Cluj-Napoca, vient tout juste de paraître,
en ce mois de mars, pour ce «Printemps des
Poètes», il est unanimement salué
sur le site. Pour conclure voici deux poèmes inédits
avec leurs traductions en français, poèmes
qui nous viennent d’un autre continent, chargés
sans aucun doute de nostalgie, mais bien enracinés
dans cette belle langue roumaine poétique.
Iarna din priviri
nepregatiti de iarna
sunt ochii
vin primii colindatori
printre troiene
chiuind
potop de luminatori
aproape rotunzi
inunda spatiul din retine
cu muguri lichizi
miei curg pe obraz
sub ghilotina
de argint
pleoapa de nea
peste imperii fierbinti
|
L’hiver du regard
les yeux
ne sont pas préparés à l’hiver
les chanteurs de Noëls viennent
à travers les amoncellements neigeux
en poussant des cris joyeux
un déluge de lueurs
presque arrondies
envahit l’espace rétinien
de ses bourgeons liquides
agneaux coulant sur la joue
sous la guillotine
d’argent
Paupière enneigée
sur de brûlants empires
|
Ritm de iarna
Când clipele sunt numarate
orice zi deasupra pamântului
devine zi revendicativa
Cu ramuri scheletice ridicate
în rugaciune maladiva
arborii sângelui
cer întruna
cer
sa se faca verde dreptate
pentru ciresele otelite în ger
si sâmburii de sare
din ele
Acum mai mult ca oricând
inima bate ritm de iarna
nemotivat încoltind
în tineretea definitiva din gând
|
Rythme
d’hiver
Quand les instants sont comptés
chaque jour sur la terre
devient un jour revendicatif
de leurs rameaux squelettiques dressés
en une prière maladive
les arbres du sang
demandent sans cesse
demandent
que se fasse une verte justice
pour les cerises endurcies dans le gel
ainsi que
pour leurs noyaux de sel
Maintenant plus que jamais
le cœur bat au rythme de l’hiver
germant sans motif
dans la jeunesse définitive des pensées
|
(Traduction : Nicole Pottier)